Pourquoi publier ?
OK c'est bien de faire des jeux, mais est-ce qu'on a vraiment besoin de les publier ?
Salut Milouch !
Ouais ouais, c’est pas mal cette idée de 1 livre, 1 exemplaire… mais je fais mieux, bim bim : 1 jeu, 0 exemplaires, tu peux pas test !!
C’est drôle parce que dans son infolettre de la semaine dernière, Buck 65 — tu sais, ce rappeur avec lequel j’ai saoûlé tout le monde des mois durant dans ma propre infolettre — parle de quelque chose de similaire, qui fait lui-même écho à une réflexion de Justin Pot dont je me suis moi-même fait l’écho. Ouais attends, c’est pas clair, je vais expliquer.
Voilà, en gros, ça pourrait se résumer à la question suivante (que tu poses aussi, en un sens, parce que je suis tout de même en train de te répondre, je te rassure) : « Quand je crée quelque chose, c’est pour qui ? C’est pourquoi ? ». Et bien sûr, tu vas me dire que tu crées des jeux pour toi d’abord ; en tout cas, beaucoup de gens le pensent, et j’en fais parfois partie. Mais, comme tu le dis bien, on a envie de montrer ce qu’on fait aux gens : on passe de la motivation intrinsèque à la motivation extrinsèque (hop ça y est, tu pourras caler ce discours en soirée) et donc se pose la question de la reproduction du jeu. Bon, parfois la question se pose pas, on sort le truc en version numérique et hop… Sauf que, on le sait bien1, un jeu qui vaut 1 euro sera plus lu qu’un jeu gratuit.
Du coup, on met le jeu en payant… et puis on réfléchit à le sortir en format imprimé, parce que c’est quand même mieux l’imprimé, on est d’accord ? Tu la vois la pente glissante ?
Eh oui, on se met à vendre des jeux, eh ben bravo. Ça y est, notre hobby est un business, dans lequel chaque jeu est imprimé à des centaines d’exemplaires ; adieu l’insouciance, les formats qui feraient s’arracher les cheveux à des imprimeurs, bonjour les déclarations à l’URSSAF !
J’ai pas de solution à ça, hein. Et d’ailleurs c’est pas en soi un problème ; ça le devient quand tu veux faire des jeux avec du texte à gratter comme chez la Française des jeux, ou sur du papier toilette, ou avec des filtres de couleur2. Parce que ça coûte beaucoup de sous, ou beaucoup de temps : c’est compliqué techniquement à reproduire.
Alors Que faire ?
Eh bien, pourquoi pas, parfois, faire des jeux juste pour le plaisir… et ne les montrer à personne ou presque ? Ou bien les publier, mais dans un coin, histoire de, sans en faire grande fanfare ? C’est ce qu’a fait Buck 65 avec sa trilogie (à présent quadrilogie) des Dirtbike, mais aussi avec son come back King of Drums que, à en croire sa légende — dont il est sain de douter — il ne comptait pas faire grand chose avant que son pote à qui il le faisait écouter le pousse à le sortir pour de vrai.
Ça me paraît pas mal comme approche et j’ai essayé de faire un peu ça, dernièrement. J’ai fait des petits jeux que j’ai publié sur ma page itch sans le crier sur les toits (quand même un message sur les réseaux sociaux parce que j’aime bien la dopamine… et sur mon serveur Discord aussi… et dans mon infolettre… Bon OK j’en ai un peu parlé). Et puis j’ai créé 36 jeux de 36 mots en moins de 36 semaines, pour tout un tas de raisons pas raisonnables, et si je les montre eux aussi au fil de l’eau sur mon serveur Discord, je suis à présent convaincu que l’idée d’en faire un recueil est mauvaise, que d’ailleurs certains de ces jeux sont pas très bons, mais peu importe, je suis très content de les avoir faits pour moi avant tout3.
Voilà, c’est la ligne que je m’efforce de tenir en ce moment : créer des trucs pour les afficher à la face du monde et gagner des millions avec, bien sûr, mais aussi assumer un peu plus les bizarreries qui n’ont pas forcément vocation à sortir du garage. Je comprends bien mieux, à présent, l’éthique d’un.e kF, pour qui publier ses jeux a toujours semblé une sorte de pensée après-coup : OK, parfois le truc est cool, mais est-ce qu’on a vraiment l’énergie de passer des heures à le mettre en page, l’illustrer, l’imprimer, le distribuer ? Est-ce que pour ce jeu-là, ça en vaut vraiment le coup ?
Bon, avec tout ça j’ai pas répondu à ton fantasme de moines (et nonnes) copistes du JdR et évidemment j’adore le concept ! Cela dit ça recoupe tout ce que je viens de dire : parce que l’exemplaire que tu auras personnalisé avec amour, qu’il s’agisse d’y dessiner des petits bonshommes ou de raturer les règles pour les remplacer par les tiennes, y aura que toi qui l’aura sous le coude. Peut-être même que tu joueras pas avec, tiens. Produire un exemplaire de quelque chose, parce que l’acte de produire est en soi un plaisir…
Voilà, tout ça est déjà un peu long, je te parlerai de mon amour retrouvé pour les puzzles en papier la prochaien fois !
-Le Jeu du Papier plié-
MAIS OUI DES JEUX DANS DES ŒUFS ! Ah pardon, c’était sans doute pas le but de ton papier plié de la semaine dernière, mais avoue que ce serait la classe. Je suis sûr que ce serait pas si impossible (y en a bien qui ont tenté avec des gaufrettes), mais on va se calmer avec les projets un peu trop fous, OK ?!
Non, à la place je vais te parler du washi, apparemment le papier le plus fin du monde, sur lequel je suis tombé au cours d’une recherche de tout à fait autre chose (ça impliquait du papier calque, mais je me garde cette histoire pour une autre fois). Non mais regarde, ça fait pas rêver ça ?
Je trouve ça fascinant que ce soit du papier conçu non par pour imprimer des trucs dessus mais comme matériel de renforcement d’autres surfaces, y compris des statues, non mais t’imagine ?? Le papier comme armure, il fallait y penser…
Bises, et à dans deux semaines !
Côme
D’après les études très sérieuses de l’institut Mon Cul Sur la Commode (en vrai il y a probablement une vraie source pour ça quelque part mais j’ai la flemme de la chercher). ↩
Tu t’en doutes, j’ai évidemment toutes ces idées folles en tête, et je compte bien les réaliser ! Pour l’une d’elles en tout cas c’est quasiment sûr… ↩
Ceci étant dit, je compte dans un futur proche réutiliser des idées jetées dans quelques-uns de ces jeux pour publier quelque chose de plus substantiel : on ne renie jamais tout à fait ses habitudes… ↩