La compote de Côme #253
Un train, un anniversaire et une illusion.
Jeux de rôles

Slow Train Home – Moi qui ai déjà traité le centre commercial, le métro, l’hôtel, je ne peux qu’être attiré par l’idée de faire un jeu de rôle se passant dans un train ! Slow Train Home ne prend pas la direction que je suivrais personnellement, mais son hommage à la Corée et aux lents voyages en contemplant le paysage est si sincère que je m’y suis laissé happer. Tu l’auras compris, il s’agit donc d’un jeu tout en rêveries et en sensations, quelque chose de plutôt chill en somme...

One Course Ultimate Murder Mystery Dinner – Grant Howitt n’allait certainement pas s’arrêter à 100 jeux, et le voici donc reparti pour un tour ! Et ce nouveau tour augure du bon puisque OCUMMD (bon appétit) ne fait pas une page mais trois et relève davantage de la murder party que du jeu de rôle. Il s’agira donc de se réunir autour d’une table pendant une trentaine de minutes et de cabotiner à fond à partir d’un rôle et (très bonne idée) d’une liste de choses à dire… Oui bon, il y a un meurtre aussi, mais c’est presque accessoire… Ça donne envie de tester en tout cas !

You Can Check Out Any Time You Like / Such A Lovely Place / Heaven or Hell – Maligne, cette pratique de sortir un supplément à un petit jeu indé qui me pousse à relire une fois de plus YCCOATYL, un des multiples jeux qui a été à l’origine de L’Hôtel du Lion rouge (oh mais quel est ce lien ? C’est rien, fais pas attention)… Il faut dire que c’est plutôt futé de sa part de reprendre la logique des jeux Firebrands en multipliant les petits jeux, et les situations qui en découlent, pour explorer un grand hôtel pas comme les autres, dans lequel ce sont avant tout les relations entre les personnages qui vont primer. Heaven or Hell, le dernier supplément en date, explore des variantes plus ou moins éloignées de la base du jeu et tente la transformation en jeu à campagne… Avec succès à mon avis !

OUblier JEudi et Pourrir – J’en ai déjà parlé par allusions à peine voilées, y compris la semaine dernière avec les Murs mûrs de l’ami Marc, mais Guillaume Jentey a vendu la mèche cette semaine ; il faut dire que c’était l’anniversaire d’un an de l’OuJePo. L’OuJePo, c’est ce petit collectif que j’ai cofondé avec Milouch et d’autres copaines, et qui se réunit régulièrement pour aller explorer les frontières de tout ce qui est ludique, à commencer par le jeu de rôle… Et si on n’a pas encore de site Internet, on a un bel exemple de ce dont on est capable avec ce jeu qui se plie sur lui-même comme les meilleurs dessins d’Al Jaffee et devient alternativement un texte poétique ou un jeu qui ne l’est pas moins, qui parle de mort et d’oubli, en se payant en plus le luxe d’utiliser le feu comme outil de jeu, ce qui est toujours une mécanique. Bref, l’OuJePo a un an, longue vie à lui !
Bande dessinée

La Fille dans l’écran – J’avais été intrigué par la chronique de Milouch sur cette bande dessinée et l’ai promptement sommé de me la mettre entre les mains pour savoir si c’était aussi chouette qu’elle le disait, et sans trop de surprise, c’est le cas ! Je ne vais pas revenir sur l’histoire, que j’ai tout de même trouvé un peu rapidement déroulée dans son dernier tiers (sans doute parce que j’aurais voulu passer plus de temps avec les personnages !) et mentionner juste ici que la bande dessinée est très habilement construite à quatre mains, chaque page étant alternativement dessinée par l’une ou l’autre des dessinatrices, sans compter des mélanges ponctuels. Ça m’a rappelé les rencontres graphiques de L’Ostie d’chat de Zviane et Iris ou, dans une moindre mesure, les fantastiques Chicou Chicou, références de qualité s’il en est !
Littérature

Je / Le Fond du désir – Il y a un an ou deux, un collègue prof de français débarque en déclamant des vers de Denis Vanier (oui, j’en ai des comme ça) : forcément, je suis intrigué. Il ne m’a jamais prêté ce recueil comme promis, mais ce n’est pas grave, j’ai fini par m’en procurer moi-même : le premier, Je, écrit à 15 ans, et un autre récupéré un peu au hasard, dans la pile de ce prolifique poète. J’ai beau être toujours aussi difficilement sensible à la poésie, j’y ai trouvé des considérations sur le corps, comme objet de désir ou comme chose qui pourrit (et parfois les deux à la fois), qui m’ont parlé, ainsi qu’un goût pour la langue à la fois finement aiguisée et trouble dans sa signification. Bref, une belle découverte que la poésie de Vanier, et il n’est pas impossible que je m’y replonge à terme...
Page de pub

Les Sœurs Forbannes – Parfois c’est rigolo les sentiers que prend une création. Par exemple, ce jeu-là, je l’ai écrit au printemps dernier, au milieu d’une frénésie me poussant à créer 36 jeux en 36 mots en quelques semaines. Je l’ai écrit spécifiquement pour Helkarava qui avait envie d’explorer ce format d’une feuille A4 qu’on plie et découpe pour que ça fasse un petit zine, format que j’avais déjà utilisé par ailleurs. Et puis le temps passe, l’ami Helka me livre de magnifiques illustrations, et je suis bien content… Mais ça ne s’arrête pas là puisque Valentin passe par là et me propose d’imprimer la chose. Comme je ne comptais rien faire de plus, de mon côté, avec ce jeu de meufs pirates qui sillonnent les 7 mers pour fuir et/ou botter le cul au patriarcat, j’ai dit « OK », et voilà où nous en sommes ! Ça ressemble pas à un super cadeau pour Noël, dis-donc ?
Série

Futurama saison 13 – J’avais été un peu déçu par la saison 12 de Futurama, qui semblait signaler que la série était désormais dans sa phase où elle sortait poussivement des épisodes bourrés de clins d’œil à l’actualité et donc déjà périmée 6 mois plus tard : une série de boomers, quoi. Eh bien, quelle surprise que cette saison 13, qui n’estr pas parfaite mais inverse largement la tendance, avec de chouettes idées de science-fiction, des blagues réellement drôles et même une poignée d’épisodes qui auraient pu être diffusés il y a une dizaine de saisons sans rougir ! De quoi me faire espérer que les suites annoncées pourront être aussi bonnes...
Spectacles

Mérou – De Lou Trotignon, je ne connaissais que son passage dans l’éphémère émission de Guillaume Meurice réunissant politiques et humoristes, et une vidéo de 8 minutes qui s’avéra être un gros condensé de ce spectacle-ci. Je ne suis pas un grand habitué du stand-up, encore moins en vrai, et il me manquait donc un certain nombre de codes (ah bon, on peut, on doit applaudir à certains moments ? Ah ouais, ça se fait encore de prendre des gens à partie dans la salle ?) mais c’est pas grave vu que pour ce spectacle, queer jusqu’en haut du torse, je n’étais pas vraiment le public cible. Comme le dit très bien Lou Trotignon, ce qui était originellement un spectacle d’humour sur la transition de genre (à choisir d’entendre un.e humoriste me parler de sa vie, je préfère ça qu’autre chose) devient malheureusement quelque chose de politique, ne serait-ce que parce que ça rassemble un paquet de personnes queer dans un théâtre qui n’est pas vraiment leur lieu de réunion privilégié...

300 000 ans – Un autre spectacle dont je n’avais pas tout à fait les codes, une autre humoriste dont je ne connaissais que l’apparition aux côtés de Guillaume Meurice : le débit-mitraillette de Manon Bril et son humour un brin répétitif m’ont un peu laissé de côté, mais j’ai tout de même beaucoup apprécié ce spectacle tout aussi didactique que le précédent, avec d’autres desseins. Ici, il est question de bien faire comprendre que toute tradition n’est qu’une illusion éphémère et qu’on devrait toujours se méfier de ceux et celles qui tentent d’instrumentaliser l’histoire… Et puis c’est aussi une bonne excuse pour faire des blagues plus ou moins vulgaires et plein d’allusions au caca, pour mon plus grand plaisir.
Films

Le Règne animal – Il y a beaucoup de choses qui auraient pu faire de ce film un ratage : Romain Duris en père un peu trop sentencieux, Adèle Exarchopoulos en flic, globalement un jeu toujours un peu bancal et des métaphores lourdement livrées… Et pourtant ça marche, Le Règne animal prouve qu’on peut faire un film fantastique français (et donc aller gentiment taper dans les clichés du genre) avec maestria et sans une débauche d’effets spéciaux moches. Bon, il faut dire qu’une histoire qui parle de paternité, de maladie, de métamorphose irréversible, ça ne pouvait pas manquer de me tirer une petite larme !

Rebelle – Le film avec Madeleine de la semaine (j’écarte Zootopie pour lequel je n’étais pas présent, alors que c’est une très bonne entrée) c’était ce Disney pas comme les autres, avec une princesse qui ne souhaite pas en être une, un décor écossais enchanteur, un ton plutôt sombre et une fin relativement ouverte. Rebelle n’est pas sans défauts (de tête, je citerai les 2 chansons qui ressemblent aux chansons de n’importe quel Disney, un personnage de père auquel personne ne reproche les évidents défauts et cette tendance agaçante à faire des personnages gros des personnages rigolos) et va peut-être un peu vite en besogne dans sa résolution, mais il est également très touchant dans la façon dont il aborde les relations mère-fille et ouvre la porte vers un imaginaire qui sort un peu des sentiers battus !
Jeu vidéo

Nuworm – Voilà mon problème avec les jeux de puzzle : je les adore, mais ils finissent systématiquement ou presque par être trop difficiles pour moi, et je les abandonne sur le bas-côté, tristement… Ainsi de ce Nuworm au principe vraiment malin, qui se joue avec deux doigts et demi et sur lequel je suis capable de me creuser un peu les méninges ; mais assez rapidement, je vois ce qu’il faut faire mais pas comment le faire. Ça demeure, pour les niveaux que j’ai pu explorer, un excellent exemple de « mais non c’est impossible c’est sûr à moins que mais non ça peut pas être ça et ben si c’était ça ».
Musique

King Gizzard & the Lizard Wizard, Eyes Like the Sky – Ils étaient bons dans le domaine de la musique de garage, les KGLW, m’est avis qu’ils auraient pu sortir une tripotée de bons albums dans le même genre… Mais non, dès leur 2e opus, ils ont viré de bord et tapé dans le western. Enfin, pour être précis, c’est une histoire racontée (et pas chantée) par le père de l’un des membres avec une version légèrement saturée d’une bande-son que n’aurait pas reniée Morriconne. Si on retirait la voix, ça sonnerait pas loin des essais précédents de KGLW, mais ça prend une toute autre tournure en tant que « livre audio sonorisé » et ça donne très envie d’aller se promener dans des steppes légèrement hallucinées. Mon seul regret avec cet album, c’est qu’il n’en existe pas de version uniquement instrumentale...
L’arrière-queer de Milouch

Voyage au Gouinistan de Christine et Aurélie de la RTS
Il fait froid, les sapins sortent de leur bois pour envahir les maisons et la liste de cadeaux à faire est en train de me donner un mélange entre angoisse et bonheur (angoisse de pas arriver à tout trouver et bonheur quand je déniche exactement ce que je veux pour la personne) : bref, c'est la saison de NO... des gouines ! Voila j'ai décidé, it's gouine time (j'ai même décidé la semaine dernière, si vous vous rappelez de la dernière arrière-queer). Et pour amorcer dans les meilleurs conditions ce mois des gouines, je vous propose un petit voyage au Gouinistan avec la RTS. Une super émission en 10 épisodes faite par des gouines pour raconter c'est quoi notre vie. C'est tendre, drôle, fort et intime, super bien monté et tout y passe : des relations aux boites de nuit en passant par la PMA et les tontons relous. Bref, une maestria radiophonique et une super introduction pour notre mois !!
Le mass et la plume

J’ai écouté 1998 de Coez. Ici, je parle souvent des albums qui m’ont plu, et la plupart relèvent du hard rock ou du métal. Mais comme tout le monde, j’aime des styles très variés : du rock, bien sûr, mais aussi du rap, de la pop, etc. Et parmi ces genres, il y en a un que j’apprécie particulièrement et qui est très peu connu en France : cette mouvance pop-rap italienne, issue en grande partie du festival de Sanremo, le télé-crochet le plus célèbre d’Italie.
Aujourd’hui, je vous parle du dernier album de Coez, mais il existe énormément d’artistes qui gravitent dans ce style que j’appellerais du pop-rap mélancolique. Les thèmes sont presque toujours les mêmes :
– l’amour, mais dans sa version difficile, bancale, celle où les gens s’aiment mais n’arrivent plus à se comprendre ;
– la mélancolie, souvent liée à un monde qui semble ne plus faire sens ;
– et l’attachement à la région natale, à la ville où l’on a grandi — comme dans le titre “Roma di Notte” de cet album.
Musicalement, on est sur une pop légèrement rappée, portée par de vrais musiciens — Sanremo oblige, où les instruments sont joués en direct. Beaucoup d’artistes de cette scène proposent d’ailleurs des versions unplugged, très années 90 dans l’esprit.
J’avoue être complètement plongé dans cette mouvance pop italienne. Elle me parle énormément. Le fait que je parle italien aide, bien sûr, mais au-delà de ça, je me reconnais profondément dans ce mélange de douceur, et de mélancolie.
Et toi,
qu’as-tu compoté cette semaine ?
Par ailleurs :
— Les systèmes MacOS évoluent définitivement dans le bon sens.
— Les fabuleux détails cachés des cartes suisses.
— Il y a 3500 ans c’était déjà chaud d’écrire quelque chose d’original alors t’imagines aujourd’hui.
— Quand j’étais plus jeune j’adorais ce genre de jeux punitifs et répétitifs ; un peu moins maintenant mais j’ai quand même passé 30 minutes sympathiques avec celui-ci.
— J’aurais pu te parler en détail de cet album fait pour savoir où seront les dépôts radioactifs dans 10 000 ans mais est-il besoin d’en dire beaucoup plus ?
— Un jour, je ressusciterai Finders Keepers ; en attendant il y a toujours ces cassettes trouvées un peu partout dans le monde.
— Un jour, je publierai Le Guide de Mande-la-Forêt ; en attendant, j’ai l’impression que chacun des pouets du compte « Paris Alphabétique » pourrait être le terreau d’une nouvelle.
Des bises
et peut-être à dimanche prochain, en compagnie de Sarah Maison.
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