La compote de Côme

S'abonner
Archives
juillet 20, 2025

La compote de Côme #233 - du dimanche 13 juillet au dimanche 20

Des zines, des yeux et des ombres.

Jeux de rôles

PALLAS - Tu me connais, j’ai un énorme faible pour les jeux qui s’affichent comme surréalistes, et ceux qui présentent des espaces potentiellement infinis et/ou liminaux. Alors quand un jeu réunit tout ça à la fois, tu penses bien que je frétille… Il faut dire, en effet, que le décor de PALLAS me fait rêver : cette histoire de palais infini, qui n’est peut-être même pas réel et dans lequel seul l’art et le plaisir des Mécènes compte, je vois tout de suite comment m’ébrouer dans cet enfant illégitime d’Itras By et Green Dawn Mall… Sauf que, de façon un peu étonnante, PALLAS fait le choix d’un système inspiré par celui de The Spire et donc très mécanique, avec des compétences à débloquer, différents tiers de puissance et tout le toutim. J’avoue que ça a un peu douché mon enthousiasme, pourtant parti bien haut…

RPG Design Zine 1 & 2- Je ne suis pas un grand théoricien du jeu de rôle (ou de quoi que ce soit d’autre) et je serai bien en peine de disséquer la façon dont la plupart des jeux que j’écris ont été conçus. Je suis donc toujours fasciné quand des gens comme Nathan D. Paoletta parviennent à prendre un gros paquet de jeux et à en tirer des catégorisations générales en termes de création, de déroulé d’une partie, de buts narratifs ou esthétiques et moyens d’y parvenir… En tout cas, la lecture de ces deux fanzines, outre qu’elle m’a fourni beaucoup de plaisir visuel, m’a aussi fait réfléchir sur 2-3 choses dans des projets en cours, et c’est déjà pas mal !

So Fair & Full of Flesh - S’il n’y avait rien d’autre à retenir de SF&FoF, c’est que c’est très certainement le seul et unique jeu de rôle dans lequel on joue avec des roses dont on va ôter les pétales un à un, le tout pour émuler la danse sensuelle et cruelle entre des humains et des fées—au sens de fae, donc pas vraiment de petites choses mignonnes à baguette magique. Là encore, les règles (pourtant pas bien longues) demandent sans doute un peu trop de mémorisation aux joueuses en termes de ce qu’elles peuvent faire, sans compter qu’il faut en plus chercher à se défaire d’une malédiction, mais vraiment je tire mon chapeau pour avoir tâché de suivre cette logique OuJePienne jusqu’au bout !


Littérature

Le Blanc de l’œil - Petit récit vite fait avalé cette semaine, car je n’avais pas le temps de chronique un long roman dans cette compote ; d’ailleurs Le Blanc de l’œil relève-t-il de la poésie en prose, de la nouvelle, d’autre chose ? La réponse est oui, bien évidemment. En trois tableaux et à coups de phrases courtes comme des sondes vers un ailleurs qui est à portée de main, Arno Calleja dresse les silhouettes (plutôt que les portraits) de trois personnages confrontés à la mort : ce qu’il y a avant, ce que ça fait à ceux qui restent, et ce qui peut potentiellement agiter un après. La fiction fait un tour de piste, juste ce qu’il faut pour laisser quelques phrases bien senties et de jolies images, puis disparaît ; et parfois, il n’en faut pas plus pour faire un titre qui marque.

Série

L’Art du crime saison 3 - En me perdant un peu sur la page Wikipédia des séries produites par France Télévisions, je me rends compte qu’il y en a un tas qui durent depuis des années, rassemblent des millions de téléspectateurices et dont je n’ai jamais entendu parler (la plupart sont également des séries policières, ce qui est un autre sujet). L’Art du crime en fait partie, sauf que celle-là je la connais, et elle suit le même format que la plupart de ses consœurs : très peu d’épisodes (à partir de cette 3e saison, il n’y en a que deux de 90 minutes au lieu de 6 de 50 minutes) et un thème général, ici celui du monde de l’art, dans lequel apparemment pas mal de gens se font trucider. Ça demeure la série française et populaire typique : les histoires sont distrayantes sans transcender, les personnages attachants sans être trop complexes, et il y a quelques guest stars qui passent faire coucou. Bref, la série parfaite à regarder quand on n’a pas envie de trop réfléchir.

Films

Secret Mall Apartment - Non, il ne s’agit pas d’un documentaire sur le mystérieux Curtis Plum (et en soi, c’est bien dommage). Ce que le documentaire raconte, c’est comment une bande d’ami.es artistes se sont retrouvé à vivre dans un espace inusité du centre commercial local, finissant par y construire un appartement aussi proche que possible d’un vrai. Le film, comme le projet qu’il reconstitue, bondit d’un concept à l’autre, ne laissant pas l’idée de cet appartement secret être trop limitée : c’est à la fois un projet artistique, une vaste blague, une critique sociale, ou, de façon plus générale, un truc qu’iels ont fait parce que c’était cool. Mais tout de même, ça manquait d’une chanson de Curtis Plum.

L’Accident de piano - Je disais la semaine dernière qu’il n’y avait plus grand chose à attendre, en terme de surprise en tout cas, chez des cinéastes aussi prolifiques que Wes Anderson ou Quentin Dupieux ; eh bien, je me trompais car L’Accident de piano m’a étonné, venant secouer ce que je pensais savoir d’un réalisateur qui commençait à s’essouffler un peu. Alors oui, on peut prendre le film par son côté un brin méta (entre une YouTubeuse qui estime n’avoir rien à dire sur sa pratique et qui fuit les interviews, et un réalisateur qui fait un peu pareil, la frontière est mince), voire l’inscrire dans la tendance des derniers films de Dupieux à vouloir donner des leçons sur la société, alors qu’ils ne sont clairement pas équipés pour. Je le vois plutôt comme un retour à des récits qui demeurent absurdes par petites touches mais surtout inquiétants, sombres, sans aucune compassion pour une galerie de personnages tous détestables ; bref, presque quelque chose qui rapprocherait L’Accident de piano du début de la filmo des frères Coen, en un peu plus dérangé. Je ne sais pas si Dupieux compte continuer dans cette voie, mais elle me semble fructueuse !

Jeu de société

Coconuts - Je continue mon exploration des jeux de puzzle avec un tout petit opus qui est loin d’être le plus compliqué ou le plus long, mais qui est certainement le plus mignon. J’aime beaucoup l’idée d’un mini-jeu bonus qui t’aide à confirmer tes solutions, et un mini-twist dans les derniers niveaux… Très honnêtement, ça ne t’occupera sans doute pas plus de 10 minutes, mais elles seront bien employées !

Musique

Mickey 3D, Mistigri Torture - C’est facile de rigoler aujourd’hui du rock mou de Mickey 3D, qui s’est enterré en faisant un featuring avec Big Flo & Oli, si ce n’est quelques années et albums avant, mais en 1999 c’était autre chose. Mickaël Furnon sortait de 3 ans de gros rock en anglais et de quelques démos bricolées dans sa chambre ; il y a bien un premier tube sur Mistigri Torture mais c’était de l’ordre du malentendu, un message politique des plus naïfs sur un petit rythme entraînant, la pente sur laquelle il ne fallait pas aller. Moi, j’aurais préféré que ce soit des choses plus bancales qui surnagent, voire même les chansons les plus dénuées de poésie et emplies de petite folie. Il y avait de tout dans Mistigri Torture, des balades sincères qui côtoyaient des délires de potes, et surtout un fond sombre et tordu, mais toujours lo-fi. D’ailleurs, ça finissait complètement en anglais, avec une chanson proche des expérimentations de Slowblow et une autre qui renouait avec le gros rock du début. C’était en somme un album inégal, qui partait dans tous les sens, et il y en a quelques-uns qu’il aurait été tellement chouette d’entendre explorés plus avant… Mais le succès est passé par là, dommage.

L’arrière-queer de Milouch

Je n'étais pas censée être talentueuse de Karen Finley

Tout commence avec l'ami Camille qui me passe ce petit livre rouge ! 
Et après l'avoir ouvert, c'est un cri continu. Un cri poétique, de rage et de désespoir.
Celui qui monte des entrailles face au mort du SIDA, ceux que l'on retient quand on nous fait violence sous couvert d'amour et ceux face aux murs que le patriarcat dresse face à nous.
C'est poétique et efficace, ça s'écrirait très bien sur les murs d'une ville et ça a trouvé toute sa place dans mon coeur.
Lisez-le puis crions ensemble.


Et toi,

qu’as-tu compoté cette semaine ?


Par ailleurs :

— On a toujours besoin de chouettes dans des serviettes non ?
— Dansent les ombres du monde (respecte mes références de boomer merci).
— Je t’en reparlerai sans doute dans les rubriques de là-haut mais grâce aux efforts concertés de Tony Papin et Cédric Ferrand, j’ai regardé cette semaine un épisode de Taskmaster et ça faisait bien longtemps que je n’avais pas ri aux larmes, j’y reviendrai donc !

Des bises

et peut-être à dimanche prochain, en compagnie de Kotki Dwa.

Ne manquez pas la suite. Abonnez-vous à La compote de Côme:
Lancez la conversation :
Cet e-mail vous est présenté par Buttondown, la façon la plus simple de démarrer et développer votre newsletter.