La compote de Côme #240 - du dimanche 31 août au dimanche 7 septembre
Des clowns, des nains et des yeux.
Jeux de rôles

Huit mille millards of TTRPGs – Comment ne l’ai-je pas vue venir, cette réinvention de l’ouvrage séminal de Raymond Queneau sous forme de jeu de rôle ? Car après tout, si on peut aisément découper un sonnet en 12 segments reconfigurables à l’infini ou presque, pas de raison qu’on ne puisse faire de même avec 12 règles/préceptes d’un jeu qui serait le reflet de huit mille milliards d’autres jeux possibles… En un sens, je suis un peu déçu, car je crois qu’on peut difficilement faire plus OuJePien que ceci, moi qui croyais que ce genre de quête prendrait des années !

Wind Wraith – Je continue de développer dans un bout de ma tête mon fantasy heartbreaker à moi, une sorte de version de Wind Waker en jeu de rôle… Je ne pouvais donc que m’intéresser à ce Wind Wraith qui, avec ses atours OSR pleins de fantômes et de navires à la dérive, propose surtout un système très robuste pour créer un océan sur lequel repose un archipel d’îles toutes plus mystérieuses les unes que les autres. Ce n’est absolument pas la direction que je souhaite prendre personnellement, mais en tant que boîte à outils, c’est un exemple du genre !

Hoarding – Voici encore quelque chose qui défie les catégories, pour mon plus grand plaisir. Est-ce un labyrinthe textuel ? Un poème dont on découvre les fragments au hasard ? Un jeu solo sur quelqu’un souffrant du syndrome de Diogène ? Tu te doutes que la réponse est tout simplement « oui », et que ce jeu est une preuve de plus qu’on peut faire de très belles choses sans forcément avoir les compétences techniques les plus développées du monde.

Clown Helsing – Juste avant de mettre sous presse, je découvre ce jeu qui allie à son titre incroyable un concept qui ne peut pas rater, celui d’une bande de clowns combattant les vampires en les ridiculisant (car il n’y a pas meilleur straight man que Dracula, comme chacun sait). Sous ce couvert, le jeu se révèle être une excuse pour mettre en scène les pires gags qui soient et se défier à Pierre/Feuilles/Ciseaux, et je suis loin de prétendre qu’il s’agit là d’une mauvaise chose !
Bandes dessinées

Rosalie Blum tome 1 – L’amie Jessica m’avait déjà fait découvrir l’œuvre de Camille Jourdy par son versant jeunesse ; je découvre ici sa trilogie pour adultes qui convoque la même tendresse envers des personnages un peu paumés, mais dans un cadre beaucoup plus réaliste. Ce premier tome pourrait paraître un rien glauque avec son protagoniste qui suit une jeune femme sans qu’elle le sache, mais les indices sont suffisamment présents pour qu’on devine (un peu) la suite, celle de solitudes qui s’entrechoquent… À suivre donc !

Les Fleurs rouges – Deux Tsuge différents sont tombés de ma pile de lecture cette semaine, et grâce aux éditions Cornélius je continue de découvrir des facettes inconnues pour moi de la bande dessinée japonaise. D’abord cette œuvre de Yoshiharu Tsuge, qui déploie ici une sorte de ligne claire allant fouiner du côté de la mort, des cadavres, des bas-instincts en général, avec pas mal de récits en forme d’auto-fiction, des dessins de lieux de plus en plus isolés qui cachent mal une certaine angoisse.

Jeux de nuit – Autre ambiance avec ce volume de Tadao Tsuge, au trait également singulier, avec cette collection de visages dépourvus de détails ou presque ; on y croise une bande de personnages dont les récits se rencontrent, cheminent côte à côte dans les bas-fonds avant de partir chacun de son côté, sans qu’on sache tout à fait s’il s’agit à chaque fois des mêmes personnages ou d’une collection de masques interchangeables.
Non-fiction

Le Secret de la chambre de Rodinsky – Ça s’annonce comme un mystère : celui d’un juif volatilisé du jour au lendemain en plein cœur de Londres, sa chambre laissée comme telle des décennies durant au-dessus d’une synagogue… Il ne fallait pas moins de quatre mains pour mener l’enquête, sauf qu’on comprend vite qu’il n’y a pas grand-chose à trouver sur Rodinsky lui-même : alors tout ceci va devenir une excuse pour aller chercher dans la mythologie londonienne et dans les racines de ses quartiers juifs, si lointaines fussent-elles. Le résultat, c’est ce livre tentaculaire, qui va à la fois partout et nulle part, en une logorrhée irrésistible qui nous portera, malgré tout, vers le fin mot de l’histoire.
Séries

Fort Boyard saison 36 – Comme chaque été, la tradition nous a poussé à regarder Fort Boyard… Avec cette fois-ci une différence de taille, puisque Madeleine a pu voir les émissions avec nous, pour son plus grand plaisir ! À son tour de rigoler face aux plats dégueulasses de Willy, de s’esbaudir face à Lady Boo et Felindra, les seuls deux personnages féminins du jeu, qui n’ont toujours pas la parole (non mais cette émission, c’est vraiment n’importe quoi)… Et un double moment d’émotion pour nous puisque c’est le départ d’Olivier Minne et de son grand charisme, après 22 ans d’antenne. À voir où tout cela va aller à présent, avec une émission sans présentateur annoncé et un fort en déliquescence...

Rick and Morty saison 8 – Comme toutes les séries que je regarde qui atteignent un nombre vénérable de saisons (OK, pas 36, mais tout de même) il n’y a plus grand-chose de neuf à dire sur Rick and Morty : ça demeure très drôle, souvent novateur, parfois un peu trop edgy pour son bien mais on pourrait s’attendre à bien pire à ce stade. Les créateurs de la série continuent de faire progresser ce qu’il serait un peu exagéré de qualifier d’intrigue par à-coups, y préférant des thèmes plus transversaux comme celui de la famille et de la paternité qui accompagne plusieurs épisodes de cette saison. Pas de quoi amener moult émotions, tout de même, on n’en est plus là…

Taskmaster saison 5 – On va se calmer sur les visionnages de Taskmaster, d’abord parce que la saison 20 commence la semaine prochaine et qu’elle va avoir la priorité, ensuite parce que là aussi ça devient compliqué d’écrire des choses intéressantes dessus à part que c’est toujours aussi drôle et inventif, un vrai plaisir pour te remonter le moral après le tunnel des journées sans fin. Cette saison, outre le focus très marqué sur les choses scatologiques qui m’a évidemment ravi et une curieuse obsession pour les noix de coco, je me suis rappelé ce que disait Alex Horne sur l’écriture des tâches elles-mêmes : que, la plupart du temps, elles n’impliquaient que des objets du quotidien, afin que les gens puissent s’en inspirer pour refaire des épreuves chez eux. Et ma foi… Il y a bien l’anniversaire de 6 ans de ma fille bientôt… C’est très tentant !
Spectacle

Marc Maron: Panicked - Qu’est-ce que tu fais, si tu es un comédien un rien edgy dans un pays en voie de fascisation à grande vitesse ? Évidemment, tu fais un stand-up pour tenter d’expier la plupart de tes angoisses, car il vaut mieux rire, les dents serrées, face à l’abîme, que se foutre en l’air. Marc Maron a toujours eu pour moi cette image du type qui aime triturer le non-politiquement correct, pas toujours très finement, mais dans ce special là il déverse ses névroses existentielles d’une façon qui semble honnête et à laquelle il est tentant de s’identifier, pas dans les détails mais dans le sentiment général. Une sorte de doigt d’honneur face au trauma, au fascisme, au monde qui s’écroule, car c’est toujours mieux que rien.
Film

Calamity, une enfance de Martha Jane Cannary – J’avais beaucoup aimé Tout en haut du monde, le film précédent de Rémi Chayé ; à cause des chansons de Syd Matters qui y figurent, sans aucun doute, mais aussi la façon dont il peignait cette soif de grands espaces et les grandes aventures qui vont avec. Il me semblait opportun de montrer à Madeleine ce nouvel opus, qui romance très largement l’enfance de Calamity Jane pour en faire une petite fille qui n’a pas froid aux yeux, se déguise en garçon et se venge des injustices à son égard ; une bonne leçon de vie, en somme. Le film partage cet amour des grands paysages, avec peut-être un peu plus de violence, mais aussi d’humour, que le précédent. Les péripéties se répètent un peu mais si ça permet à Madeleine d’aimer l’indépendance et de se méfier des kékés de toutes sortes, c’est déjà pas mal !
Jeu vidéo

DROD : King Dugan’s Dungeon – Maintenant que j’ai un nouvel ordinateur, je vais pouvoir enfin jouer à tous ces jeux modernes qui m’ont éludé pendant des années ! Comme par exemple, tiens, Silksong cette vieillerie de 2005 que j’ai retraversée cette semaine… OK, mauvais exemple, et promis je finirai par te parler de choses qui ont moins de 20 ans, mais la série des Deadly Rooms of Death reste pour moi iconique dans son mélange entre puzzles et stratégie, avec son système de « tour par tout » qui pousse à la réflexion. Cette première entrée n’est pas la meilleure du genre, avec des niveaux parfois un peu rébarbatifs, surtout vers la fin, et une absence quasi-complète d’intrigue, mais je suis content d’avoir remis un pied là-dedans, et je suis bien parti pour me refaire toute la saga...
Musique

Yunis, Ninety Nine Eyes – Je continue d’écouter chaque semaine l’excellent podcast Le Morceau caché, dans lequel il n’est pas rare que je découvre des nouvelles pépites ; mais pas toujours du niveau de qualité de cet album de Yunis, qui me tombe sur le coin de l’oreille comme un météore. Ce sont deux morceaux, ou plutôt deux fragments cosmiques qui, après une introduction de 4 minutes en forme de mise à feu, vont aller explorer un mélange musical entre mélodies d’instruments égyptiens et boucles à la frontière de l’électro, qui s’installe en vrille cérébrale ; pour mes oreilles habituées à la musique occidentale, le dépaysement est total. Ça chuinte, ça hulule, ça balance des sonorités aiguës et je n’ai plus de mots à mettre sur une telle musique qui tient aussi bien de l’hypnose que de la danse infinie, perdue dans on ne sait quelles vapeurs...
L’arrière-queer de Milouch

Les Falaises de Virginie Deschamplain
C’est ma compagne qui m’a recommandé ce superbe livre en me disant : « c’est super, ça parle de deuil et au milieu y a quelques scènes d’amour lesbien ». Évidemment, j’étais emballée.
Les Falaises racontent donc l’histoire de V. dont la mère vient de mourir et qui part trier sa maison dans son village natale en Gaspésie. C’est à la fois une plongée dans les archives des femmes de sa famille (surtout sa mère et sa grand-mère) mais aussi un parcours de deuil et de reconstruction qui passe par l’intermédiaire d’une relation lesbienne plus ou moins distendue et d’un voyage initiatique en Islande. Le livre capture très bien ces moments d’errances et de flottement qui accompagnent le deuil. C'est à la fois doux et meurtrissant. Comme une sieste sur un carrelage froid.
Le mass et la plume

J’ai joué à Uncharted: The Lost Legacy.
Je suis plutôt ce qu’on appelle un casual player : j’ai du mal à rester longtemps sur un jeu, un peu comme avec les séries que je peine à finir. Mais j’aime quand même jouer, et je suis tombé sur une vidéo YouTube présentant un top 10 des meilleurs jeux pour courtes sessions. Uncharted: The Lost Legacy y figurait, et il était gratuit sur ma PS5. J’avais déjà terminé, il y a longtemps, le tout premier opus de la saga, que j’avais beaucoup aimé.
Je me suis donc lancé dans l’aventure, ou plutôt j’ai lancé Chloé Frazer, partie à la recherche de la défense de Ganesh, accompagnée de la mercenaire Nadine Ross. Ensemble, elles affrontent les soldats d’Asav, le grand méchant — qui, sans surprise, cherche la même chose qu’elles.
L’histoire est prenante, les énigmes accessibles sans être trop simples, les combats équilibrés (je joue en mode Facile +), et l’animation est vraiment réussie. Les cinématiques sont nombreuses, ce qui n’est pas pour me déplaire.
C’est un jeu parfait pour un joueur occasionnel comme moi. J’en suis à six heures de jeu et je sens déjà que la fin approche. J’avais décroché rapidement du deuxième opus à cause d’un puzzle bloquant, mais ce spin-off m’a agréablement surpris. Je recommande.
Et toi,
qu’as-tu compoté cette semaine ?
Par ailleurs :
— Des trucs qui vont par quatre.
— Des jours de la semaine, et des dieux païens.
Des bises
et peut-être à dimanche prochain, en compagnie de Mt. Oriander.