La compote de Côme

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septembre 21, 2025

La compote de Côme #242 - du dimanche 14 septembre au dimanche 21

Des chevaliers, des monstres et des feuilletons fleuves.

Jeux de rôles

Please Let Me Go – Clairement, un jeu de rôle sur le syndrome de Stockholm, qui inclut dans son déroulé des choses provenant de la scène SM, ce ne sera pas pour tout le monde… Il y a cependant quelque chose d’intéressant dans cette méchanceté assumée et consentie, d’un jeu qui ne cache pas son propos derrière des métaphores ou des faux-semblants !



Blood & Tears – J’ai découvert par hasard cette semaine les jeux de Michael Elliott, qui entre pour moi dans le club des gens cool qui produisent beaucoup de jeux cool ; par exemple ce Blood & Tears, un riff très convaincant sur le genre du jeu de vampires, qu’on pourrait résumer en disant que c’est fait pour jouer à plusieurs à The Thousand Year Old Vampire, même si ce serait aller un peu vite en besogne : certes, on y manipule principalement des souvenirs, aussi bien comme monnaie que comme outil narratif, ce qui produit (sans doute) le genre de récits en enchâssement dont je raffole, avec des sauts narratifs dans tous les sens...


Fealty – Un autre jeu de Michael Elliott, qui va cette fois chercher du côté du jeu de cour, me rappelant cette campagne du Dilemme du roi dont je verrai peut-être un jour le bout (ou pas). En effet, dans Fealty on va incarner des nobles devant gérer de nombreux problèmes et autres choix cornéliens, en préservant les ressources du royaume et sa propre vie… Le tout avec des cartes à jouer mais surtout des pièces d’échec, qui arrivent un peu comme un gimmick mais il y a tellement peu de jeux qui font ce choix que ça en devient cool par essence !



Bandes dessinées

Nimona – Je ne sais plus qui m’avait parlé de Nimona mais c’est une personne de fort bon goût : certes, c’est un récit pour ado en surface assez classique, avec un grand méchant pas si méchant et des gentils pas si gentils, mais avec quelques rebondissements bienvenus et une protagoniste éponyme qui se révèle beaucoup plus complexe qu’escompté, tout en conservant ses zones d’ombre… Ajoute à cela une romance queer en arrière-plan mais pas vraiment cachée, et me voilà conquis !


J + K – Celui-là je sais, c’est l’ami Nicolas qui me l’avait conseillé, principalement pour sa forme matérielle absolument dingo : un bouquin bourré de goodies, du fascicule bonus au petit disque à écouter pendant la lecture… Tenir ce livre entre ses mains, c’est tenir une sorte de fanzinothèque rassemblée entre deux couvertures, un vrai bonheur. C’est d’autant plus décevant que J + K se révèle par ailleurs relever du récit de fanzinat tel que déjà lu des dizaines de fois, autour de deux losers qui ne font que traîner et se fourrer dans des plans plus ou moins glauques sans le vouloir. Graphiquement, cet univers qui semble fondre entre les doigts est assez convaincant, mais pas assez pour me faire frétiller...



Non-fiction

Cordon tombe – À la maison, on avait adoré le livre précédent d’Aurélie Olivier, petit bijou de poésie rurale accessible aux gens qui comme nous ne pannent pas grand-chose à la poésie. Il faut bien dire que Cordon tombe était attendu avec une certaine impatience, ce qui explique peut-être ma déception… C’est aussi que le sujet (les dénis de grossesse, pour aller vite) était ambitieux et qu’il y aurait eu mille choses à dire dessus ; mais le poème ne survole finalement que rapidement ceci, parle un peu du cas personnel de l’autrice, et ne fait que tourner autour du pot, alors qu’on aurait aimé qu’il plonge dedans, dommage !



Page de pub

Les Sœurs Forbannes – Au printemps dernier, j’avais un peu de temps libre, alors j’ai pété les plombs et écrit (et mis en page) 36 jeux de rôle en 36 mots. Certains sont pas terribles, d’autres terriblement expérimentaux, et quelques-uns pas mal ; ils ont tous été publiés, ou révélés dans des cabanes secrètes, sauf un… C’est que j’attendais patiemment que le fabuleux dessinateur Helkarava fasse sa part du boulot sur ce mini-jeu que nous avions décidé de faire à deux, et voici que la chose est enfin faite ! À ce niveau de beauté, je ne suis pas déçu de l’attente, plutôt de moi qui aurait pu confier un meilleur jeu aux plumes d’Helka. En même temps ça nous aurait privé d’un jeu sur des meufs pirates qui se vengent du patriarcat, ç’aurait été dommage… En tout cas je n’ai pas tout à fait fini de t’en parler, car mon petit doigt me souffle qu’une version imprimée serait dans les tuyaux, mais chut j’ai rien dit.


Films

The Green Knight – Après avoir assisté cet été à une partie de Mythic Bastionland, j’avais envie de revoir The Green Knight et d’en profiter pour le faire découvrir à des ami.es cinéphiles. Il conserve, au revisionnage, cette ambiance de chevalerie poisseuse et cette magnifique photographie que j’avais gardées en mémoire ; j’y vois aussi, de manière plus acérée qu’avant, un regard sur une forme de masculinité toxique poussant le courage et l’honneur comme vertus cardinales, au défi de toute logique. En tout cas, cette relecture moderne du mythe arthurien m’a presque donné envie de me confronter au(x) texte(s) originel(s), mais je vais rester raisonnable...


Atonement – Lancé en plein dans des analyses ambitieuses avec mes élèves de Terminale, je leur ai confié ce film à voir la semaine dernière avant de m’apercevoir que je ne l’avais jamais vu moi-même ; l’erreur était donc à réparer… Certes, il présente de beaux moments visuels (le long plan séquence vers la moitié du film est incroyable) mais je ne peux m’empêcher de penser que cette histoire à tiroirs, découpée en époques distinctes, aurait bien mieux marché en pièce de théâtre, ou sous sa forme littéraire d’origine. Tel quel, c’est un mélange entre une histoire de traumatisme un rien bourgeois et des scènes de la seconde guerre mondiale depuis les bas-côtés qui prend un peu trop son temps pour me convaincre tout à fait.


La Belle et la Bête – Évidemment que Madeleine a préféré la version de Disney à celle de Cocteau : dans celle-là il y a des chansons et les objets qui parlent sont tout de même bien plus rigolos ! Pour ma part, une fois passé le choc de l’animation moche de 1991 (les décors assistés par ordinateur, au secours, et je ne parle même pas de la mauvaise synchronisation des paroles avec les mouvements de lèvres), j’ai été frappé de voir à quel point le film commençait par poser une Bête réellement effrayante et sauvage… Avant de l’adoucir vite fait bien fait et de réduire le dilemme de Belle à peau de chagrin. Conséquence de ce manque de suspense, une surenchère de chansons dont on se serait bien passé… Bref, de La Belle et la Bête tout le monde se souvient surtout du chandelier qui parle, et ce n’est pas un hasard.


Jeu vidéo

Shogun Showdown – Une fois de plus est venu ce moment de sincérité, celui d’admettre que je n’irai pas plus loin dans Shogun Showdown maintenant qu’il est coincé entre mes relectures de DROD et ma partie de Silksong, sans parler des DLC de Rise of the Golden Idol et autres jeux sur liste d’attente… C’est un peu dommage, car Shogun Showdown est un très bon petit jeu de roguelike, dans lequel on progresse de combat en combat avec un système de tour par tour qui permet d’assumer pleinement ses erreurs sans (trop) blâmer le hasard. La sensation de progression est quant à elle bien là, mais sans doute trop lente pour tout à fait me satisfaire, ce qui explique sans doute mon désintérêt croissant pour le jeu… Tant pis, le shogun restera en place.



Podcast

La Chute de Lapinville, chapitres 3 à 7 – Pour tout un tas de raisons pas très intéressantes, j’ai beaucoup écouté La Chute de Lapinville cette semaine, atteignant l’épisode 200 sans lassitude ni ennui mais au contraire un enthousiasme grandissant pour cette fiction quotidienne en podcast. C’est très certainement dû à la multiplicité des points de vue, intégrant notamment des stéréotypes que j’aime beaucoup (le personnage plus bête que méchant, le personnage trop gentil qui se fait marcher sur les pieds sans perdre de sa gentillesse) et à une intrigue qui devient réellement dense et intéressante au lieu de ne servir que de toile de fond à des situations absurdes. De fait, la série maintient son équilibre entre une sorte de surréalisme gentillet et une histoire feuilletonnante qui fait qu’on a constamment envie de se projeter vers la suite… ce que je continuerai à faire avec entrain !



Musique

Tôle Froide, La Redoute - Cette semaine je me suis enfoncé dans les cavernes du punk minimaliste et expérimental, en passant de Taulard à Noir Boy Georges à Maria Violenza avant de finir chez Tôle Froide, trio féminin que je découvre et adore immédiatement, dès le premier titre qui me rappelle par la bande les ex de Smoosh, en version dark et nihiliste (pfou, ça en fait du name dropping en une seule phrase). Mais bon, j’étais cueilli d’avance avec ce combo « chœurs féminins » + «synthé à moitié ironique » + « chansons antiflics »… Ça danse admirablement sur deux pieds entre désinvolture musicale, un brin guillerette, et une sorte de colère désespérée qu’on sent dans les fissures d’arrière-plan. Je pourrais franchement lister tous les titres ici tant ils débordent d’extraordinaire, mais cette chanson sur les règles gagne sans doute la médaille d’or sans se fouler. Bref, voilà encore un groupe formidable découvert par hasard, et je m’en vais dès à présent écouter tous les autres groupes dans lesquels ces 3 femmes ont collaboré, car il y en a un paquet… dont je te reparlerai peut-être ?



L’arrière-queer de Milouch

Les Genres Fluides de Clovis Maillet

Bon, je pense que j’ai suffisamment saoulé tout le monde avec le fait que je suis dans une phase Moyen-Âge pour que vous soyez au courant !

Mais aujourd’hui, j’ai pu comboter plusieurs passions en lisant un livre qui parle à la fois de Moyen-Âge et de représentation queer dans ce dernier.

Ça faisait quelques années que j’avais croisé ce livre mais c’est une interview de Clovis Maillet sur Passion Médiéviste (encore…) qui m’a convaincu de le lire !

Dans ce bref essai / ouvrage historique, Clovis Maillet nous présente plusieurs cas réels ou fictifs de personne trans, genderqueer ou en tout cas défiant les normes de genre au Moyen-Âge… C’est clair, compréhensible pour les non spécialistes et vraiment intéressant en termes de panorama. Il y a quelque classicos : Jeanne d’Arc, Le Roman de Silence (souvenez-vous !) mais aussi des cas moins connus / plus obscurs mais néanmoins très intéressants.

La grosse critique que j’aurais à faire à ce bouquin, c’est qu’il ressemble parfois plus à une galerie de personnages qu’à une réflexion plus globale et que l’on nous parle plus de représentation que de vie, de dynamique sociale… Alors évidemment quand on parle de représentation, ça nous renseigne aussi souvent sur les dynamiques sociales à l’œuvre mais j’ai trouvé que ça manquait un peu de développement sur l’aspect : qu’est ce que ça nous montre des pratiques de genre (et particulièrement des assauts contre ce dernier) au Moyen-Âge. Après, comme le dit Clovis Maillet, on en est au tout début des interrogations sur ces questions à cette période et je pense que le livre se veut surtout une ouverture vers le grand public sur ces questions.

Donc, à quand plus de bouquins sur la question ?! 


Et toi

Steve : Oh, j'ai pensé à toi en terminant Type Help. Cela me met dans une position délicate parce que ce "detective game" disponible gratuitement sur itch vient rejoindre les Outer Wilds, les A Leap Year et autres Blue Prince dans la catégorie « c'est formidable mais je ne peux rien te dire dessus ». C'est dommage parce qu'il s'agit d'un jeu qui se joue uniquement via une console de commande affichant du texte blanc sur fond noir ce qui en fait peut-être le représentant le plus austère, et le moins immédiatement attirant, du genre. Cet abord forcément un peu rugueux cache bien évidemment... des trucs qu'il serait dommage de te décrire en détails. Disons quand même que le jeu parle notamment d'une série de meurtres dans un manoir ce qui m'a évoqué le Ils étaient dix d'Agatha Christie, plus précisément il m'a rappelé les frissons ressentis en lisant ce roman alors que j'étais encore enfant... sauf que nous sommes maintenant en 2025 ce qui permet au créateur d'introduire une pincée d'analog horror derrière sa console de commande.



Et toi, qu’as-tu compoté cette semaine ?



Par ailleurs :

— Folie et poésie des adresses au Costa Rica.

— Je suis beaucoup trop mauvais en Sudoku pour m’y coller vraiment, mais ce mélange entre le genre de puzzle bien connu et le metroidvania est du pur génie.

— Scandale au championnat de ricochet. Ça pourrait paraître stupide, mais en réalité ça me ravit que des gens prennent très sérieusement un passe-temps tout à fait inepte.

— Je découvre ce formidable moyen de contestation qu’est « l’opération canard » (rendu encore plus formidable par l’emploi de l’adjectif « redoutable » par le Figaro, preuve qu’on va dans le bon sens).


Des bises

et peut-être à dimanche prochain, en compagnie de Taulard.

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