La compote de Côme #235 - du dimanche 27 juillet au dimanche 3 août
Une livraison complètement déglingos.
Jeux de rôles

Let the World Burn - On m’a opportunément signalé cette bizarrerie qui a plus de 10 ans et s’est échappée de la scène ludique scandinave, jamais avare d’expérimentations, pour arriver jusqu’à nous. C’est une histoire de ville rêvée qui se délite sous nos pas et de projection amoureuse fantasmée ; à la fois un jeu de rôle complet et un long scénario linéaire ; un artefact d’un certain endroit, d’une certaine époque qui résonne encore fortement aujourd’hui…

The Sun’s Ransom - Avec un ami, nous avons depuis un moment le projet d’un jeu dans lequel il faut se battre contre le soleil ; je ne sais pas si ce jeu s’écrira un jour mais cela ne m’empêche pas d’aller chercher des inspirations ici ou là, par exemple dans The Sun’s Ransom dans lequel des vampires veulent faire revenir le soleil parce que sans lui les humains sont trop mous. Le zine est très joli et l’idée d’aller piocher des dés sur le soleil qui constitue sa couverture est assez maligne ; mais bon, pour Un milliard de lions contre le soleil je pensais plutôt à des stickers…

Les Sylvonautes - Sapristi, l’ami Thomas Munier sort un jeu Belonging Outside Belonging et il ne prévient pas les copains ! C’est regrettable car sa version du système BoB est très bien trouvée, avec des fiches de personnages déglingos et courant vers l’abîme, comme seul Millevaux sait en produire, et surtout tout un tas d’options qui permettent de propulser le récit vers l’avant en faisant l’économie de cadres ou de directives, comme on en trouve dans les autres BoB. C’est sans doute un peu moins facile à prendre en main que d’autres modèles du genre, mais très inspirant nonobstant !

Bullwinke and Rocky Roleplaying Party Game - Je suis tombé par hasard sur cette réédition (enfin disons-le clairement, « ce scan pas forcément autorisé et de pas forcément excellente qualité ») de ce jeu datant de la fin des années 80 et qui était des décennies en avance sur son temps — et pour une fois le qualificatif n’est pas usurpé : MJ tournant, des échecs qui font avancer, un système de traits pour les personnages, et puis tant qu’on y est une sorte de tourniquet au lieu de dés, et des marionnettes à doigts ! J’y retrouve d’ailleurs une structure de scénario très proche de ce que j’ai fait pour Aventures à plumes, comme quoi les bonnes idées apparaissent toujours plusieurs fois…

Histoires de monstres - L’ami Julien Pouard a été moins discret que Thomas pour sa dernière sortie et j’ai donc pu la lire tranquillement en début de semaine ! Il s’agit ici d’un recueil de 3 jeux solos, chacun reprenant un jeu précédent de Julien en le fondant dans une même thématique, celle du monstre comme figure oubliée par la société, qu’on va venir sortir de sa grotte (littéralement). Je trouve admirable cette façon de retravailler des jeux distants dans le temps et dans leurs thématiques initiales pour en faire un tout cohérent et bien plus fort que ce qu’étaient les 3 jeux individuellement, tout en montrant 3 façons différentes de faire du jeu de rôle tout seul ! De la bien belle ouvrage donc.
Bandes dessinées

Lou ! tomes 1 à 8 + Sonata 1 et 2 - De passage dans la maison maternelle, je redécouvre la série Lou ! dont je n’avais lu que quelques tomes piqués à ma sœur il y a bien des années, en m’en détournant assez vite parce que ça parlait un peu trop d’histoires d’amour adolescentes et lassantes. À la relecture de l’intégrale, je retrouve ce ton pas forcément passionnant dans les premiers tomes, qui est néanmoins rattrapé par un modèle parental déglingos, ce que j’apprécie toujours dans la fiction. La série prend véritablement son envol après une très étrange parenthèse science-fictionnelle, comme si Julien Neel avait ressenti le besoin de mettre un gros coup de pied dans son œuvre. Ça ne marche qu’à moitié mais les tomes suivants, sans parler de la continuation Lou ! Sonata, s’écartent des amourettes adolescentes de façon bienvenue et s’attardent plus sur les états d’âme de l’héroïne, qu’on a commencé à suivre à 12 ans et qui est à présent jeune adulte (ou vieille ado). Je n’avais pas compris qu’il restait encore un tome à paraître pour conclure la série, et je ne suis pas persuadé qu’elle arrivera tout à fait à retomber sur ses pattes, mais c’est en tout cas une belle découverte avec des années de retard !
Littérature

L’École de la forêt - En parlant de belle découverte, je suis tombé complètement par hasard sur ce petit volume dont la prose m’a rappelé le Dans la forêt de Jean Hegland en plus étrange, ou certaines pages de Réjean Ducharme… Ça raconte l’échappée d’une secte, la vie dans la forêt, le début de l’adolescence, le plaisir de succomber à certaines folies, tout ça mélangé dans une joyeuse poétique qui s’affranchit de la linéarité narrative et refuse de livrer tout à fait ses mystères. Je sens que ce ne sera pas le dernier livre de Carla Demierre dont je parlerai ici, tant son écriture m’a séduit !
Page de pub

Détective Conan le Barbare - Il faut se méfier quand on me fait des blagues, parce qu’il y a une chance sur deux que ça se concrétise en jeu de rôle stupide fait avec beaucoup de sérieux ; on pourrait résumer ainsi Détective Conan le Barbare, né d’une discussion impromptue avec l’ami Steve. J’aurais pu en faire un hack de Lasers + Feelings mais je suis trop déglingos pour ça et c’était trop tentant d’imaginer un système grâce auquel Conan tape quand il veut enquêter et enquête quand il veut taper ; c’était aussi très drôle (de mon point de vue) de fournir une structure tout à fait valable d’histoire de détective, mais dans un monde pas loin de l’Hyperborée.
Voilà, tout est bon pour ne pas travailler, n’est-ce pas.
Film

Ratatouille - Je n’avais jamais vu Ratatouille, qui est essentiellement un film de mech, n’est-ce pas (mais si, un pilote monte dans un gros robot pour combattre les forces du mal, ne me dis pas que ça n’a rien à voir) et j’ai profité de vacances en famille pour rattraper cela. Alors oui, c’est très bien animé, le récit bénéficie d’un rythme soutenu et de l’absence totale d’intrigue secondaire, et je paierais cher pour savoir comment les scénaristes de Pixar ont eu une telle idée de déglingos, mais son message laisse à désirer à plusieurs endroits : d’abord parce que, comme l’a observé ma compagne, on pourrait résumer tout cela à « les humains utilisent des animaux à leurs propres desseins » (certes avec leur assentiment, mais tout de même) ; ensuite parce que le seul personnage féminin du film, initialement prometteur n’est utilisé que pour une vague intrigue amoureuse qui n’est même pas vraiment développée ou intéressante. Mais bon, ça a inspiré des memes rigolos alors qui suis-je pour juger ?
Jeu de société

Révolte ! - J’avais oublié de parler la semaine dernière de ce petit jeu de plis, rassemblant tout un tas d’esprits brillants et dont nous avons enchaîné les parties, signe de son efficacité. On y retrouve à la fois la sensation de la plupart des jeux de plis, avec de petites subtilités qui ajoutent un peu de stratégie (et parfois de bazar) dans les parties. J’aime beaucoup le fait que chacune des 4 familles du jeu ait un effet thématiquement justifié, qui s’apprécie encore plus quand on a comme moi longuement patouillé dans le Wastburg dont ce jeu s’inspire…
Musique

Jenny O., Automechanic - Il y a l’image de la meuf devant sa bagnole, capot ouvert, qui m’attire, bien sûr. Il y a aussi cette voix et cette ambiance désinvolte qui me font penser à du Shivaree, et mon attrait pour les musiques mélasses qui se prélassent. Mais Automechanic, premier album de Jenny O., n’est pas que la pâle copie de grandes sœurs plus douées ; il y a là-dedans de l’émotion, surtout quand on enlève la plupart des instruments, et beaucoup de soleil et d’espoir. C’est une machine pop des plus efficaces, qui parfois se dandine, toujours avec cette fausse facilité qui dissimule la grâce ; un autre disque à glisser dans la valise des vacances.
L’arrière-queer de Milouch
Pas d’arrière-queer cette semaine : Milouch est en vacances !
Le mass et la plume

J’ai vu Anora de Sean Baker, un film multi-récompensé (5 Oscars et 1 Palme d’or). Cela commence comme une sorte de pastiche de Pretty Woman, où Richard Gere est remplacé par un fils d’oligarque russe insupportable, et se termine en comédie à la fois burlesque et dramatique, digne des frères Coen.
J’ai eu du mal à cerner ce que je pensais vraiment du film, et à identifier clairement son sous-texte. Les personnages sont tellement humains que cela en devient absurde. Ce que j’ai trouvé vraiment positif, c’est que le réalisateur ne cède jamais à la facilité : il aurait pu verser dans une violence gratuite, mais ici, la brutalité est présente uniquement dans le monde autour des personnages. Même ceux qu’on pourrait considérer comme les « méchants » agissent, au fond, comme ils peuvent.
C’est une véritable satire du conte de fées. Et si Mikey Madison, oscarisée pour ce rôle, livre une très belle performance, j’ai surtout été impressionné par Yura Borisov, qui joue l’homme de main appelé à l’aide. Il est exceptionnel : avec son physique de tueur, il incarne pourtant le personnage le plus humain du film. J’ai vraiment envie de le revoir dans un autre rôle, tant il m’a marqué.
Je recommande vivement ce film. C’est un très bon moment de cinéma, à la fois singulier et touchant.
Et toi,
qu’as-tu compoté cette semaine ?
Par ailleurs :
— Une histoire des prothèses à l’époque médiévale.
— Il y a 2400 ans, c’était déjà important d’être super chill.
— À la recherche des textures perdues.
— Si tu n’as pas assez d’infolettres dans ta boîte mail, voilà de quoi transformer un roman du domaine public en livraison sérielle ! J’ai bien envie de tester avec des romans depuis longtemps dans ma pile de lecture sans oser m’y lancer…
— Après avoir tourné autour de 199 abonné·es pendant des mois et des mois, ça y est, j’atteins les 200 cette semaine ! Sauf si quelqu’un se désinscrit avant dimanche… Bon, je me doute que sur ces 200 il n’y a que quelques dizaines de personnes qui lisent vraiment ces livraisons mais je vous remercie toustes quand même <3
Des bises
et peut-être à dimanche prochain, en compagnie de Grife.
On m'a transféré la newsletter précédente et je me suis abonnée juste avant celle-ci....... Est-ce que c'est moi la n°200 ?!? XD
Ouiiiii ! Félicitations !! Tu as gagné… tous mes remerciements ;)