LiLiLi #1
Bonjour ! Bienvenue dans ce premier exemplaire de LiLiLi, exemplaire particulier puisqu'envoyé uniquement à moi-même. J'espère que ce sera le seul dans ce cas.
Chaque [intervalle temporel non défini], je partagerai quelques liens, livres, films, machins à voir, bidules à écouter, trucs à visiter, etc. Il y a vingt ans j'avais un blog (à l'époque où on hésitait entre blog, weblog et « joueb » (journal web, cherchez pas) et où on ne savait pas si blog se prononçait en une ou deux ( « bélogue ») syllabes) à la parution aléatoire et aux sujets variés, ces emails devraient en quelque sorte en constituer la suite. N'en attendez pas trop, ou en tout cas pas plus que quelques avis personnels, pas forcément construits, sur des choses lues/vues/écoutées/jouées récemment.
Il y a vingt ans, sous les posts de bélogues, on pouvait lâcher ses comz. Ici c'est moins public, mais n'hésitez pas à me répondre si vous trouvez que je raconte n'imp' ou si vous avez des bonnes choses à recommander.
J'espère que vous trouverez dans ce qui suit quelque chose qui vous plaira.
Des livres
Le Londres-Louxor, par Jakuta Alikavazovic
Une jeune femme, prête-nom d'un écrivain masqué, cherche sa sœur, son inverse. Un critique de livres abandonne la littérature. Un ancien cinéma à l'architecture néo-égyptienne, le Londres-Louxor, abrite la diaspora bosniaque, où tout le monde ment (quand c'est sérieux) ou joue la comédie (quand ça l'est moins). C'est une dérive à la fois lente et accélérée, avec un style mi-élliptique mi-exhaustif, à la fois sec et plein d'humour et de tendresse, rempli de parenthèses qui sont moins des digressions que des précisions, l'amour se cachant dans les détails.
Un extrait (que j'espère retaper sans coquille) du prologue, qui raconte les débuts du Londres-Louxor :
En 1974, la fiancée du projectionniste disparaît. La longue complainte du délaissé fait de la moindre séance une épreuve pour les nerfs et manque causer son renvoi. La même année, une jeune femme saisie dans le pinceau de lumière d'Aguirre, la colère de Dieu, perd momentanément la raison. Ses cheveux au sortir de la séance sont entièrement blancs et elle dit, d'une voix qui n'est pas la sienne, Tous mes cheveux blancs s'appellent Kinski.
En 1978, le cinéma devient pornographique. L'une des salles est rebaptisée Dame de Shanghai. Il faut pour y entrer disposer d'un mot de passe. Personne ne sait ce qui s'y joue : les rares témoignages tiennent de la forfanterie ou sont trop médiocres pour que l'on puisse y accorder quelque crédit (encore de l'opium).
En 1983, le Londres-Louxor est racheté par un promoteur yougoslave. Le cinéma est repeint et rénové. Il redevient généraliste. Lors des travaux, on retrouve, dans le faux plafond, le cadavre de la fiancée du projectionniste. (On parlera, sans doute abusivement, de la Momie du Louxor.)
Plus d'infos sur le site des Éditions de l'Olivier.
Conversation en Sicile, par Elio Vittorini (traduit de l'italien par Michel Arnaud)
Quinze ans après avoir quitté son village, un Sicilien âgé de trente ans décide pour l'anniversaire de sa mère d'y retourner. Conversation en Sicile raconte son voyage et son séjour, en mêlant réel et irréel, avec en toile de fond l'Italie fasciste de 1938. Ce qui m'a impressionné le plus dans ce petit bouquin, c'est le style, qui dès le début suit le flux de pensée du protagoniste, rendant fluide l'intégration des séquences oniriques. Vraiment l'impression d'avoir plongé dans un esprit pour quelques heures.
Plus d'infos sur le site de Gallimard.
Revenir à Naples, par Paco Ignacio Taibo II (traduit de l'espagnol par Sébastien Rutés)
C'est peu dire que j'adore les bouquins de Paco Ignacio Taibo II (je recommande particulièrement Ombre de l'ombre dans ses romans, et dans ses essais je viens de voir que l'Atinoir a réédité Irapuato, mon amour, dans une édition que j'espère un peu moins remplie de coquilles (j'avais emprunté la précédente à une bibliothèque de Montpellier, le bouquin s'était transformé en œuvre collaborative où chacun ajoutait ses corrections et ratures)), ça faisait longtemps qu'il n'avait plus publié de roman, Revenir à Naples est son retour, et en forme ! On retrouve une galerie de personnages étranges, un penchant pour sa propre mise en scène et toujours une lutte contre un système corrompu jusqu'à l'os. Ici, en 1900, un petit groupe d'anarchistes italiens fuit Naples et part se mettre à l'abri au Mexique. Pour n'avoir pas voulu faire partie de l'appareil répressif, ils le subiront eux-mêmes. Comme toujours avec Taibo II, on passe de la joie à la tragédie et inversement en permanence, presque d'un mot à l'autre.
Plus d'infos sur le site de Nada Éditions.
Des liens
Elles font l'abstraction, au Centre Pompidou
Super expo, hyper dense (je pense que j'y retournerai deux ou trois fois), sur les femmes qui ont fait de l'art abstrait aux XIXe et XXe siècles. Énormément d'œuvres (et des belles !), beaucoup d'explications, c'est très beau et très intéressant. Bonus : avec les jauges et l'obligation de réserver, les salles sont à moitié vide et c'est donc agréable à visiter.
Plus d'infos sur le site du Centre Pompidou.
À venir : Quartier du Livre, le festival du 5e arrondissement
Un festival littéraire dans le 5e à Paris, du 2 au 9 juin, avec balades, dédicaces (je conseille d'éviter la librairie éphémère le 5 juin de 15h à 18h), expos et même des ateliers d'écriture en bibliothèque.
Plus d'infos sur le site de Quartier du Livre.
À venir : La bibliothèque parlante, le festival de la BNF
Conférences, lectures et visite du jardin de la BNF, du 4 au 6 juin (attention la plupart des séances sont payantes).
Plus d'infos sur le site de la BNF.
À venir : MOT' pour mots, le festival du Monde
Même week-end que le festival de la BNF : le festival littéraire du Monde (et de l'Obs et Télérama, les initiales des trois journaux formant le « MOT » du titre, pffffff), à la Villette, les 5 et 6 juin. Ça a l'air chouette (et gratuit), je me suis inscrit pour la conf de Philippe Jaenada (je découvre au passage que son prochain bouquin est pour cet été) et celle de Chloé Delaume et Alice Zeniter (dont je recommande et plus encore autant L'art de perdre, formidable roman, que Je suis une fille sans histoire, super essai).
Plus d'infos sur le site de MOT pour Mots.
Le mot de la fin
Et c'est tout pour cette fois. Si ça vous plait, n'hésitez pas à forwarder, etc.
Portez-vous bien.
Sébastien