Enquète de quète
Une lettre à chemins d'hivers et multiples
Cher Côme, je t’écris depuis mon bureau où la neige recouvre les rues et les maisons.
J’aime beaucoup ce que tu dis sur la figure du flic comme devenant un figure repoussoir qu’on ne veut plus jouer. Et évidemment, cela engraine sur la question subsidiaire. Mais qu’est ce qu’on pourrait bien jouer alors ? Ta proposition de jouer des journalistes me séduit pas mal1 ! Mais je voudrais creuser un peu plus en me posant cette question : qu’est ce qu’on joue en jdr (en terme de métier j’entends) ? Et la première réponse qu’il me vient c’est : On joue des aventurier⋅es

Et vraiment, je n’ai rien contre les gens qui aiment les récits d’aventure mais moi, ça m’interesse pas tant que ça. Enfin, pour être plus précise, ça m’interesse moins en comparaison de l’offre actuelle de jdr sur le sujet.
Si je regarde globalement ce que je lis (et cette année est un peu particulière parce que j’ai lu ce genre de truc :

l’aventure héroïque est une part assez mineure de mes lectures. La question se pose alors, comme l’action violente qui paraissait inévitable en jdr (jusqu’à l’arrivée de Bois Dormant), l’aventure est elle le socle indéboulonnable du jdr ?

Et bien oui et non…

J’ai l’impression et vous me corrigerez si je me trompe que d’un coté l’aventure héroïque est hégémonique dans nos représentation du jdr mais qu’elle n’est que bien peu présente dans la réalité des parties.
Dans la suite je ferais surement de grosses généralités et je vais aussi parler majoritairement de jdr avec MJ (ma grand expertise comme tu le sais)
En effet, si on pense jdr tradis, partie classique alors, nous vienne des inspirations de Seigneur des anneaux, de quète du graal…

Pourtant, j’ai l’impression (et la encore c’est mon ressenti personnel) qu’on joue très peu ce genre de chose au final.
J’ai souvenir que bien souvent les parties de Warhammer, de D&D… Que j’ai joués ressemblait plus à une espèce d’enquête à grosse ficeles pour nous balader d’un bout à l’autre de la carte plutôt qu’à une quête épique fondée sur le besoin impérieux de sauver le monde ou son âme (ou les deux). Pourquoi cet état de fait ? Et bien, j’imagine que mettre en oeuvre une aventure épique n’est en fait pas si évident que ça. Nottament parce que ça necessite d’user de procédés narratif mêlant le personnel au global, de mettre en oeuvre des concepts un peu abstrait comme le destin, la foi ou le devoir…
La où écrire une pseudo enquête permet d’user de ficelle plus simple à manipuler, de mettre en oeuvre un monde plus persistant (une quête épique ne va pas le foutre par terre par exemple…) bref, c’est peut être aussi un moyen simple de retirer de l’agentivité à ses joueuses quand on est MJ…
Je dois l’avouer, je ne connais que peu de jeu de quète héroïque bien faite et le meilleur pour moi étant un des tiens : https://comemartin.itch.io/the-flower-court-of-the-thorn-king

Je conclurais en revenant sur la question de où sont les flics dans nos histoires qui pour moi est très très bien abordée dans Moonlight on Roseville beach :

Parce qu’il y a jouer des flics et il y a y faire face…

Non mais cette histoire de dés et son contenu c’est beaucoup trop malin, j’adore !! Je sais pas exactement pourquoi mais ça me rappelle pas mal le travail de : diogo beneditti : https://www.magelis.org/createur/diogo-abisso-benedetti/
Aujourd’hui, je voudrais vous parler des incroyables reliure à couture apparente que réalise La Hormiga Roja !
Regardez moi cette beauté

Moi et mon grand ubris avons décidé un jour de faire un carnet comme ça (le Romanesca si vous voulez tout savoir) et bien je dois te dire que c’est super dur ! Le carnet existe, je m’en sert pour prendre mes notes de parties de jdr mais clairement, il n’est pas aussi bien soigné que ce qu’on peut voir ici !
Sur ce, je vous salue tout plein et comme la surement dis Florence Dixie, à dans deux semaines !!
En plus, je pense qu’on peut faire des choses très chouette en terme de game design autour de cette figure. De plus, il y a aussi la question assez intéressante de : “Est ce que le journaliste gagne à un moment ?” qui rejoint ce que tu évoquais sur aimer perdre. J’ai l’impression que les trajectoires d’histoire journalistique ne sont pas forcément ancrées dans le schéma : enquète → résolution → sanction. Notamment parce que ben les journalistes ne sont pas des acteurs de la justice. En plus, on peut faire un parallèle (peut être un peu acrobatique mais je tente la figure) entre la figure du/dela journaliste et de l’auteurice. Les deux utilisant de fait un support pour faire passer leurs idées. Et donc les mêmes questions peuvent se poser aux deux. Comment poser un sujet ? Comment rendre clair quelques choses…

“Eh dis moi Ernie, qu’est ce que tu pense de mettre un système de dégât localisé dans notre jeu onirique sur une caste de chevalier animaux ?” Je constate d’ailleurs qu’on parle souvent des livres comme références / comme inspiration pour l’écriture mais quasiment jamais de l’écriture faite par des journalistes. Pourtant, iels ont leurs plume aussi. Peut être qu’il faudrait que je lise plus de presse papier pour essayer d’appréhender ça. Je crois que je connais un peu tes gouts littéraire grâce à la compote mais je ne sais pas si tu lis des journaux papier. Ca m’intéresse ! ↩