En faire trop ?
Faisons le bilan d'un vénérable et de nous-mêmes.
Chère Milouch,
Je t’écris depuis la Normandie ; c’est mon ultime bout de vacances, deux jours pendant lesquels je suis censé préparer mes cours qui commencent la semaine prochaine, mais de toute évidence je préfère écrire des missives virtuelles et essayer de faire tourner Affinity sur ma nouvelle machine (c’est peine perdue pour le moment).
Alors, je dois dire ici que je ne suis pas tout à fait d’accord avec toi ! Pas pour dire que les couvertures des jeux détestés par Monte Cook sont laides, tout comme celles qu’il aime bien, mais sur ce que promet une couverture. Moi, ça ne me dérange pas du tout qu’on me montre une scène qui n’existera pas dans le récit, fut-il partagé, à la façon d’une bande-annonce de cinéma qui te montre une scène ultra cool qui finalement a été coupée au montage. Je ne vais pas jouer pour tâcher de retrouver cette scène mais pour tenter d’approcher son atmosphère, et si je suis tout de même d’accord avec toi pour dire que le tradi promet de la coolitude inatteignable, ça n’est pas toujours le cas :

Ce qui peut être intéressant, dans ce contexte, c’est de voir l’évolution de ce que promet un jeu, par exemple L’Appel de Cthulhu :





Je crois que L’Appel de Cthulhu peut se permettre ce genre de décalage immense entre ce qui est promis et ce que seront vraiment les parties parce que tous les rôlistes ou presque connaissent le jeu et savent à quoi s’attendre : pas de tromperie sur la marchandise possible quand tout le monde sait que ce qu’il y a sur le paquet de céréales n’est qu’une suggestion de présentation1…
Mais bon, je suis comme toi, je préfère les couvertures à vibe (alors même que nombre de mes propres jeux - mais pas tous - montrent plutôt des scènes fantasmées du jeu à l’intérieur). Tiens, par exemple :


Tiens sinon, à propos de prendre son temps, je n’ai pas évoqué les rythmes de publication ! Je repensais l’autre jour, je ne sais pas trop pourquoi2 aux bouquins d’Amélie Nothomb, et à sa production assez incroyable en termes de rythme puisqu’elle publie un bouquin par an depuis 1992, et dit en écrire 3 autres qui demeurent non publiés. Ça ne dit bien sûr rien de la qualité de tout ça, mais du coup ça m’a donné envie d’aller voir mes propres stats (ce qu’on ne ferait pas pour éviter de bosser !) : depuis 2020, j’ai publié en version imprimée 5 « gros » jeux (c’est-à-dire entre 50 et 100 pages A5, ne nous emballons pas) ainsi qu’un supplément (Autres Etés) et une trilogie de mini-JdR3. Et en élargissant un peu le scope, depuis septembre 2017, j’ai publié en version numérique 84 (!!) mini-JdR de taille fort variable (de 36 mots à 10 pages), soit 10 par an en moyenne. Et en plus de tout ça, il y a un certain nombre d’idées bien avancées dans les tuyaux… Bref, j’écris beaucoup4.

Là encore, ça ne veut pas dire que ce que je fais est particulièrement bien, mais cette graphomanie m’interroge d’autant plus après des discussions avec des gens souffrant de TDAH ce week-end : je serais pas un peu obsessionnel sur les bords ? Et est-ce qu’il ne faudrait pas que je prenne un peu plus mon temps ?
Sans faire de spoil sur ma vie future, je me connais assez pour pouvoir dire que ça risque de ne pas trop être le cas… Mais, ce qui est paradoxal, c’est que je me considère également comme un immense procrastinateur, ce qui fera bien rire les personnes qui me lisent et me connaissent mais je vous jure que c’est vrai !
Voilà, je ne sais pas trop que conclure de tout ça si ce n’est que prendre son temps et du recul est effectivement essentiel et que je ne le fais clairement pas assez…
°\~* LJDPP *~/°
Saperlipopette, comment tu veux que je fasse mieux qu’un livre en forme de double cœur ?! Quelle beauté absolue, et c’est effectivement un crime qu’aucun jeu de romance ne soit allé tâter de ce format-là… D’ailleurs c’est vraiment dommage que les formats numériques ne permettent pas réellement des choses sortant du carré ou du rectangle, mais c’est un autre sujet.
Et sans surprise, quand tu cherches des bouquins avec des formats inhabituels, qu’est-ce que tu trouves ? Bingo, des livres pour enfant ! Moi qui aurais voulu te soumettre un roman en forme d’escalier ou d’escargot, j’en suis réduit à te montrer ce livre pour enfant sur les policiers, preuve que nous vivons vraiment dans la pire réalité :

Je suis désolé de te laisser sur cette image d’horreur mais eh c’est pas moi, c’est la faute aux éditeurs !
La bise tout de même,
Côme
Une suggestion sacrément tenace quand on fait le compte des kilos de dynamite dépensés par des PJ pour occire des cultistes au kilo… ↩
En réalité, je sais pourquoi : à cause de ceci où l’écrivaine, pour laquelle je n’ai par ailleurs ni sympathie ni haine, se fait démonter de façon un peu gratuite. ↩
Je ne compte pas là-dedans L’Hôtel du Lion rouge, jeu sous formes de cartes, puisqu’il n’est pas officiellement publié à l’heure où j’écris ces lignes, même s’il devrait l’être avant 2026. ↩
Par égard pour la santé fragile de notre lectorat et parce qu’on n’est pas là pour flatter mon ego, je ne mentionne pas ici mes égarements littéraires. ↩