La compote de Côme

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novembre 9, 2025

La compote de Côme #249 - du dimanche 2 novembre au dimanche 9

Une page, un pavé, deux albums.

Jeux de rôles

I'm Going To Tell My Kids Everything Is Tables / Hostile Dream Environment / Killed By Your Darlings / Secret Car Girls / What I Inspired On My Malign Holidays / You Wouldn’t Download A Goat – Je t’en avais parlé la semaine dernière : pour fêter son centième jeu en une page, Grant Howitt avait décidé de lancer une grande jam sur le mois d’octobre, et j’ai pris cette semaine le temps de lire les autres entrées du concours (car c’en est un). C’était franchement plein de bonnes idées, mais je retiens en particulier I'm Going To Tell My Kids Everything Is Tables, qui reprend ce principe d’un jeu fait de tables aléatoires ; Hostile Dream Environment, dans lequel on participe à un jeu télé au milieu d’un rêve ; Killed By Your Darlings, où les personnages essaient de tuer le MJ ; Secret Car Girls, la rencontre entre Carrie et Christine ; What I Inspired On My Malign Holidays, un métajeu pas très clair écrit uniquement avec des extraits de jeux de Grant Howitt ; et l’incroyablement titré You Wouldn’t Download A Goat, dans lequel on joue des chèvres cyberpunk qui s’autoreproduisent grâce à une machine du futur. Du pur Howitt, en somme.



The Time We Have – À ce stade, et encore plus après ma découverte du très réussi Sur la Route, difficile de m’impressionner ou même m’intéresser aux jeux de la famille de Pour La Reine. Et pourtant, TTWH a un petit quelque chose : pas tant son contexte de fin du monde (cliché qui me fait toujours un peu soupirer), ni même la façon dont ce contexte est intelligemment décliné de bien des façons différentes selon nos envies. C’est plutôt qu’il s’agit d’un jeu à 2, qui se joue des deux côtés d’une porte, entre deux personnages que tout devrait rapprocher mais qui se retrouvent (presque) empêchés de se retrouver. Ça en fait un jeu très intime et menant sans doute à des situations dramatiques incroyables, mais moi ce qui m’intéresse c’est qu’on peut se glisser des cartes sous la porte, c’est trop cool non ?!



Bone Bout – J’ai un rapport ambigu aux jeux de baston : ce n’est pas un genre que j’affectionne particulièrement mais je sens bien qu’il y a quelque chose d’intéressant à raconter et à jouer avec des gens qui se tapent dessus. Une réponse possible, ce serait ce jeu de squelettes boxeurs, dans lequel aucune explication n’est fournie sur le pourquoi du comment, préférant remplir ses pages (fort joliment maquettées) avec des ébauches de décors et de personnages, et des règles hélas un peu trop complexes pour mon petit cerveau dès lors qu’elles ne sont pas accompagnées d’un résumé. Mais bon, tout ça a un côté cartoon qui me plaît beaucoup !




Littérature

Skeleton Crew – Non, je n’avais pas abandonné ma lecture chronologique de l’œuvre de Stephen King, mais ça prend du temps ces machins-là… surtout dans le cas de ses recueils de nouvelles, qui sont en général assez longs (je dis ça mais le prochain bouquin sur la liste c’est ÇA, autant dire que tu vas pas en entendre parler de suite). Alors évidemment, comme tout recueil tout cela est inégal, mais ça marche en général très bien, surtout les nouvelles les plus longues qui démontrent à la perfection l’art de King pour les situations angoissantes qui montent crescendo, allié au principe de la nouvelle qui fait qu’on peut laisser un certain nombre de choses en suspens sans que ce soit gênant et sans devoir se perdre dans des conclusions hâtives, comme dans la plupart de ses romans. Une très bonne pioche donc !




Spectacle

Écoutez Battre – J’ai peu de souvenirs du spectacle précédent de Klaire fait grrr, découvert seulement sur disque, sinon qu’il était assez semblable à celui-là : textes rimés posés sur de la musique, sorte de rencontre entre le spoken word et la chanson française. Ça fonctionne à nouveau très bien avec Écoutez Battre, qui (mais peut-être ma mémoire me fait-elle défaut) me paraît un peu plus acéré, un peu plus acide que le spectacle précédent : ça continue de pétiller sous la langue, mais souvent ça pique. Et puis, peut-être parce que je connaissais déjà le principe, les artifices de la langue m’ont-ils parus plus apparents… Mais en fait, ce qui importe c’est que j’ai passé un très bon moment, dans ce petit îlot de gauchistes féministes où l’on pouvait rigoler crânement des violences qui nous assaillent.



Film

Nouvelle Vague – On n’est pas fondamentalement fan de Godard par ici, loin de là, mais appréciant de plus en plus Linklater, j’étais curieux de voir ce que sa vision du tournage d’À Bout de souffle allait donner (ça ne pouvait pas être pire que The French Dispatch). Eh bien, ça donne un film qui s’apprécie sur deux niveaux : d’une part, la recréation assez bluffante de la France des années 50-60 et de ce petit milieu d’intellectuels du cinéma, toustes des visages inconnus jouant avec un naturel fabuleux : je ne serais pas étonné d’apprendre qu’il y a un brin d’IA derrière certaines scènes, mais tout ça aurait pu être tourné en 1959 et je n’y aurais vu que du feu (c’est d’ailleurs fait pour). Par ailleurs et au-delà de son matériau premier, Nouvelle Vague est le récit d’un premier tournage, fait de doutes, de bricolages et de grandes déclarations qui pourraient finir en catastrophe mais, étonnamment, fonctionnent. Bref, ça amène un peu de fraîcheur dans le genre déjà bien exploré du cinéma parlant du cinéma.



Jeu de société

Splendor Kids – Tout a commencé quand des amis d’amis ont frimé en expliquant que leur fils de 6 ans jouait sans problème à Splendor après qu’ils lui aient appris progressivement les règles ; j’avais tenté de faire pareil avec Madeleine, qui avait bien aimé le jeu mais avait du mal avec sa complexité. Et voilà qu’à Octogones, je tombe sur une version pour enfants de Splendor, qui réimagine totalement son contexte et modifie très intelligemment ses règles. C’est vraiment du très bon game design : pas une bête simplification du jeu de base mais une nouvelle version adaptée à son public cible… qui, si j’en juge mon échantillon d’une personne, est totalement client.


Musique

Chaucerian Legends: The Epic Of Beileag, Part III / THE BUREAU – Alors voilà, il s’est passé un drôle de truc dans mes oreilles. Cette semaine, une partie de moi voulait te parler des collages surréalistico-bruitistes d’Ethan Persoff, toujours à la frontière entre musique minimaliste et délire sonore parfois difficile à digérer ; son BUREAU en est la parfaite illustration, avec ses 202 pistes qui, en 9h30 d’écoute, retracent une journée de travail pleine de sons distordus venus d’une autre dimension. Mais bon, je me suis dit que c’était peut-être un peu radical, alors une autre partie de moi voulait de parler de Chaucerian Myth, pseudonyme derrière lequel se cache un musicien venu de Greensboro qui revisite la matière médiévale avec des pistes coincées quelque part entre le dungeon synth et la pop fantasy, avec également un certain minimalisme dans les instrumentations, une sorte de romantisme réduit à sa plus simple expression. Mais bon, je me suis dit que c’était peut-être un peu radical aussi, alors que faire ? Eh bien mon cerveau a trouvé la solution ; sans que je m’en rende compte, j’ai lancé en même temps THE BUREAU sur Bandcamp et The Epic of Beileag sur mon lecteur de musique, et là, révélation : minimalisme + minimalisme = quelque chose de très riche et qui se marie presque à la perfection, à tel point que j’ai mis 15 minutes à m’apercevoir que le monde médiévale et celui de l’entreprise cauchemardesque s’étaient mélangés ensemble. Moi qui aime les mash-ups, j’étais servi...


Le mass et la plume

J’ai joué à Dispatch, un jeu de super-héros… qui ne sont pas vraiment des héros.

On incarne Robert Robertson, alias Mecha Man, un jeune héros qui, après un combat raté où il casse son armure, se retrouve dispatcheur dans une société louant les services de super-héros.

Le gameplay alterne entre phases narratives à choix multiples, façon Telltale Games, où chaque décision influence l’histoire, et phases de gestion : on envoie des héros en mission, chacun ayant ses compétences et pouvant monter de niveau (un côté jeu de rôle de gestion très sympa, probablement influencé par la collaboration avec Critical Role). Quelques puzzles légers, comme le piratage de caméras, viennent varier le rythme.

Le tout est simple, fluide et accrocheur. Le jeu est proposé sous forme de série épisodique (8 épisodes prévus, 4 déjà disponibles, avec deux nouveaux par semaine). On y suit une bande de héros un peu ratés, essayant de s’en sortir ensemble dans un univers réaliste, sans fioritures, ni glorification du super-héroïsme.

J’ai vraiment adoré : pas besoin de skill, les graphismes sont top, les choix sont parfois stressants, et chaque épisode dure environ une heure — parfait pour un joueur occasionnel comme moi.

Si vous aimez les séries interactives avec une touche de gestion, ce jeu est fait pour vous. Je conseille. J’adore.


Et toi,

qu’as-tu compoté cette semaine ?


Par ailleurs :

— Si tu es nostalgique des Livres dont vous êtes le héros, les voici tous en version PDF navigable. J’espère bien te faire perdre quelques heures de productivité et faire ma part pour saboter le grand patronat.

— Incroyable plongée dans le Paris des années 1970, vertige de voir son propre quartier globalement moins encombré et plus lumineux (avec sans doute un gros biais nostalgique). Et puis, il y a un poil plus longtemps, ça ressemblait à ça…

— Une plongée fascinante dans l’univers des arnaqueurs de comptes en banque basés en Inde, pour qui la société ne laisse pas beaucoup d’alternatives.


Des bises

et peut-être à dimanche prochain, en compagnie des Doudous lyriques.

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