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L’INFOLETTRE PUBLIQUE
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Des petites nouvelles de mi-saison de votre chroniqueur en vin ! Après les millésimes 2022, 2023 et 2024 très pluvieux et humides, voilà que 2025 en remet une couche. Sur les mois d’avril, mai, juin et si la tendance se maintient, juillet, on a reçu entre 50 à 100 % de plus de précipitation que la moyenne, sur chacun de ces mois. Ce que ça implique ? Très forte pression de maladie qui affecte directement soit les rendements ou bien la maturité du raisin (moins de feuilles en santé = moins de photosynthèse). En régie bio, il n’y a pas de solution magique : on traite souvent, dès qu’il est tombé 20mm depuis la dernière pulvérisation ou bien que le dernier traitement remonte à 7 jours. Cela dit, c’est très compliqué de pulvériser dans les jours qui suivent une pluie torrentielle puisque les sols gorgés d’eau nous empêchent de rentrer en tracteur. On attend et on fait une petite prière. Les traitements n’étant pas miraculeux, on effeuille la zone fruitière plus tôt qu’à l’habitude afin d’aérer cette zone névralgique. L’enjeu c’est qu’on doit le faire alors qu’on aurait normalement priorisé d’autres tâches. Je vous ai trouvé une belle petite photo évocatrice de ce que le mildiou fait lorsqu’il s’attaque aux grappes à la sortie de la floraison. Les baies recouvertes de mousse blanche ne se développeront jamais en raisin et risquent de contaminer le reste de la grappe avec une prochaine pluie ou même la rosée du matin.
Évidemment, les agriculteurs sont très bons pour sans cesse se plaindre. Ça ne change rien que j’adore mon métier et que je crois énormément en la qualité des vins du Québec. J’aime par contre utiliser ma tribune pour rappeler la quantité de travail qu’il y a derrière une bouteille. Il est assez rare de voir une région viticole recevoir autant de pluie.
À l'apéro
Des vins qui n'ont pas forcément besoin d'un repas
Sottise 2024 par Le Sot de l'Ange (23,45$)
Rosé. Quentin, ce passionné, mais dans le vrai sens du mot. Pars-le sur une question qui le tient à cœur (le bio, le nature, le futur premier centre du Canadien) et il se lancera dans une joute oratoire des heures durant. Il fait toujours des vins libres avec une grande précision, cherchant à faire des vins droits et vibrants. Ce rosé de grolleau de cinq-mars est fait en presse directe, élevage en inox, aucun ajout de sulfites et grossière filtration.
Masieri 2023 de la Biancara (51,25$/MAGNUM!)
Blanc. Maule, c'est toujours dans les grands coups de cœur nature en SAQ année après année, surtout pour le prix. 80 % garganega (si beau cépage) et 20 % trebbiano. Pressurage directe, 6 mois en inox, non filtré, non collé, 30 mg/l total de sulfites, donc....NATURE. Provient de sols volcaniques (donnent de si beaux vins). Selon les années, c'est parfois très grand public, parfois moins. En magnum, très pratique en décembre !
Grundstein Blauer Portugieser 2023 de Nibiru (26,45$)
Rouge. Josef Schenter vient d'une famille viticole et avec sa conjointe, Julia, allemande et du monde de la restauration, ils ont repris des parcelles familiales pour les convertir en bio. Leur premier millésime remonte à 2015 et ma fiche technique du Candide mentionne "ils ont deux chiens adorables". Merci Emily ! Ils travaillent sur 8 hectares et détiennent la certification biodynamique. Il y a généralement la moitié des raisins travaillés en grappes entières sur cette cuvée de blauer portugieser, suivi d'un élevage en barriques.
À Table!!! 2024 de Fabien Jouves (28,55$)
Rosé. Fabien Jouves travaille au domaine familial de 18,9 hectares qu'il a repris des mains de ses parents. Ça ne l'intéressait pas au début, il voulait plutôt devenir médecin, mais la vie a voulu qu'il revienne vers le vin. Il est situé à Trespoux-Rassiels, dans le Sud-Ouest. C'est un vigneron nature très respecté. Rosé foncé de malbec et de tannat. Le vin s'appelle à table et je l'ai mis dans apéro, quelle ironie !!
Davvero 2023 de Calalta (36,25$)
Orange. Jeune agence, À boire debout, qui se concentre sur les vins nature et dont l’un des associés est co-propriétaire du Casavant. Calalta est situé en Vénétie. C'est le projet de Nicola Brunetti et sa conjointe Giulia Zanesco qui ont repris tranquillement pas vite le domaine familial de Nicolas en 2013. Ils considèrent que ça a pris 4 ans réellement s’approprier le domaine. Ils étaient en conversion bio en 2018, mais comme cette cuvée n’est toujours pas certifiée, je me demande ce qu’il s’est passé de ce côté. C'est du riesling de macération (50 jours sur peaux) avec élevage en tonneaux durant 6 mois.
Les Pierres rouges Sylvaner 2023 du Domaine Léon Boesch (26,30$)
Blanc. Domaine biodynamique sur la commune de Westhalten. Cette cuvée vient de vignes plantées plein sud sur des sols de grès légèrement calcaires. Sylvaner élevé en foudre sur lies pendant environ 5-6 mois. C’est pas le vin avec le plus d’émotion, mais c’est assez grand public et plutôt polyvalent à table.
Effervescence
Des bulles, ça se boit à l'apéro, à table, en fin de soirée ou bien ça se met en cave
Encore rien cette semaine !
À table
Des vins qui s'apprécient davantage autour d'un plat
Bergerac Hirsute 2023 par Les Équilibristes (22$)
Rouge. Bergerac, situé dans le sud-ouest de la France. Comme les autres régions voisines, on y trouve quand même un passé pas si lointain où l'on produisait beaucoup et à bas prix et qui a fait très mal aux autres régions viticoles lorsque le réseau de chemin de fer a commencé à permettre le transport massif de vin. Arrivent alors des petits domaines, comme Les Équilibristes, qui visent à faire du qualitatif dans la région. C'est un projet collectif réunissant différents chums qui travaillent en biodynamie et produisent du vin nature. Ici, cuvée de cabernet franc en grappes entières et de 30 % merlot éraflé. Beau rouge d’été délicat et frais, parfait pour les grillades.
Saumur-Champigny Les Roches 2024 de Thierry Germain (29,35$)
Rouge. Thierry Germain a repris le domaine en 1992 et a entamé la conversion vers la biodynamie. Il considère que son père spirituel est Charly Foucault du grand domaine Clos Rougeard. J'aime beaucoup ses cabernets francs d'entrée de gamme. Court élevage en inox et en cuves de bois de 3-4 mois puis clairement un peu de temps en bouteille.
Navarra Naturaleza Salvaje 2022 d'Azul y Garanza (27,80$)
Rouge. La seule cuvée que j'ai goûtée de ce producteur est l'Altamente, à 14 $, qui m'avait agréablement surpris pour le prix (mais qui était meilleure le lendemain avec de l'ouverture). Domaine espagnol dans la région de Navarra et qui travaille en bio. 6 mois d'élevage en amphores, non filtré et non collé.
De grande occasion
Des bouteilles plus rares à boire maintenant ou à faire vieillir
Bourgogne Hautes-Côtes-de-Beaune Champs Perdrix 2021 du Domaine Devevey (71,25$)
Blanc. Jean-Yves Devevey a commencé en faisant du vin dans le garage derrière chez lui il y a une trentaine d'années. Aujourd'hui, il possède 8 hectares de vignes qu'il travaille en biodynamie. C'est devenu, avec le temps, un grand nom dans la Bourgogne peu interventionniste. Les vignes se trouvent sur un plateau de calcaire avec un sous-sol argileux. Il fait un élevage d'un an en fûts suivi de 4 mois en inox avant la mise en bouteille. Il travaille avec peu ou pas de soufre en vinification. Je m’ennuie de mon salaire de sommelier pour m’acheter de belles bouteilles comme ça !
À coucher
Des cuvées qui méritent un temps d'attente pour se dévoiler
Chardonnay Les Bruyères 2022 du Domaine Tissot (91$)
Blanc. Stéphane et Bénédicte sont à la tête du domaine familial fondé par le père de Stéphane, André. Lorsqu'il a repris le domaine de 50 hectares, une des premières choses que Stéphane a faites c'est de poser un ultimatum à son père : soit je convertis en bio ou je quitte. Cette parcelle de chardo est exposée plein sud sur des sols argileux avec trias, en Arbois. Long élevage en fûts de près de 24 mois. Grand vin, bon ami de la table très certainement (coucou raclette).