La compote de Côme

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août 17, 2025

La compote de Côme #237 - du dimanche 10 août au dimanche 17

Pas d'images cette semaine, la faute à mon setup de secours !

Jeux de rôles

Sur la Route - Ce n’est pas souvent que je peux lire un jeu et le tester dans la même semaine, alors j’en profite ! Je suis plutôt client de Pour la reine dans son aspect « jeu de rôle au plus près de l’os », c’est-à-dire des cartes avec des questions auxquelles on répond pour créer ensemble une histoire et ses personnages ; mais le cadre proposé par le jeu originel n’était pas ma plus grande tasse de thé, et les diverses déclinaisons de la gamme For the Story m’ont paru rajouter de la complexité pas forcément bienvenue là-dessus, ou amener des thèmes qui ne me parlaient pas. Rien de tout ça avec Sur la route qui, en tournant autour du thème du voyage, se révèle étonnamment large dans ses potentialités (pas moins de 36 cadres de jeu sont proposés) et qui a de plus l’élégance de laisser le rythme de la partie entre les mains des joueurs au lieu de s’en remettre au hasard. Ma partie test fut plutôt du genre rigolote mais je repars convaincu de la possibilité d’en faire des parties d’une toute autre tonalité, et j’ai très envie de le ressortir bientôt de la boîte !

Remnants of the Almanach - Très séduit par le titre tout en manipulations typographiques de ce jeu de bandits itinérants, j’ai été un peu surpris de trouver un PDF dépourvu de couverture et au style graphique un peu en deçà de ce qu’il me laissait espérer ! RotA est néanmoins loin d’être un mauvais jeu, qui s’appuie assez intelligemment sur le système de Brindlewood Bay pour en transformer la logique d’enquête en course au trésor autour d’un monde dévoilé par petites touches. Il fait partie des jeux lus dernièrement que j’ai envie d’amener sur une table, ce qui est suffisamment rare pour être mentionné !

Koriko: A Magical Year - Rares aussi sont les jeux de rôle que je relis pour le plaisir… Mais les productions de Jack Harrison sont toujours des bijoux sur tous les plans - visuellement, ludiquement, en termes d’écriture et de pédagogie… - et j’avais besoin de feuilleter à nouveau Koriko, car je n’avais jamais encore jeté un coup d’œil au contenu supplémentaire de « Kiki la petite sorcière, le jeu » (en gros). Eh bien, si le matériel supplémentaire sur lequel je comptais un peu pour jouer au jeu en groupe n’est pas révolutionnaire, Koriko reste une pépite d’inventivité et de beaux sentiments, qui m’a enveloppé dans son univers dès les premières pages et dans lequel, à nouveau, j’ai envie de rester un moment…


Non-fiction

Déborder Bolloré - Différents textes de ce recueil, patchwork assemblé dans l’urgence, le disent très bien : Vincent Bolloré est le symptôme d’une progression rampante et systémique d’un fascisme qui va main dans la main avec le système capitaliste, et vice-versa. Dès lors, que faire d’autre que chercher à le désarmer mais aussi à le déborder, c’est-à-dire tenter de partir des zones qu’il a contaminées (ici on parle principalement de l’édition, mais aussi un peu de l’industrie en Afrique et des médias en général) pour savoir où en est leur état, et ce qu’on peut faire pour les sortir du marasme. Le combat n’est pas simple, il semble même parfois perdu d’avance et la lecture de ces textes m’a filé un gros bourdon… Mais c’est une lecture nécessaire, même pour celles et ceux qui, comme moi, se sentent un peu désœuvré.es face à la marée qui vient.


Série

Arcane saison 2 - Je n’avais pas été méga-emballé par la première saison d’Arcane mais bon, ça se laissait d’autant plus regarder que c’était visuellement splendide, tout comme cette saison 2 d’ailleurs. Il ne fallait pas en attendre quelque chose d’incroyable, c’était après tout l’adaptation d’un mastodonte du jeu vidéo, mais les personnages étaient attachants, ça fonctionnait. Et puis je ne sais pas pourquoi mais cette saison 2 n’a pas réussi à allumer la moindre flamme d’intérêt en moi : trop d’intrigues en parallèles, trop de développements à la va-vite, trop de montée en puissance avec de la magie cosmique et des guerres immenses… Heureusement que c’est beau, sinon je pense que je n’aurais pas poussé jusqu’au bout.

Films

Midsommar - Je n’avais pas vraiment aimé Hereditary, premier film d’Ari Aster, mais plutôt apprécié son 3e… Allais-je trouver Midsommar pile au milieu ? Bingo ! Une fois de plus, la cinématographie est impeccable, et j’ai apprécié les petites variations sur le schéma classique du film d’horreur, puisqu’on est plus ici dans une sorte de malaise permanent et qu’il est autant question de relations de couple que de folk horror. Hélas, le contexte de Midsommar se vautre dans les clichés et ses personnages demeurent trop plats et peu développés pour qu’on se soucie un tant soit peu d’elles et d’eux… En tentant de jouer à la fois sur le thème de la folie un brin absurde et du psychologisant, le film échoue peut-être à choisir son camp et finit par ne convaincre sur aucun des deux tableaux.

Only Lovers Left Alive - Il n’y a pas à en douter, OLLA (dont je réduis le titre magnifique à un ridicule acronyme) est un film pour les nerds : les fans de vampires, les fans de musique, les fans de littérature. C’est un film sans subtilité mais avec les histoires de vampires, la subtilité ne fait pas souvent bon ménage : autant y aller à fond dans le romantisme éperdu et dans les références à la pelle, avec juste une pincée d’intrigue pour faire tenir le tout. On a l’impression que je me plains, mais pas du tout : j’ai adoré OLLA, qui assume de mettre tous ses curseurs à 11, et je me suis perdu avec délice dans cette histoire d’amour éternelle.

Jeu de société

LOK - Je ne te raconterai pas ici la déception qu’a été notre test du jeu Intime Conviction et vais plutôt profiter de ma 2e partie de LOK (3e en comptant la version numérique) pour redire tout mon amour pour ce jeu et son créateur. J’avais besoin de me relancer dans ce jeu de noircissement de cases avant d’essayer son dernier né, WORKWORKWORK, et pour me guérir un peu du saignement de cerveau qu’a été ABDEC… Et ma foi, ça fait du bien de revenir à des puzzles plus simples, clairement expliqués, avec tout de même une révélation progressive de mécaniques incroyables qui paraissent toutes évidentes une fois qu’on les a découvertes. La courbe de progression est impeccable, le fascicule regorge de puzzles bonus plus ou moins cachés… Vraiment une masterclass du genre.

Musique

Hard ’n Phirm, Horses and Grasses - « Faire des choses stupides mais le faire sérieusement » est un mantra qui revient souvent dans mon travail d’auteur rôliste : j’aime la gaudriole autant que toi, mais lorsqu’elle est réalisée avec application, elle acquiert quelque chose de plus qui me plaît tout à fait. C’est exactement ce qu’on trouve dans Horses and Grasses, unique album d’un duo de 2 potes formé uniquement pour sortir l’un des deux de sa dépression et créer un medley bluegrass de titres de Radiohead. C’est de la comédie pour gros nerds musicaux mais avec un talent mélodique indéniable, et il aurait été dommage d’en rester là ; alors pourquoi ne pas composer une chanson (et un clip fabuleux) à la gloire du nombre π ; une chanson d’amour en mauvais espagnol à la gloire du cœur (l’organe, pas le sentiment) ; une ballade patriotique pour célébrer les dinosaures ou encore une improvisation qui tient autant du funk que du sketch sonore… La grande force de Horses and Grasses, outre que c’est un disque dont les chansons sont souvent très drôles, c’est que ses chansons sont impeccablement composées et restent presque toutes dans la tête. Bref, c’est un truc stupide fait avec le plus grand sérieux du monde.


L’arrière-queer de Milouch

Portraits détaillés de Lucien Fradin

Au départ, il y a la découverte d'un carton de réponses à une petite annonce paru dans Gai International dans les années 80. Lucien Fradin les classe, monte un spectacle autour et les publie et les commente dans ce livre. 
C'est à la fois un portrait en creux de la communauté gay des années 80 par l'intermédiaire de ces lettres tantôt acerbes et tantôt espérantes et un récit sur la trajectoire gay de Lucien Fradin. On y croise de l'angoisse, de l'homophobie, des relations au long court et des coups d'un soir mais surtout, beaucoup de tendresse.
Cette tendresse déborde vraiment du livre qui est une lecture très réconfortante en ces temps. Tissant tout un pan d'histoire gay.
Ça m'a fait repenser à l'autrice des Marsouines. Elle m'avait proposé il y a un an maintenant de prendre un café virtuel pour discuter des vies lesbiennes des années 90 mais pour des questions de temps et de mails qui se croisent, ça n'a pas pu se faire.
Je fonds maintenant sur chaque récit un peu archivesque de nos histoires. Je crois que j'ai tellement peur que tout cela disparaisse que je me dis que les paroles doivent être inscrites quelque part. C'est sûrement un peu naïf mais j'ai l'impression que c'est les mêmes naïvetés qui ont pu guider l'auteur de ce texte.


Le mass et la plume

J’ai lu Avalanche de Raphaël Haroche.
Comme si lire uniquement les livres du club de lecture du Discord Le Bocal ne suffisait pas, je me suis inscrit comme juré pour le Trophée Folio-Elle 2025 (nous sommes 100).
Huit livres de poche à lire avant la mi-octobre : le défi est lancé. J’ai terminé le premier il y a déjà quelques semaines. Voici donc mon retour, en avant-première.
On suit Léonard, le narrateur, âgé de 15 ans, en pleine adolescence, traversée de remords, de doutes et de blessures. Il doit vivre avec une mère disparue dans un accident de voiture, un père absent, une grand-mère qui lui fait honte et un jeune frère talentueux mais souffrant d’une forte anxiété sociale. Tout cela sur fond d’années de découvertes sexuelles et affectives. Pour couronner le tout, la fratrie se retrouve dans un établissement privé pour adolescents issus de familles aisées.
L’auteur nous fait ressentir toute l’ambivalence de ce jeune perdu, honteux de ses origines populaires — ce qui se traduit notamment dans son attitude envers sa grand-mère —, tiraillé entre la protection d’un frère fragile et le désir de mener sa propre vie. On se perd avec lui dans ce faisceau de difficultés. Léonard n’est pas attachant : il est simplement un adolescent individualiste parmi les plus individualistes — les enfants de riches — qui n’arrive ni à se reconstruire, ni à vivre avec ses blessures. C’est un roman d’apprentissage où l’apprenti semble déjà avoir échoué, même s’il lui arrive de vouloir bien faire.
Le style de Haroche est clair et facile à lire. Pour ma part, ce fut une lecture agréable malgré la lourdeur du sujet. Ma note : 6,5/10.

Et toi

Et toi, qu’as-tu compoté cette semaine ?


Par ailleurs :

— Je t’ai déjà parlé de l’infolettre hebdomadaire que nous partageons avec Milouch ; voici que débarque sur mes radars un outil pour te permettre de faire grosso modo la même chose !
— Il y a 47 ans qu’ils ont retiré la bonde géante du canal de Chesterfield.
— Steinbeck a écrit un roman policier avec un loup-garou, et c’est pas terrible.

Des bises

et peut-être à dimanche prochain, en compagnie de Anamanaguchi.

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