La compote de Côme

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octobre 26, 2025

La compote de Côme #247 - du dimanche 19 octobre au dimanche 26

Des lamas, des biscuits et des ronces.

Jeux de rôles

Mad as Hell – Si si, je te jure, je continue de travailler sur Hex & the City (ou au moins à y penser très fort) et suis donc toujours intéressé par les jeux qui utilisent des métaphores pour parler de lutte contre le patriarcapitalisme, car ça ne change pas le monde mais ça fait toujours plaisir. Mad as Hell est de ceux-là, entrant en contradiction avec le livre de Kermarrec dont je parle ci-dessous puisqu’il se veut, explicitement, un pied dans la porte pour parler d’activisme dans la vraie vie : sauf qu’ici nos problèmes prennent la forme de démons carrément incrustés, dont il va falloir aller déterrer les causes systémiques pour s’en débarasser. C’est très efficace, avec un simili de zine militant-punk en plein milieu, de la très bonne came donc (mais pas étonnant venu de Soul Muppet). Et en plus, t’as vu Olivier, c’est un JdR qui fait plus de quelques pages !



Drama Llamas – Enfin, pas obligé de jouer sérieux, hein : on peut aussi décider d’incarner des lamas dans une parodie de télé-réalité. Avec son système très léger, qui tourne entièrement autour de l’importance de gagner ou perdre des points de popularité, DL est sans doute l’exemple le plus convaincant que j’ai pu lire ces derniers temps autour de cette thématique : néanmoins, je n’arrive pas à comprendre l’intérêt d’y foutre des lamas. Enfin si, je comprends que c’est pour dire que c’est un jeu rigolo, et mettre des dessins d’animaux mignons… Mais ça n’apporte absolument rien à la façon dont on joue au jeu, on pourrait aussi bien incarner des chimpanzés ou des êtres humains, et je trouve ça un peu dommage.



How’s My Driving? – C’est bientôt Halloween, et on a donc droit à pas mal de jeux d’horreur sur itch ; comme c’est un genre où il est difficile de ne pas se répéter, je suis souvent un peu déçu par cette vague annuelle, mais continue tout de même d’y trouver des pépites. Par exemple ce jeu de Jack Panic, qui continue de produire des choses au design impeccable, dans lequel on tente d’échapper à un conducteur fou à la Duel. Les mécaniques sont simples et tout est fait pour mener à des parties nerveuses et angoissantes ; bref, pour utiliser une de mes expressions favorites, c’est du fort bel ouvrage, mais je ne suis pas très étonné !



Spine – Moi qui me plains souvent que les jeux de rôle solo proposent toujours un peu la même approche, je ne peux pas me plaindre que Spine propose autre chose… C’est un jeu clairement fait pour être imprimé et lu, et qui va chercher ses influences vers les choses qui me faisaient frétiller il y a quelques années, à commencer par le roman S., pour le côté « livre qu’on annote » et Pale Fire pour les notes de fin d’ouvrage qui racontent une autre histoire en parallèle. C’est très malin, très bien écrit et même fait pour être passé à quelqu’un d’autre après sa première partie ; je ne pense pas accrocher à l’aspect légèrement horrifique qui se dégage de tout ça mais sur le reste, chapeau.




Bande dessinée

Super Biscuit Maudit – Posons d’abord le fait que je suis hyper client des faux recueils de bandes dessinées : Jean-Christophe Menu l’avait fait (avec Méta Mune Comix), José Parrondo aussi (avec Parrondo Poche) et voici le tour d’Élodie Shanta avec ce SBM, condensé de cet humour absurde et parfois (souvent) sombre sans qu’on puisse tout à fait expliquer comment. Le format du gag en une page, ici souvent détourné avec de fausses chutes, fait mouche, tout comme l’enrobage éditorial qui invente de faux lecteurs, de fausses publicités, une fausse histoire à la fausse mascotte de la revue… C’est fabuleux.



Non-fiction

Ce n’est qu’un jeu – Usages politiques du jeu de société – Un collègue m’a glissé cet ouvrage qu’il avait reçu en service presse, connaissant mon appétence pour le jeu en général, et il a bien fait ! L’ouvrage de Kermarrec vient compléter ma lecture récente de Game Changers de Tim Clare, avec une première partie qui comme lui trace l’évolution du jeu de société, aussi bien formellement que dans ses pratiques, et une deuxième partie plus théorico-revendicative, qui argumente du potentiel des jeux au-delà du simple plaisir de jouer, et tente d’imaginer ce que pourraient être les jeux de demain s’ils se libéraient d’un certain nombre de carcans. La lecture est passionnante mais, s’il y a l’effort louable d’inclure un tout petit peu de jeu de rôle (on sent que les camarades Polgara et Peggy Chassenet ont largement influencé Kermarrec), le JdR indépendant et alternatif demeure un point aveugle, alors même qu’il semble répondre à la plupart des desideratas de l’auteur en tant que fournisseur de jeux engagés, émotionnels, différents… On dira que je prèche pour ma paroisse, en l’occurrence je l’assume tout à fait !


Page de pub

À la Cour Fleurie du Roi des Ronces – Cette semaine, je suis parti 5 jours m’enfermer dans une petite ville de Bourgogne pour bosser sur tout sauf mes trucs de prof, car ainsi sont les vacances que j’apprécie. « Ne fais pas trop de jeux de rôles » m’avait admonesté mon ami et néanmoins collègue Jean-Baptiste avant mon départ, et j’ai scrupuleusement respecté sa demande, puisque j’ai fini À la Cour Fleurie du Roi des Ronces la veille du départ ! C’est un jeu qui se nourrit de l’amorce contrainte qu’on m’avait donnée (“18. Flowers” et débrouille-toi) et de mes nombreuses lectures récentes de jeux de rôles prenant pour cadre le mythe arthurien… Le tout rehaussé par plusieurs conversations sur le sujet avec l’experte Milouch. J’espère avoir apporté quelque chose de nouveau à quelque chose qui est à présent un genre, et si ce n’est pas le cas j’aurai au moins découvert une nouvelle fonte stylée, c’est déjà pas si mal.


Le Sorcier & le Fantôme – Cependant, je n’ai pas tenu longtemps ma promesse à Jean-Baptiste puisque 2 jours plus tard, voici un nouveau jeu sortir de mon cerveau… C’est pas ma faute, il fallait que je boucle ça avant fin octobre pour être dans les délais de cette jam qui proposait de faire fusionner 2 jeux de Grant Howitt. J’ai tiré au hasard un truc avec des magiciens des poubelles, un autre avec des fantômes revanchards, il me semblait donc naturel de faire un jeu pour 2 avec un fantôme coincé dans le corps d’un magicien, avec un système asymétrique. Je suis plutôt satisfait de moi compte tenu des cours délais, à l’exception de la maquette : j’aurais vraiment voulu caler quelques dessins rigolos de ma main, mais en une page, c’était trop juste...


Série

Rick and Morty: the Anime – C’est vraiment l’empilement de pas mal d’incongruités que cette adaptation en version anime de Rick and Morty, à commencer par : pourquoi donc une telle adaptation ? Mais admettons : il faut alors tenir le coup face aux premiers épisodes devant lesquels je n’ai rien compris, comme si je regardais la 3e saison de Twin Peaks. Et puis tout cela a fini par faire sens, petit à petit, et j’ai pu alors constater… eh bien, que ce n’était pas très intéressant, avec une idée qui aurait durée 20 minutes dans la série mère et est ici étiré sur 3 heures, et des personnages aux réactions incohérentes (pour ne rien dire de l’intérêt amoureux de Morty, qui n’a absolument aucune personnalité et se contente d’être la manic pixie dream girl de service). Ajoutons à cela une animation rarement au top et un rythme complètement à plat (il n’y a aucune transition là où ce serait nécessaire, et de trop longs silences là où il n’en faudrait pas)… Raté, donc.



Films

Jane Eyre – J’ai regardé cette semaine cette adaptation récente de Jane Eyre, en même temps que mes élèves (j’espère) et j’en ressors très mitigé. Je me demande ce que j’en aurais pensé sans avoir lu l’œuvre d’origine : probablement qu’il s’agissait d’une histoire d’amour aux accents gothiques développée au pas de course… À tel point qu’on se demande l’intérêt d’inclure les épisodes de jeunesse de Jane, qui n’ont ici quasiment aucun poids sur le reste. Bref, c’est esthétiquement plutôt réussi mais narrativement un coup dans l’eau pour moi… Au moins ça économisera peut-être à certains de mes élèves la lecture de 400 pages supplémentaires.


The Substance – La façon la plus simple de résumer ce film avec l’impeccable Demi Moore, c’est de dire qu’il s’agit d’une satire grotesque : c’est-à-dire un film à message qui ne prend pas de gants et n’hésite pas à taper dans le corporel crado pour cela. Dans The Substance, on commence l’exagération à 90 % et on termine vers les 300 % : pas la peine de chercher trop de cohérence narrative, ou de subtilité, le film est là à la fois pour un petit message sur la dysmorphie et l’obsession du monde moderne pour les corps féminins jeunes, et pour rendre hommage aux films gore des années 80. Il fait les deux plutôt bien, et j’ai apprécié son économie en termes de personnage et d’intrigue ; la preuve, je ne me suis pas ennuyé au long de ses 2h20. Néanmoins, il ne faut pas se fourvoyer et le qualifier de film profond et/ou féministe, ce serait à mon sens louper son intention première de divertissement un rien dégueu...



Jeu vidéo

Nippets – Les vacances, c’est aussi l’occasion de faire le ménage des trucs qui traînent, telle cette démo de « jeu d’objet caché » qui m’attendait depuis un moment et à laquelle j’ai repensé alors que ma fille s’est prise de passion (temporaire) pour Où est Charlie ?. Les « cherche et trouve », ça a toujours été ma came, et le grand frère vidéoludique Hidden Folks pèse lourd par rapport à Nippets ; mais cette démo a néanmoins pour elle un côté très joli, et un petit twist sur la formule habituelle puisque plusieurs fois il ne s’agit pas seulement de trouver où est quelque chose, mais aussi où placer ce quelque chose ensuite. C’est donc tout à fait prometteur et je guetterai la version complète avec intérêt !



Musique

The Flaming Lips, 7 Skies H3 – Être enfermé 5 jours dans un studio avec aucun autre but que celui d’écrire, c’était sans doute l’occasion de me brancher sur une des chansons-fleuve des Flaming Lips ! Je t’ai déjà parlée de celle qui dure 6 heures il y a bien des compotes de cela et me suis donc attelé au challenge supérieur, celui de la piste qui dure 24 heures (oui oui, ce n’est pas une faute de frappe). Et bon sang, quel voyage cosmique… En étant honnête, je comprends qu’il ait été plus tard réduit à une version plus accessible de 50 minutes, laissant ses parties les plus belles nous envelopper sans nous envahir ; mais d’un autre côté, je trouve dommage d’avoir diminué la puissance de la nappe sonore, celle qui va tourner en boucle dans nos oreilles jusqu’à ce qu’on oublie quand elle a commencé, que tous les sons écoutés avant disparaissent de notre mémoire : il n’y a plus que l’instant présent, il n’y a plus que ces notes-là, parfois mélancoliques, parfois tout droit sorties de l’enfer, le plus souvent d’une beauté psychédélique qui m’emporte. J’ai commencé l’écoute de 7 Skies H3 un vendredi à 10h, je l’achève un samedi à 20h15 (oui j’ai tout de même fait des pauses, entre autres pour dormir, j’ai des limites), c’était incroyable.



L’arrière-queer de Milouch

Camion Bip Bip

C’est l’amie Lisa qui m’a fait découvrir Camion Bip Bip et j’ai adoré !! De la musique un peu punk, un peu techno et surtout 100% misandre !

Avec des hits du genre « Club Ouin Ouin », « Bi2Bi » l’hymne de nos besties bi sûres et bien entendu, « Garçon Poubelle » qui je pense est un bon résumé d’une partie de ma pensée politique (oui j’ai une pensée politique super développée okay !)

Bref, ça faisait énormément de bien en rentrant de soirée la nuit et je vous la conseille pour le même genre de situation !!


Le mass et la plume

J’ai lu Nos meilleures vies de Kii Kanna. C’est un manga qui raconte les trajectoires de six jeunes adultes entrant dans la vie active — certains encore portés par leurs rêves, d’autres complètement perdus — qui vont se croiser, tomber amoureux, devenir amis, ou simplement se percuter. C’est un one-shot assez court.

Le style graphique m’a semblé un peu brouillon, peut-être parce que je ne suis pas un grand lecteur de mangas. J’ai parfois eu du mal à situer les scènes dans le temps, même si la mangaka utilise des bordures de cases noires pour signaler les retours dans le passé. Sur le fond, c’est un peu confus également : une histoire d’amour à sens unique, une très belle amitié teintée d’amour entre deux personnages, une jeune fille qui rêve de devenir idol mais qu’on ne suit que brièvement avant de la revoir en arrière-plan dans d’autres chapitres, pour rappeler que ce n’est pas un chemin facile.

Ces récits de jeunes Japonais qui découvrent le monde adulte m’ont semblé parfois un peu éloignés de ma propre expérience — sans doute l’effet de l’âge et de la culture — et un peu naïfs par moments. Mais malgré cela, j’ai trouvé l’ensemble plein de douceur, porté par des personnages perdus mais bienveillants.

Un manga touchant, qui parlera sans doute davantage à ceux qui se trouvent encore entre l’adolescence et l’âge adulte… ce qui, à ma grande tristesse, n’est plus mon cas.


Et toi,

qu’as-tu compoté cette semaine ?


Par ailleurs :

— Certes, c’est de la flagornerie totale envers la personne qui partage ma vie, mais si tu passes à Dunkerque avant le 8 mars tu ferais bien d’aller voir l’expo La Marrade, qui traite d’art et de féminisme sous l’angle de l’humour. C’est vraiment très chouette (et très drôle), surtout, à mes yeux, la partie historique qui prouve bien (si c’était nécessaire) que ça fait longtemps que les féministes ont de l’humour.

— Habille-toi comme une patate.


Des bises

et peut-être à dimanche prochain, en compagnie de Richard Gotainer (mais si).

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