La compote de Côme

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juin 15, 2025

La compote de Côme #228 - du dimanche 8 juin au dimanche 15

Des postiches, un chamallow sur pattes et un anniversaire.

Jeux de rôles

The Empty Town - Il y a toute une histoire qui accompagne le jeu NOON x NOON, véritable sujet de ce paragraphe : c’est rattaché à l’univers de Tales From the Loop, il y a des photos, une nouvelle… Mais surtout ce merveilleux petit jeu pour 2, en une page et des poignées de dés, où l’on raconte comment un robot et une personne vivent des expériences parallèles qui finiront par se croiser et dans lesquelles il y a sans doute plus de points communs qu’on ne le croit. C’est vraiment brillant tant en termes de mise en page que de game design et c’est presque un peu dommage que ce soit enrobé dans un projet plus abscons !

Le week-end on descend de nos collines - Un jeu écrit / bricolé à la main, qui parle de soirées endiablées au cœur de territoires où, le reste du temps, on s’ennuie ferme… Voilà des thématiques et des techniques qui me parlent beaucoup, mon cœur était donc déjà conquis avant même la lecture du jeu (quel beau titre par-dessus le marché !). Mais en plus, tout ça est enrobé avec des mécaniques basées sur des cartes, qui sont comme tu le sais largement supérieures aux dés, et c’est la cerise sur le gâteau. Sans MJ ç’aurait été une tuerie absolue, mais c’est déjà un très, très beau jeu en l’état !


Bandes dessinées

Mon Copain le Kappa tomes 1 à 3 - Comme d’habitude, les éditions Cornélius m’aident à aller explorer des territoires dont je n’ai pas l’habitude, en l’occurrence l’œuvre de Shigeru Mizuki qui se compose ici d’un chouette triptyque. Tout tourne autour de l’univers des kappas, qui sont en gros des démons aquatiques mais sont surtout ici un peuple plutôt sympa. Le premier tome est entièrement basé sur une longue histoire d’amitié et de natation entre un kappa et un humain ; le deuxième est une quête épique au sein de royaumes souterrains ; le troisième est plus décousu et se compose d’histoires courtes venant boucler un certain nombre de choses. Tout ça est très divertissant, avec un maximum de choses qui tournent autour de l’importance de faire les plus gros pets possibles, tu penses donc bien que j’étais ravi de ma lecture !

Les Faux visages - Avec un titre pareil, je m’attendais à un récit de David B. un rien plus fantasmagorique : j’ai été un peu déçu de constater qu’il ne s’agissait que de l’histoire romancée du fameux gang des postiches, qui mit un grand bordel dans les banques parisiennes dans les années 1980. Le récit est chouettement découpé, apporte un peu d’humanité aux braqueurs sans chercher à glorifier leurs actes, mais cette approche en fait une bande dessinée finalement trop neutre à mon goût : aucun commentaire, aucune remise en situation, il ne reste finalement des Faux visages que des scènes de braquages haletantes mais qui ne dépareillent pas vraiment de dizaines de choses similaires déjà lues ou vues ailleurs…

Donjon Parade tomes 9 et 10 - Les Donjon Parade s’enchaînent diablement, ces temps-ci, et demeurent de grande qualité malgré la valse des dessinateurs ! Trondheim et Sfar semblent avoir trouvé la formule qui marche : une idée centrale, quelques rebondissements rigolos par-dessus, et roule ma poule. Dans ces deux tomes, il est question de faire semblant d’être un nécromancien, et de faire semblant d’être un magicien, avec des résultats très variables… J’ai un petit faible pour le tome 10, malgré ses légers problèmes de rythme (on sent bien qu’il manquait une poignée de pages pour entrer dans le format et qu’il a fallu un peu rallonger la sauce) pour son combo « monde miniature + blagues sur la morve » auquel il est franchement difficile de résister.

La Couleur des choses - J’ai mis un peu de temps à lire l’album qui avait remporté le grand prix du Festival d’Angoulême il y a 2 ans, preuve que les créations sous contrainte sous à présent parfaitement acceptées dans le domaine de la bande dessinée, puisque son récit se présente quasiment exclusivement sous forme d’infographies diverses, les personnages y étant des petits points de couleur. Au-delà de cette astuce graphique très réussie, il fallait un récit solide pour que le tout tienne, et c’est là où je suis un peu moins convaincu. Martin Panchaud s’appuie sur le cliché déjà bien exploré en BD du protagoniste gentil mais simplet à qui il n’arrive que des problèmes, et si ça marche pendant la majorité du récit, ça s’écroule un peu au moment du climax narratif, trop vite expédié à mon goût et qui empêche les quelques enjeux dramatiques et émotionnels construits juste là. Au moins ça aura permis à un nouveau public de découvrir l’abstraction graphique et les principes OuBaPiens, ce n’est pas si mal !

Littérature

So Long, Luise - Après la critique laudative de Milouch il y a 2 compotes, j’ai lu moi aussi le roman dont un extrait figure à la fin des livres Jydérie… et je dois dire que je suis moins convaincu qu’elle ! J’y amènerai les mêmes reproches, à savoir une langue qui se regarde un peu trop déblatérer et aime bien se perdre dans des considérations snob et pseudo-intellectuelles qui ne me convainquent pas beaucoup. Mais, par contre, c’est l’absence de véritable récit qui ne m’a pas permis de rentrer dans So Long, Luise : ça partait pourtant très fort, avec les confessions d’une autrice plus ou moins menteuse qui fait ses adieux à sa compagne de longue date, mais le récit ne reste que peu ancré dans la réalité et part de plus en plus dans des tangentes, parfois très longues et sans rapport aucun avec le reste de l’histoire, jusqu’à perdre son lectorat et mon intérêt. Il y a bien quelques histoires de braquage pour relever un peu le niveau, mais on ne revient jamais tout à fait à ce qui avait piqué ma curiosité en premier lieu. Bref, je veux bien qu’on soit ici dans le pastiche, mais ça n’empêche pas de faire un peu d’efforts…


Séries

Black Mirror saison 7 - Ça ne t’étonnera pas d’apprendre que je n’avais pas une envie folle de me replonger dans de la fiction dystopique sombre et cynique, vu l’état du monde en 2025… Heureusement, Charlie Brooker n’est pas un abruti et parvient, dans cette 7e saison de Black Mirror, à faire un peu évoluer son point de vue. Oh, ça reste par bien des égards un regard cruel sur notre société, mais on s’éloigne de la critique technologique ou d’exercices de style dans la plupart des épisodes (à part, peut-être, le dernier) pour aller vers quelque chose de plus recentré sur l’humain, sur l’intime, et sur, parfois, les raisons d’espérer. Ça ne fait pas de Black Mirror une série utopiste, ni même optimiste (elle en perdrait son titre) mais quelque chose qui demeure intéressant et regardable, même en ce moment.

Jessica Jones saison 3 - Toutes celles et ceux qui m’avaient recommandé Jessica Jones m’avaient dit peu ou prou la même chose : « La première saison est géniale mais tu vas voir, après c’est de pire en pire ». Je dois avouer que je n’ai pas trouvé cette dernière saison lamentable, très correcte même, mais il faut bien avouer qu’aucun méchant n’arrive à la cheville de celui de la saison 1 et des idéologies qu’il représentait. De fait, le vilain de cette saison 3 est assez fade, et ne sert au final que de marchepied pour des enjeux et des confrontations attendues depuis un moment et qui finissent ici par exploser, avec un impact un peu mou, il faut bien le dire. Oui, voilà : tout ceci se regarde sans déplaisir mais on est loin d’une dernière saison qui boucle les boucles et termine son tour de piste avec les honneurs…


Jeu vidéo

Kirby et le monde oublié - J’ai toujours bien aimé la série des Kirby, avec son héros improbable qui est, au fond, un chamallow avec une énorme bouche, et qui se balade dans cet opus au milieu d’un décor post-apocalyptique sans que ce soit excessivement chelou. Au-delà de cette simple équation, Kirby et le monde oublié a été un jeu excessivement plus agréable à jouer avec ma fille sur les genoux que ne l’a été Princess Peach: Showtime ; d’abord parce qu’en se concentrant sur une formule efficace, celle d’un jeu de plate-forme en semi-3D, le jeu fait mieux son boulot en termes de gameplay sympa à manipuler ; ensuite parce qu’il est doté d’une meilleure longévité (on n’a pas encore fini les niveaux bonus, après au moins 20 ou 30 heures de jeu), et d’une courbe de difficulté surprenamment élevée dans ses derniers défis. Il offre en outre deux plaisirs incontournables : celui d’avaler des voitures avec son énorme bouche, et d’entendre ma fille dire qu’elle a eu les larmes aux yeux devant la cinématique de fin !

Jeu de société

Qwixx - J’ai découvert par hasard ce petit jeu qui prend sa place dans la catégorie désormais bien occupée des jeux où on lance des dés et après faut cocher des cases de différentes couleurs pour marquer des points. Comme ses frères, Qwixx repose sur un seul et simple gimmick : ici, le principe c’est qu’une fois coché un chiffre, on ne pourra plus jamais choisir ceux qui viennent avant, les choix sont donc fréquents et cruciaux. Ce mélange entre hasard et stratégie, allié à la possibilité toujours appréciée de décider quand mettre fin au jeu — est-ce que j’arrête tout maintenant pour couper l’herbe sous le pied de mon adversaire, ou je continue encore un peu ? — en fait une entrée mineure mais réussie dans son genre !

Musique

À l’orée de l’été - J’ai envie de faire comme ma camarade ci-dessous (oui, je te divulgâche les choses un brin) et, au lieu de te chronique un album entier, te parler un peu de quelques chansons auxquelles je reviens encore et encore, et davantage dans un printemps de plus en plus cramoisi. La plus récente, c’est “Self-Immolate” de King Gizzard & The Lizard Wizard, qui explose tout en concert mais envoie déjà pas mal dans sa version studio : du rock de gros vénère qui a envie de tout faire exploser, et me fait d’ailleurs penser par rebond, va-t-en savoir pourquoi, au “Genghis Khan” de Miike Snow, avec son incroyable clip : renversement du discours sur la jalousie en même temps qu’on remue des fesses, ça me va très bien. Et puisqu’on parle d’amour, difficile de ne pas mentionner “Pure Mathematics” de Angil and the Hiddentracks, l’une des plus belles chansons sur le sujet à mon goût. Et puisqu’on est en juin, je peux aussi te parler de cette incroyabilissime reprise de “Modern Love” de David Bowie, qui a 10 ans tout pile et vient ramollir le tube de boîte de nuit pour en faire une ballade tout à fait adaptée à un début d’été, à la manière de ce qu’avait fait Candy Cane avec “In The Navy” il y a bien 15 ans de cela (j’ai dû effectuer un véritable travail de recherche archiviste pour le déterrer celui-là !). Et puisqu’on parle d’une reprise qui vient d’un truc créé par Adrien Ménielle du temps où il était encore blogueur BD, sache qu’à l’époque il avait aussi commis ceci… Et voilà, je voulais te parler de musiques actuelles et je suis retombé dans le machin bricolé sorti dans ma post-adolescence. Vraiment je suis irrécupérable.

L’arrière-queer de Milouch

Les Guerillères de Monique Wittig
Bon alors, ça fait depuis le début de l'arrière-queer que j'ai envie de parler des Guerillères. Sauf que je l'avais « lu » y a turbo longtemps. J'ai donc racheté un exemplaire et je me suis plongée dans cette œuvre majeure de l'écriture lesbienne. 
Eh bien, c'est toujours un texte aussi extraordinaire ! Il narre l'histoire d'un groupe de femmes, aux prises avec le patriarcat de manière personnelle ou collective mais souvent de façon violente. Le texte est traversé par le pronom « Elles » qui marque chaque paragraphe et par des listes de prénoms féminins, semblable à un cortège infini de preuses. Mention spéciale à certains prénoms de personnages qui, j'ai eu l'impression, sont des refs directes au MLF. Comme souvent, dans ce genre de texte, ça n'est pas tant le récit qui est intéressant que le flow qui en résulte. Et il faut dire que celui des Guerillères est plus que dévastateur !! Qui peut prétendre avoir fait plus belle suite que : « Elles disent qu'elles ont appris à compter sur leurs propres forces. Elles disent qu'elles savent ce qu'ensemble elles signifient. Elles disent que celles qui revendiquent un langage nouveau apprennent d'abord la violence. » Ce style, il se prête tout à fait à la lecture à voix haute. C'est d'ailleurs comme ça que je l'avais décoPOMROTOTO-TOTOTOM ! 

Mais qu'entends-je ? ... 

C'est la centième de l'arrière-queer !! POM-POM O Fortuna !! CHICK CHICK !
Bon en vérité, on a (déjà) dépassé les 100 chroniques mais je profite de celle-ci pour faire un petit bilan (calmement). 
Déjà, je voudrais remercier Côme de m'avoir offert cette espace. C'est vraiment très chouette et je suis super heureuse de pouvoir délivrer ici ma petite chronique dominicale. Donc merci au taulier !! Surtout qu'il supporte depuis plus de 2 ans mes jeux de mots plus pourris les uns que les autres dans les titres des arrière-queers que je lui envoie [Note de Côme : je te les épargne soigneusement, cher lectorat, ne me remercie pas]. 
Bon mais du coup, l'arrière-queer, c'est quoi ? 
Et bien, sur plus de 100 chroniques, c'est plus de 64 livres ! C'est plus de la moitié des médias présentés qui parlent de question lesbienne ou trans (tropisme detected). C'est 2 passes recherche à la BnF, une correspondance improvisée avec une autrice lesbienne, le retour inattendu d'un.e ami.e d'enfance, une chronique sur Fem de Joan Nestle toujours annoncée, jamais réalisée, 80% des oeuvres chroniquées faites par des personnes qui ne sont pas des mecs (mais on peut faire mieux) un suivi concert par concert de la carrière de Zoe Heselton et une chronique quasi entièrement écrite sur les ordinateurs de mon taff. Bref, un peu de bordel et je l'espère des sujets qui vous plaisent. Je suis très heureuse de faire cette petite bêtise et j'espère vraiment que ça vous plaît de la recevoir ! Donc ben euh, à dans 100 compotes !! 

Ah et j'en profite, vu que j'ai considérablement rallongé la compote, je vous rajoute deux trois louches de trucs que j'aime bien mais qui sont un peu trop court pour faire une arrière-queer : 

« Une vie bizarre » de Thx4crying : La meilleure des chansons queer quand vient le blues de la dépression. Ça m'a sauvé alors je vous la lègue
« Les Filles, les meufs » de Marguerite : Un hymne lesbien très qualitatif, un pur banger de sucre 
“Lingerie Model” de Paige Kenedy : Clairement la meilleure des chansons non binaires 

Et toi,

qu’as-tu compoté cette semaine ?


Par ailleurs :

— Ça fait un moment que je suis convaincu, comme Christine Rosen, qu’il est absolument essentiel dans la vie de s’ennuyer régulièrement ; c’est comme ça que me viennent la plupart de mes idées créatives, d’ailleurs. Mais c’est clairement de plus en plus difficile.
— Eh oui, c’est le seul renvoi vers ailleurs cette semaine, à un bullshitor près.

Des bises

et peut-être à dimanche prochain, en compagnie de Fun..

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