La compote de Côme

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septembre 28, 2025

La compote de Côme #243 - du dimanche 21 septembre au dimanche 28

Rébellion, extinction et exposition.

Jeux de rôles

Wage Wars Get Rich Die Handsome – Difficile pour moi de résister à un hack de Time to Drop, qui était déjà un très bon jeu sur les boucles temporelles, ici élevé à un rang encore supérieur en explorant le domaine plus si niche à présent des histoires avec des boucles temporelles et beaucoup d’action (le jeu n’inclut pas Tom Cruise par défaut). J’ai le sentiment en lisant WWGRDH qu’il s’agit d’une sorte de version peaufinée du jeu de base, avec tout un tas d’options et de petits ajustements qui en font, selon moi, le modèle supérieur dans son domaine !


Night at the Barricades – Les jeux qui parlent de rébellion à l’autorité et de sabotage se multiplient, je me demande bien pourquoi… Celui-ci n’est pas le meilleur du lot, mais il a quelques aspects intéressants pour lui : d’abord celui d’être joué en une heure de temps réel, une manière de mettre la pression aux joueurs et aux personnages (et peut-être de sous-entendre qu’une nuit sur les barricades ne suffit pas à changer les choses), ensuite celui de présenter comme une aide de jeu les techniques plus ou moins légales de résister à l’autorité (et, en miroir, les techniques de l’autorité pour s’en défendre). On pourrait voir ça comme une sorte de manuel ludico-civique, en un sens...


Mend – Je ne suis, en général, pas hyper convaincu par les jeux du courant solarpunk ou autres jeux au courant positiviste ; je ne pense pas que le changement de la société passera par le jeu, malgré toute la passion que je lui voue. Mais bon, de temps en temps est quand même publiée un truc chouette dans cette veine et cette semaine c’est Mend, qui se paye en plus le luxe d’être un bon jeu de dessin de cartes (alors que ça me convainc rarement aussi). Il faut dire que son principe d’arracher des bouts de magazine pour constituer une terre délabrée qu’on va réparer avec d’autres fragments, c’est une sacrée idée, de celles que j’aurais aimé avoir...


What Dust Remains – Autant le dire tout de suite : le gros défaut de ce « nouveau » jeu de momatoes, à mes yeux, est son côté générique, là où une proposition plus resserrée aurait été bien plus convaincante (je ne remercierai jamais assez l’amie Melville de m’avoir inculqué cette leçon). Dommage, car dans son édition deluxe, ce petit jeu remis au goût du jour est très beau, et demeure une proposition intrigante, puisqu’on va y incarner un personnage dont la mort est certaine, qui va aller chercher un sens à sa vie, fut-elle insignifiante dans le grand bazar des choses. Une proposition pas du tout solarpunk, donc, qui aurait sans doute gagné à se passer d’une phase de worldbuilding...


Happy Birthday Goat Girl – Ça y est, Grant Howitt a publié son 100e jeu en une page, ce qui est une très belle performance à laquelle il va je l’espère mettre un terme, histoire que je le dépasse un jour (au rythme où je vais, y a moyen que ce soit avant 2027 dites donc). Et ce qui ne gâche rien, c’est que HBGG est un vrai bon jeu, qui va taper dans la case préférée d’Howitt, celle des animaux rigolos, mais avec une absence de limites totalement assumée qui rend la chose jouissive : puisqu’on fête un grand anniversaire, on ne va rien se refuser, il n’y aura aucune conséquence, et personne ne pourra nous arrêter… Franchement, ça donne envie d’essayer !




Bandes dessinées

Grip – Je dois bien l’admettre, j’ai pas tout saisi à cette histoire de femme qui gagne un super-pouvoir, celui de faire de grands gestes rapides avec ses mains qui lui permettent de modeler jusqu’aux atomes… À cause de l’absence totale de texte, sans doute, mais aussi de ce style graphique confinant au psychédélisme, qui nous entraîne dans un grand délire avec un enthousiasme jouissif et très communicatif. Au final, j’ai adoré me perdre dans les courbes de ces pages, dont le sens est moins important que l’ode à la liberté féminine qu’elles semblent chanter !


Funestes amours – Même si Charles Burns explore un terrain à présent un peu lassant depuis quelques années, celui des romances en BD des années 1950, mais version tordue, je dois dire que je lui pardonne pour sa capacité à en tirer des récits toujours mystérieux, dont le sens se promet toujours à nous sans qu’on puisse tout à fait l’atteindre ; la comparaison avec les films de Lynch ne me paraît pas incongrue. La preuve avec cette petite livraison qui tisse entre eux 3 récits, 3 façons différentes de raconter quelque chose de similaire, sans qu’on puisse tout à fait dénouer le nœud narratif...


Monsieur Chouette – Il y a des auteurs dont j’achète les nouvelles sorties sans réfléchir, et David B. est de ceux-là : sans surprise, le trait de Monsieur Chouette est absolument sublime de bout en bout, et j’ai fait de mon mieux pour le lire lentement, dégustant chaque détail de ses cases. David B. continue de fureter ses terrains favoris, tout en y insufflant du neuf : on n’est plus ici ni dans le monde des rêves, ni celui des livres, et si les créatures y abondent c’est parce qu’il s’agit d’une visite du monde des morts, avec une organisation qui finit par faire si sens qu’on y imaginerait bien d’autres histoires. Ce qui commence par un récit pas franchement passionnant prend un peu d’épaisseur dans son dernier tiers et c’est peut-être cette veine « récit d’aventure » que j’aurais aimé retrouver dans le reste des pages : peut-être pour une prochaine fois ?



Littérature

Jane Eyre – Ouf, j’ai enfin fini de lire ce pavé après en avoir imposé la lecture à mes élèves ; ce qui compte c’est d’avoir quelques coups d’avance, tant que l’illusion tient tout va bien. C’était donc une lecture imposée pour moi aussi, et si j’étais un peu dubitatif au départ, j’ai fini par reconnaître la valeur de l’écriture de Charlotte Brontë, qui navigue avec brio entre le genre gothique et celui du romantisme, avec une touche de bildungsroman et même quelques considérations sociales qui me semblent plutôt en avance pour son époque… Bref, c’est un récit riche, qui vaut sans doute plus pour ce qu’il raconte que pour sa langue elle-même ; maintenant, il va falloir convaincre des ados d’à peine 18 ans que ça valait le coup de se l’enfiler...



Page de pub

Seules les montagnes se dresseront sur les ruines du temps – Comme je le disais plus haut, les jeux qui peignent une vision idyllique de l’avenir, ce n’est pas trop mon truc. Du coup, quand l’ami Iko a lancé une jam « Build A Better World » cet été, je me suis assez vite dite qu’un meilleur monde, ce serait sans doute quelque chose où les humains seraient un peu moins au centre ; ça tombait bien, j’avais écrit il y a longtemps un jeu (pas terrible) où on jouait des arbres et ça m’a donné envie de créer une sorte de remake dans lequel on incarnerait des montagnes.


Seine de Jeux – Hey, pour une fois je me rappelle de faire ma pub suffisamment tôt ! Le mois d’octobre va être chargé en rencontres puisque samedi prochain, je serai à Seine de Jeux, en région parisienne, avec une version de poche du Rayon alternatif ; comme d’habitude, on y présentera et vendra nos jeux qui rendent plus heureux, plus jeunes et plus beaux. En ce qui me concerne j’aurais le petit dernier Hex & the Punks sur le stand (en attendant le prochain…) et ce sera l’occasion de se dire coucou si vous êtes dans le coin ! Et si ce n’est pas le cas, il y aura toujours OctoGônes, le week-end suivant...



Séries

Taskmaster saison 1 – En même temps que nous avons entamé la saison 20 de Taskmaster, actuellement en cours de diffusion, nous avons continué à creuser notre obsession, idéale pour cerveaux mous et fatigués, en revenant aux sources. C’est amusant de voir ce qui était déjà en place dès la saison 1 de l’émission, ce qui ne l’était pas, ce qui a été abandonné en cours de route ; l’occasion de constater que rien n’a beaucoup changé et que tout ça était déjà extrêmement bien rôdé (et drôle) dès le départ. Bravo donc à cette première équipe qui a lancé le phénomène sans doute sans trop savoir dans quoi elle s’engageait...



Podcast

La Chute de Lapinville, épisodes 201 à 325 – En parlant d’obsessions, je me suis jeté à corps perdu dans La Chute de Lapinville et ça y est, je suis à jour (ce qui pose pour moi la question épineuse de « à quel moment je leur en reparle ? » comme avec d’autres choses consommées ici). Eh bien, je ne peux qu’applaudir le talent de toute l’équipe du podcast, au-delà du tour de force quotidien, car plus l’intrigue progresse et plus, aux petites blagues plus ou moins bienvenues, s’ajoute une intrigue complexe, en plusieurs couches, dont le procédé principal me rappelle étrangement Adventure Time : on prend un détail qui paraissait insignifiant ou incohérent, dernièrement croisé il y a des dizaines ou centaines d’épisodes, et on le transforme en arc narratif majeur. Ainsi la série prend-elle tour à tour des airs de Plus belle la vie avec des histoires de cœur, avant de parler de manigances politiques, puis de délires plus ou moins mystiques… ou, le plus souvent, entremêlant tout ça avec brio et en moins de 5 minutes.



Musique

Slowblow, Quicksilver Tuna – On revient aux fondamentaux avec un vieux disque de pop bricolée, qu’on pourrait croire, au vu de sa piste introductive, fraîchement déterré d’un terrain vague un peu crasseux (« Put An Effect Upon My Voice »). Mais le groupe porte bien son nom et tout au long de 10 pistes, on a droit globalement à la même formule : des chansons un peu tristes, doucement molles, avec une voix déformée (« Have You Seen My Dream? »), une percu un peu surmixée (« No Credibility ») et une guitare avec un peu de reverb (« Spiral Eyes »). Ce sont toujours un peu les mêmes histoires qui sont déroulées : il y a de le pluie (« Rain’s House »), des morts (« Bodybag ») et des cadavres (« Tell Me If I Should Care »), mais toujours sur un ton primesautier. Et puis le disque se referme avec une chanson titre, presque comme il a commencé : une façon de signifier qu’il est temps de le remettre en terre, pour qu’une prochaine personne trouve le trésor.




L’arrière-queer de Milouch

Drag Moi de Sarah Meunier

Samedi dernier, je me promenais avec ma compagne et ma belle-mère à Montreuil (activité que je ne peux que vous recommander même si je vous avoue, je ne suis pas prête à prêter ma belle-mère). Quand tout à coup, PAF une expo sur les drags kings !! Et c'est trop rare qu'on parle de drag kings. 

Même ici, j'ai du en parler une ou deux fois grand max et j'avoue ne connaître que quelques noms quand je pourrais vous citer des palanquées de palanquées de drag queens (j'ai très envie d'en faire une chanson maintenant). 

Cette expo nous montre donc des photos de drag kings dans un style assez clinquant avec des mises en scènes très surchargées et viriles. Mais toute cette virilité, bien sûr, elle est subvertie avec classe comme seuls savent le faire les drag kings. 

Bref, c'est une petite expo très chouette (même si vous n'y allez pas avec ma belle-mère) et c'est jusqu'au 29 septembre. 




Et toi,

qu’as-tu compoté cette semaine ?



Par ailleurs :

— Je découvre l’existence du « gay sign variant », une version flamboyante du British Sign Language (dixit ce très chouette article de la BBC).

— Moi qui déteste cordialement les Captcha, pour tout un tas de raisons, ce jeu m’a fait rire jaune. Pas moyen d’en dépasser le niveau 15, cela dit.

— De la machine à écrire au télétype au clavier d’ordinateur, à travers les évolutions d’une unique touche.

— La coupe du monde de réparation de téléphone, un bon moyen de populariser le fait de bidouiller des réparations plutôt que de racheter un truc tout neuf.


Des bises

et peut-être à dimanche prochain, en compagnie des Beastie Boys.

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