Des vieilleries au coin du bureau
Cher Côme,
Je t’écris depuis mon bureau. Et oui, s’en est fini des vacances, de l’insouciance du train et de ces petits moment de tranquillité ou tu ne sais plus vraiment si mardi vient après lundi et si un jour s’annoncera dimanche !
Les couvertures de Drive Thru que tu m’a envoyées m’ont fait penser à cet article de Monte Cook sur lequel je suis tombée par hasard en préparant des choses à dire pour une intervention.
Dans cet article des années 2000 (ce qui explique peut être son étrangeté à mes yeux) Monte Cook ralle contre ces éditeurs qui ont décidé de sacrifier ces couvertures de jdr illustrant des scènes qu’il aime tant au profit de couverture figurants de vieux livres en cuir.


Même si mes gouts en couverture ne sont assurément pas les mêmes que ceux de Monsieur Cook, j’avoue que je le rejoins un peu. La fausse couverture de vieux truc en cuir, ne me hyppant pas le moins du monde.
Bon après, il présente ce que lui aime bien et je dois dire que je trouve ça assez laid. Mais ça m’a amené plusieurs réflexions.

En effet, ce que dis M.C, c’est que ces couvertures qu’il aime tant, lui présentaient des scènes et donc ce qu’il allait pouvoir faire dans le jeu, et que pour lui, ça en faisait des couvertures intéressantes, avec des personnages intriguants. Je vais donc partir de ces constats pour dire deux trois trucs.
Déjà, où et quand dans quel partie tradie tu as pu jouer un truc aussi cool que ce que la couverture du jeu présentait ? Alors oui, c’est un shot un peu facile mais je crois qu’une de mes plus grandes désillusions avec le jdr et ce qui a fait que je n’ai quasi pas joué pendant tout mon lycée c’est qu’on m’avait promis des aventures épiques et que je me suis retrouvée à tuer des rats au fond d’une cave1. Et ce coté “aguicheur” de la couverture qui va survendre des éléments atteignables uniquement avec 3 classes de prestiges2 et 400 h de jeux dans les pattes, je trouve ça un peu problématique. D’autant plus que ce genre de bouquin participe aussi d’une vibe un peu nostalgique qui je le crains magnifie un peu des expériences de jeu qui à l’époque n’étaient pas si dingue que ça3.
Et deuxième point qu’il me parait intéressant de discuter c’est : Est ce qu’une couverture doit vraiment représenter ce que la partie sera ?
Dans les exemples dont nous discutions dans nos précédentes lettres, j’ai l’impression que certaines des couvertures qui me parlaient le plus étaient de celle qui posait une ambiance plus qu’une représentation d’une scène du bouquin. Dans la littérature, j’ai l’impression que c’est une pratique plutôt courante. De faire ressentir la vibe plutôt que d’illustrer un moment précis.

Cependant, il y a aussi ce genre de chose :

Qui représente j’en suis presque sûre, une quasi scène du bouquin mais de laquelle se dégage en même temps, une ambiance assez dingue. Du coup, que préférer ? Et bien je dirais que ça dépend (oui je m’engage énormément ce soir mais cette discussion est aussi l’excuse pour vous montrer des trucs stylés). Certains bouquins (plutôt ambiants à mon sens) marche bien avec des couvertures plutôt abstraite tandis que d’autres ont besoin de montrer des éléments de leur histoire. Et ça sera vraiment fonction du bouquins en tant que tel. Je ne suis pas sûre qu’on puisse dégager de grandes règles (après si vous en avez, ça m’intéresse) mais à mon sens c’est une des multiples questions à se poser lorsqu’on travail sur une couverture.
Et en jdr me direz-vous ?
Et bien la aussi, la coexistence des deux possibilités me plait beaucoup et marche bien dans les deux cas.
Avec d’un coté ce genre de banger qui montre clairement ce qui se passera dans la partie.

Et de l’autre ce petit bijou de simplicité graphique qui reste dans quelque chose de bien plus évocateur.

Tes réflexions sur la prise de temps et le recul nécessaire à l’écriture m’ont fait un peu réfléchir à la manière dont moi même je procédais. Alors, je ne marche pas dans mon salon (sauf quand je reçois un appel), mais j’ai une règle immuable concernant le fait de prendre son temps. Je laisse toujours passer au moins un jour entre le moment où j’estime avoir fini mon texte et le moment où je l’envoie effectivement. Je dors dessus en gros. C’est particulièrement vrai pour L’arrière Queer et pour cette infolettre (que j’écris donc un mardi comme si elle devait partir dans l’heure) qui sont des formats récurents avec des butés temporelle.
Je me suis imposée cette petite règle pour laisser les choses décanter et ne pas regretter d’avoir pressé “publier” trop vite. En plus, comme je fais une quantité de faux d’orthogirafes complétement hallucinantes, il me faut bien un certains temps pour les traquer (j’en laisse surement passer plein et sachez que j’en suis la première désolée). Pour l’instant, je crois que je n’ai quasiment jamais bafouée cette règle et j’espère ne pas avoir à le faire ! Mais je te rejoins dans tes réflexions, prendre son temps, c’est fondamental. Surtout quand on en a peu4.
\~* LJDPP *~/
La semaine dernière j’ai pu faire une très chouette partie de Mythic Bastionland. Et y jouer m’a fait penser à The Green Knight dans lequel il y a une incroyable reliure5 :

Oui, c’est un livre en forme de double cœur !! Alors oui, il n’a pas de rabat (il aurait presque pu) mais quelle beauté ! Quel maitrise ! Et pour mettre un tout petit peu essayé à la reliure artisanale, je n’ose imaginer comment la conception d’un tel truc doit être un enfer
Et pour quelques détails de plus, c’est un chansonnier du XVème siècle écrit par Jean de Montchenu. Et si vous voulez écouter ce que ça rend, c’est par ici :
Et pour une petite idée de quoi faire avec ça, je pense que ça serait l’écrin parfait pour un jeu de romance. D’autant plus si on peut séparer les deux cœurs (encore pire à faire en terme de fabrication).
En attendant de fourbir mon luth, je vous salue tout plein et comme l’a dis Geoffrey de Monmouth : A dans deux semaines !!
Milouch
PS : J’ai évidemment pris ma souscription à Exploraters design
Et je me suis faites avoir de la même façon quand on m’a promis des romances lesbiennes dans Warhammer ! ↩
Côme, toi qui a une bien plus longue expérience en jdr que moi, tu sais si on peut avoir plusieurs classes de prestiges ? ↩
No shade, mais si l’OSR a un tel succès c’est aussi parce qu’il y avait des choses à reprendre dans ces donjons. ↩
Petite ref à 57 rue de varenne saison 4 episode 2 où un personage raconte que ralentir quand on a pas le temps, c’est apparemment un mantra dans les ministères. Des lieux où l’on ne prend clairement pas toujours les bonnes décisions mais où on a une certaines expérience de la gestion du temps restreint. ↩
C'est assez rapide mais quand Gauvain et chez Bertilak, dame Bertilak a un livre comme celui-ci en main. ↩