La compote de Côme #251 - du dimanche 16 novembre au dimanche 23
Une infolettre de plus en plus de gauche.
Jeux de rôles

Rêvons ! Luttons ! – Voilà un beau programme que le titre de ce jeu de rôle, qui fait par ailleurs écho à mes lectures récentes… Nul pavé historique ici, plutôt un tout petit jeu dans lequel on incarne des pirates en quête de liberté (un thème dont je te reparlerai bientôt). En ce qui me concerne, le jeu m’intéresse surtout pour sa couverture dessinée par l’ami Guillaume et ses mécaniques reposant sur l’utilisation de dés comme toupies, quelque chose que je n’ai je crois jamais vu ailleurs !

Before They Leave - Il est je crois établi que je suis quelqu’un d’assez superficiel, attiré par un jeu ou un livre simplement parce qu’il est joli, comme une pie attirée par quelque chose de brillant. Et justement, BYL est non seulement très joli mais parle d’observer la nature et les oiseaux autour de soi, voire même de tenter de reproduire leur chant… Un jeu de rôle ayant pour vocation de nous faire ralentir et apprécier le monde alentour, ça me semble tout à fait louable !

Nobi Nobi - L’amie Vivi m’a poussé à faire attention à cette petite boîte que j’avais déjà vue en boutique de jeux, sans trop y faire attention… Il se trouve qu’il s’agit d’une forme d’initiation au jeu de rôle plutôt intéressante : elle se démarque de ses concurrents en se présentant sous forme de cartes qui servent majoritairement à construire des situations, parfois assez décousues et autour desquelles on est amené.e à improviser. Ça donne sans doute des parties un peu bordéliques, avec un principe tout simple de MJ tournant, il y a pire pour découvrir le loisir !
Littérature

Eunoia – Tu savais probablement que « oiseau » est le mot le plus court de la langue française qui contenait toutes les voyelles (à part ce pauvre « y ») mais savais-tu que “Eunoia” est l’équivalent en anglais ? Savais-tu qu’un texte univocal, c’est un texte qui ne contient qu’une seule voyelle ? Savais-tu que Christian Bök, qui par ailleurs s’amuse à graver des poèmes sur des cellules (eh oui) avait écrit 5 de ces textes, un pour chaque voyelle (à part ce pauvre « y ») et qu’il en avait profité pour revisiter le célèbre poème de Rimbaud de bien des manières ? Eh bien maintenant oui, et tu sais aussi que la langue écrite est un mode d’expression incroyablement plastique, dont je m’ébaubis de la richesse à chaque fois que je lis un ouvrage comme celui-ci.
Séries

Taskmaster saison 20 – Clap de fin pour la saison d’automne de Taskmaster (il y en a deux par an), la série que de plus en plus de monde semble découvrir, pour mon plus grand plaisir. C’est à présent une machine incroyablement bien huilée, qui ne perd pas de temps cette saison pour tisser une très belle alchimie entre les candidat.es qui s’en donnent à cœur joie, avec une énergie qu’on pourrait globalement décrire comme « on n’en a pas grand-chose à foutre d’être là mais en attendant on rigole bien », ce qui ma foi me paraît une belle philosophie à la fin de 2025.

Last Week Tonight saison 12 – D’ailleurs, cette fin d’année approchante signifie aussi la fin de Last Week Tonight pour quelques mois, ce qui est bien dommage tant l’émission d’infotainment de John Oliver accompagne mes débuts de semaine et me procure un aperçu de l’horreur totale que sont graduellement en train de devenir les États-Unis. C’est quand je vois ce qu’il s’y trame au niveau de la sécurité sociale ou des prisons, sans parler des déportations de sans-papiers, que je me dis que ce n’est vraiment pas un pays aussi semblable aux nôtres qu’on le pense. J’y note néanmoins, comme chez nous, une désensibilisation très graduelle à l’insupportable : on se contente de rire face à ce qui des années auparavant aurait provoqué scandales et mouvements populaires, sans doute parce qu’on ne peut plus faire que ça, mais en face les tas d’ordures grossissent...

Nathan For You saison 1 – Fasciné par le processus de Nathan Fielder dans The Rehearsal, un bijou de cringe comedy, je voulais aller voir cette série par laquelle il a débuté et qui se présente ostensiblement comme une fausse émission d’aide aux petites entreprises, avec des idées de merde qui sont là pour provoquer des situations absurdes. Ça fonctionne très bien et crée en effet des scènes incroyables en leur genre, mais tout de même souvent aux dépens de ces pauvres gens qui cherchent juste à faire tourner leur business, là où The Rehearsal se moque avant tout de Fielder lui-même… À voir si cette tendance se poursuit dans la saison 2 (sans doute) et si je parviens à surmonter le malaise qu’elle me cause.
Film

Abruptio – Un film entièrement fait avec des marionnettes, je n’ai rien contre, et ça me va aussi qu’il parle d’un type qui se retrouve avec une puce dans le cou qui explose à moins qu’il commette les pires atrocités. Abruptio devient assez rapidement ce genre de films de violence gratuite qui assument leur côté glauque et n’essaient jamais d’excuser leur protagoniste ; et puis ça s’améliore encore lorsque la réalité du récit est secouée et devient de plus en plus étrange… Jusqu’au point que je reproche un peu à Abruptio, à savoir une fin qui s’applique à tout rationaliser et à expliquer le moindre petit détail narratif, d’une façon qui certes fonctionne mais est assez décevante à mes yeux. Je crois que j’aurais préféré que le film garde sa folie de bout en bout.
Musique

Dubamix – Je n’ai jamais été un immense amateur de dub music, cette musique plus facile à écouter qu’à décrire et que j’associe toujours à des nuages de fumée à l’odeur très forte car je suis plein de préjugés : ça sonne toujours un peu pareil, c’est sympa pour se détendre mais sur tout un album, bof. Je ne peux pas prétendre que les compositions de Dubamix ne changent pas tout à fait mon avis sur le sujet, mais elles ont quelque chose qui change tout : un message radicalement de gauche sur l’ensemble de leurs titres, avec des samples et des artistes invité.es qui parlent des Communes, de Stonewall, reprend des bouts de “Daloy Polizey” à sa sauce, bref se lève pour les opprimé.es et transforme ce que je pensais être une musique de détente en une musique de lutte. C’est vrai qu’il n’y a pas meilleur rythme binaire que celui des pas sur le pavé...
L’arrière-queer de Milouch

Les Carnet de l'underground de Gabriel Cholette
Bon déjà, il faut le dire, je partais avec un a priori plutôt négatif, ma meuf m'ayant décrit ce livre en me disant: « Ça promettait de l'intime à la Guiguère et puis finalement c'est que du cul et de la fête ».
Et c'est vrai que c'est a peu près tout ce que contient Les Carnets de l'underground. Le récit des nuits (et parfois des jours) d'un club kid entre Montréal, Berlin et Paris ; une histoire entre trance, backrooms et grosse musique qui tabasse. Mais malheureusement, ça reste très en surface. Même si il y a quelques fulgurances (notamment la nouvelle conclusive « Ma mère en rave » qui elle marche super bien), ben ça reste du récit de fête. Sans jamais avoir vraiment accès ni aux pensées, ni à l'intime...
Mais l'intime, ça aurait peut être demandé une vraie mise à nue/
Pas de celles du Berghain...
Le mass et la plume

Je joue à Arc Raider. On se dit toujours qu’on est plus fort que les autres, qu’on n’est pas influençable… mais tout ça, c’est du vent. Je traîne souvent sur YouTube, et j’ai vu apparaître du jour au lendemain une avalanche de vidéos sur Arc Raider. Je me suis d’abord dit : « Un jeu de tir à la troisième personne multijoueur ? (pour les darons comme moi : tu joues un personnage et les autres te tuent régulièrement) Ce n’est clairement pas pour moi ». J’ai absolument un skill de noob dans ce genre de jeux.
Et pourtant, à force de voir ces vidéos, j’ai craqué : achat direct sur ma PS5, une quarantaine d’euros. Depuis, j’ai l’impression d’être devenu un vrai gamer. Je ne peux pas m’empêcher d’avoir envie de retourner faire un raid sur la surface dévastée.
Parce qu’il y a un scénario — avec cinématiques ! La Terre est en ruine, l’humanité vit sous terre dans des tunnels. Speranza, c’est la ville où tu as ton petit vingt mètres carrés. Moi, Raider, j’ai pour mission de remonter à la surface pour récupérer des ressources au péril de ma vie.
Et là-haut, ce n’est pas la vie tranquille : robots tueurs, drones, araignées métalliques (certaines gigantesques), boules explosives et autres joyeusetés. On croise aussi d’autres raiders qui peuvent te voler tes ressources… ou juste t’aider. Et c’est un vrai point fort : on peut jouer sans forcément vouloir abattre les autres, d’autant que les PNJ de Speranza donnent des missions variées.
Mais le plus gros point fort — et ce qui en fait un des jeux les plus stressants que je connaisse — c’est le temps limité : 30 minutes maximum sur la carte. Je ne suis jamais allé jusqu’au bout. Soit je perds connaissance, soit je parviens à m’extraire à temps. Les points d’extraction sont fixes, Speranza doit sécuriser la zone, et l’attente est infernale. Parce que si tu tombes inconscient, tu perds toutes tes ressources et ton matériel : tu reviens à poil.
C’est assez incroyable. Je conseille vraiment. N’hésitez pas à me rejoindre à Speranza : on se fera des raids pour sauver l’humanité.
Et toi,
qu’as-tu compoté cette semaine ?
Par ailleurs :
— Je n’ose même pas imaginer le travail titanesque qui a été nécessaire pour construire cette base de données permettant de visualiser à peu près n’importe quel dialogue de film.
— Je regarde trop peu Internet Exploreuses alors que c’est excellent à chaque fois, un petit pas de côté dans la/ma façon de voir Internet et sa culture, voilà qui est bon comme du bon pain.
Des bises
et peut-être à dimanche prochain, en compagnie de Pere Ubu.
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