La compote de Côme #254
Un camion, une diva et des messages téléphoniques.
Jeux de rôles

A Rider in the Night – OK, on peut difficilement faire plus court qu’un jeu qui tient sur un marque-page… Et c’est d’ailleurs loin d’être le premier ou le seul du genre que je découvre. Mais, comme avec les jeux solos, je trouve souvent que ces expérimentations sont un peu trop paresseuses ; pas A Rider in the Night, qui utilise intelligemment le livre dans lequel il ira s’insérer comme terrain de jeu, et fournisseur d’intrigue. Bien joué !

I Just Want To Enjoy My Peaceful Life In Another World But The Truck That Sent Me Here Has Developed A Thirst For My Blood - Difficile d’être déçu par un jeu avec un titre pareil, qui place la barre très haut ; heureusement, IJWTEMPLIAWBTTTSMHHDATFMB est un shitgame (comme on parle de shitpost) de haute volée, qui mélange de l’isekai et le film Duel de la plus belle manière, avec des mini-jeux pas très loin d’un Firebrands, tout ça pour 3 personnes. À ce stade, c’est presque de l’art...

Clicks & Hums & Sirens & The Sun – Voici un autre jeu avec un beau titre, qui se base étonnamment sur un chanson plutôt folk pour raconter une histoire d’amour qui se fait puis se défait dans une ambiance plutôt clubbing. Outre ces petites scènes d’amour et de désamour à explorer à deux, ce qui est déjà plutôt chouette, C&H&S&TS propose ensuite et surtout de les remixer, c’est-à-dire de les revisiter pour imaginer une autre issue à l’histoire… Un jeu de romance qui s’annonce donc très doux, malgré les BOUM BOUM des enceintes, ce qui explique peut-être son inspiration musicale !
Non-fiction

Vous ne détestez pas le lundi, vous détestez la domination au travail – Ça fait un moment qu’au boulot (le vrai ou l’alimentaire, selon comment on le considère, c’est-à-dire pas celui qui consiste à sortir un jeu de rôle par semaine) ce n’est pas la grande forme, et pourtant j’ai l’année scolaire la plus confortable de ma carrière depuis septembre. J’ai petit à petit identifié une grande partie du problème, à savoir mes chef.fes, et cet ouvrage tombe à point nommé pour donner forme et logique à mes colères et mes frustrations. Ce que propose Nicolas Framont, ce n’est pas de jeter le concept de travail par la fenêtre, mais de repenser celui de hiérarchie, en essayant de montrer ce qu’il a de dysfonctionnel et de problématique. Et je dois dire que quand je l’applique à un certain nombre de cas autour de moi, ça fait mouche… L’ouvrage est un peu pauvre en conseils, et peut-être un peu trop optimiste sur les solutions possibles, mais il a le mérite de s’attaquer frontalement à un sujet qui cause bien des souffrances professionnelles à trop de gens.
Spectacles

Castra Diva – Je n’y connais pas grand-chose en chant lyrique : je peux comprendre que c’est globalement beau et suis à peu près capable d’identifier quand quelqu’un chante bien, mais ça s’arrête là. OK, mais quand le spectacle qu’on va voir c’est à la fois du chant lyrique et du drag, ça change tout !! Car au-delà des numéros de chant effectivement de très haute tenue, il y a tout l’humour de Miss Badessa, sorte de Dalida du pauvre, accompagnée par un pianiste qui n’aurait pas tout à fait dépareillé aux côtés d’Oldelaf et Monsieur D… Franchement, drag et chant lyrique, c’est un mélange auquel je n’aurais pas cru, mais qui fonctionne du tonnerre !
Films

Riddle of Fire – C’est une sensation étrange que de voir en 2025 un film dont tout pourrait porter à croire qu’il a été tourné dans les années 70-80 puis enfoui sous la terre pendant de longues décennies. Pensé comme un film pour enfants où s’enchaînent les péripéties et les situations rocambolesques, dans lequel l’aventure naît de l’ennui profond d’une bande de gamins qui enchantent leur quotidien parce qu’il n’y a pas grand-chose d’autre à faire, Riddle of Fire souffre un peu de ce rythme par à-coups, et d’un jeu parfois approximatif des acteurs, mais sur le plan stylistique c’est un sans faute !

The Gentlemen – Je n’en attendais pas grand-chose, de ce film de Guy Ritchie dont on m’a dit du bien, ainsi que la série qui en est tirée : des histoires de gangsters avec des accents à couper au couteau, un sac de nœuds avec sans doute des trahisons et des répliques mordantes. J’ai eu tout ça, au sein d’une intrigue pas franchement mémorable mais très divertissante, à l’exception ou presque du dernier ingrédient : non mais franchement Guy, on en parle de ton problème avec les personnes d’origine asiatique ? C’est bien simple, certaines des blagues de ce film n’auraient même pas eu leur place dans le 3e opus d’OSS 117 tant elles puent le racisme à peine assumé… Et je ne parle même pas des deux scènes d’agression sexuelle, heureusement plus suggérées que montrées, mais qui ne sont franchement pas acceptables en 2019 (pas qu’elles le fussent avant, mais au moins Ritchie aurait eu l’excuse de « une autre époque »). Vraiment, quel dommage, car à part ça (bon allez, je rajoute sur la pile l’absence quasi-totale de personnages féminins) il y avait de quoi passer un bon moment avec ce film...
Musique

King Gizzard & the Lizard Wizard, Float Along – Fill Your Lungs / Oddments – Le problème, quand tu ouvres un album avec un titre inaugural qui balaye tout sur son passage, c’est d’assurer sur le reste. Et de fait, Head On/Pill, et son mélange de sitar et de rock psychédélique pendant 15 minutes, place une haute barre que le reste de l’album (à part son titre conclusif, et encore) a du mal à atteindre. On n’est pas encore dans la métamorphose sonique des prochains albums de KGLW ; ce n’est pas un hasard si plusieurs titres rappellent le côté garage/fuzz des albums précédents (ce qui n’en fait pas de mauvais titres, juste moins décoiffants) tandis que d’autres plongent dans le délire psyché, comme si le groupe se cherchait une direction. Le même genre d’éclectisme se retrouve sur Oddments, tentative avouée pour le groupe de faire table rase, avec une ode à l’affreuse Vegemite (et non la délicieuse Marmite), un titre aux accents presque soul, du surf rock, une petite balade acoustique… Bref, KGLW se cherche une identité sur ces deux albums, et si ça tape souvent très juste, il manquait encore une certaine cohérence au groupe.

VOICE ACTOR, Sent from my telephone – D’habitude, quand je fais ma petite chronique musicale, je tâche d’isoler quelques titres de l’album dont je parle. Difficile de faire de même avec Sent from my telephone, pourtant gros d’une centaine de pistes et dépassant les 4h30… C’est qu’au long de ces heures, on finit par se faire engloutir par ces mélodies aux allures de rivières souterraines, tournant parfois en boucle, parfois en petits rivelets, et portant toujours cette voix rarement plus haute qu’un chuchotement. Il n’y a pas vraiment de chansons à proprement parler, surtout des bouts de quotidien, des réflexions, des récits de rêve plaqués sur des mélodies pas moins oniriques, comme si Noa Kurzweil nous donnait réellement accès à son téléphone et à l’intime qu’il contient. Un monceau de fragments nocturnes qui m’ont bercé tout au long de cette semaine...
L’arrière-queer de Milouch

Architectures Lesbienne de Milena Charbit
De tout temps les hommes ont tapé sur des murs pour savoir si ils étaient porteurs et de tout temps, des gouines ont sorti des perceuses de leurs harnais.
Ce livre est une mine d'or sur les secondes.
Divisé en grande parties, il présente plein d'exemples d'architectures lesbiennes, de réflexions sur comment bâtir en tant que meuf quand le monde du BTP est rempli de mecs, comment concevoir des architectures adaptées à l'intime...
C'est beau, c'est dense, ça parle des terres lesbiennes (un jour je vous parlerai des terres lesbiennes), de chambres aux portes dérobées (une pure dinguerie) et de meufs qui montent des murs avec autonomie et fiertés !
Le mass et la plume

J’ai joué à Toy Battle. C’est un jeu d’affrontement 1 contre 1 qui n’est pas sans rappeler Clash Royale. Chaque joueur dispose d’une base (ou de plusieurs, selon la carte choisie) et doit placer des jouets représentant ses unités. Chacune possède une valeur de force et un pouvoir spécial.
C’est rapide, incisif, avec plusieurs façons de gagner. Un excellent jeu de duel — ce qui est d’ailleurs très à la mode en ce moment — sans prise de tête, mais avec suffisamment de tactique pour rester intéressant.
Si vous aimez les jeux en duel 1 vs 1, ce jeu est clairement fait pour vous. Je joue sur BGA, mais le matériel de la version physique semble très réussi. J’ai aussi l’impression que c’est un jeu accessible, idéal dès 10 ans environ.
Et toi

Cédric :
Lord of the Rings: Fate of the Fellowship
J'ai un aveu à faire : je trouve Pandemic surcoté. J'ai essayé plusieurs fois d'y jouer, c'était à chaque fois aussi plaisant qu'une séance de détartrage. Alors quand nous avons ouvert cette boîte et que j'ai compris que c'était une adaptation Pandemic du SdA, j'ai eu très peur. Surtout quand le propriétaire du jeu m'a dit « On n'a jamais réussi à gagner à ce jeu ». Résultat des courses : on a eu beaucoup de plaisir à reproduire le parcours de la Communauté sur le plateau. Le matos est chouette, la carte est couverte de noms mythiques qui font rêver, les Nazgûl sont omniprésents. On a eu du mal à communiquer entre nous car le choix des couleurs faisait en sorte que certaines joueuses voyaient du vert là où je voyais du jaune. Et au final, on a perdu dans la dernière ligne droite, en plein Mordor, car une pile de cartes était épuisée. Très frustrant. Et donc très conforme à mes expériences précédentes avec Pandemic.
Leviathan Wilds
Ce jeu de plateau fortement inspiré par le jeu vidéo Shadow of the Colossus nous met dans la peau de grimpeurs qui doivent escalader des monstres titanesques qui sont devenus fous à cause d'étranges cristaux qu'il convient de briser pour libérer la créature. C'est du coop, et c'est marrant comme tout de faire de la grimpette tout en évitant les attaques du titan furieux. Il faut s'entraider pour réussir, c'est très agréable à jouer. La boite de base propose 17 léviathans différents, avec des règles qui se complexifient au fur et à mesure. J'ai même vu une extension avec encore plus de colosses sur lesquels crapahuter. J'ai très envie de repartir en expédition, ce qui est bon signe.
Hot Streak
On entre là dans la catégorie des jeux légers qui nécessitent peu de jus de cerveau. Dans celui-là, on incarne des joueurs compulsifs qui vont parier sur les résultats de courses entre quatre mascottes. C'est chaotique, ridicule et très rigolo. Les mascottes se percutent, tombent à terre, changent de ligne, se trompent de sens... Le matos est très inspiré, les règles simples et les courses gentiment foutraques. Un jeu que je n’achèterai pour rien au monde, mais auquel je jouerai volontiers au prochain apéro.
Et toi, qu’as-tu compoté cette semaine ?
Par ailleurs :
— L’ami Félix me demandait tantôt où je dénichais les liens de cette rubrique, et je ne suis pas du genre à cacher mes coins à champignons… Ma source principale demeure celle-ci, et puis il y a aussi ceci de temps à autre, ainsi que cela. Et puis des fois 404 Media et la rubrique « Dans mon historique » de Lunatopia. Et puis, globalement, suivre des gens cool sur Mastodon.
— Je ne suis pas du genre à mettre des stickers partout sur mon ordinateur, mais j’avoue que tout ça me fait bien envie.
— Nous sommes bien peu de choses.
— Je ne manquerai jamais une occasion de rappeler que, parmi les mille maux qu’apportent les modèles de langage supposés intelligents, il y a l’exploitation en masse et de façon toujours plus déshumanisante de milliers de travailleur.euses.
— Va savoir pourquoi je pensais à l’émission japonaise Pythagora’s Switch, ses fabuleux génériques (recréés ici par un fan, on dirait bien) et sa non moins mythique marche algorithmique (avec des ninjas), mais je m’en serais voulu de ne pas partager tout ça.
— Un petit concert de Air en 2025, personnellement je ne dis pas non.
Des bises
et peut-être à dimanche prochain, en compagnie de Mitski.
Ajouter un commentaire: