La compote de Côme

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mai 11, 2025

La compote de Côme #223 - du dimanche 4 mai au dimanche 11

Du curry, de l'acide et des chiffres.

Jeux de rôles


Assuredly There Is A Better Way To Do This - Et pourquoi pas, pour ouvrir cette semaine, un jeu de rôle dans lequel il faut lancer des pièces et les rattraper avec sa… son nez ? Oui, c’est encore un jeu shitpost, mais il n’est pas impossible qu’il parle d’autre chose. Ce n’est pas tout à fait un jeu de rôle, mais peut-être un commentaire sur la taille des… nez. Oui, des nez. Pas d’autre chose.


Déicide ! - Décidément, la mise en page en mode punk a le vent en poupe, et c’est pas moi qui vais en râler… Pour preuve ce jeu solo dans l’univers d’AORI, en prologue à Selene Obscure, le prochain jeu de Gaël Sacré (il faut croire que les univers partagés sont aussi à la mode, faut peut-être que je m’y mette ?). En tout cas, au-delà d’une chouette maquette, Déicide ! est aussi intéressant dans son jeu puisqu’il repose sur une mécanique de die and retry, avec laquelle on est presque assuré que son personnage n’ira pas jusqu’au bout dès la première fois. Je ne suis pas tout à fait sûr de ce que ça donne en jeu (c’est peut-être un poil trop mécanique pour moi) mais ça fait envie !


Dominio - Un jeu de rôle qui utilise des dominos pour raconter les luttes de pouvoir de figures d’autorité sans merci ? Eh non, ce n’est pas Aux marches du pouvoir de Melville… Ce jeu-là prend le parti d’être plus généraliste dans son approche, et de se limiter à des mécaniques extrêmement simples, servant uniquement à contraindre la façon dont on raconte les machinations de son personnage. Et ça marche presque, ma foi, mais il y manque à mon goût un peu de complexité, ou en tout cas quelque chose qui permet de raconter des histoires plus complexes. Mais bon, il faut dire qu’en comparaison avec sa grande sœur, il n’avait aucune chance…


Curie, curry et Curry - Ç’aurait été facile d’imaginer un hack de Rambo, Rimbaud & Rainbow qui utilisait le même système de jeu, les mêmes principes, mais avec Marie Curie, un plat de curry et Tim Curry (enfin, disons que ç’aurait été possible, même si nécessitant un cerveau malade comme le mien ou celui de Milouch). Mais non, Milouch est allée plus loin et a carrément réinventé mon jeu pour en faire autre chose, toujours aussi ridicule et éclaté au sol mais avec des gens qui crient et des petits papiers. Le tout donnant des histoires de mutation progressive, de gens avec des bas résille, et de lait de coco. Un nouveau chef d’œuvre, donc.


Bandes dessinées

15 Vues du Mont Fuji depuis la Bretagne / L’Explosion de la bulle internet / Une Petite Ferme maraîchère - C’est ce mini-zone de Denys Moreau qui m’a fait tomber dans son univers qui touche toutes mes cordes en matière d’absurdité et de simplicité graphique ; je te parle ici de ses 15 Vues (et des deux petits zines qu’il m’a gentiment offert avec ma commande) mais j’ai en réalité craqué sur plusieurs de ses oracles, à commencer par celui avec des chevaux (en réalité un jeu de Memory mais on va pas chipoter), celui des chutes de vélo et l’indispensable oracle de raclette. Moi qui ne suis pas vraiment client de ce genre de choses, d’habitude, voilà que j’ai plongé dans le plaisir du graphisme pour le graphisme, et j’en suis fort content !


Littérature


Sel Acide - C’était décidément la semaine pour les achats en dehors de ma zone de confort, avec ce recueil de poésie qui m’a attiré comme un aimant, d’abord parce que ses pages sont oranges et il n’y a pas beaucoup de livres aux pages orange qui ne soient pas chouettes, ensuite parce qu’il est divisé en deux parties, la première utilisant un alphabet entièrement illisible qui n’était pas sans me rappeler ce genre de choses en plus sombre. Heureusement, cette fois la traduction nous est donné, dans la 2e partie de l’ouvrage, et c’est de la poésie de fin du monde, qui creuse les plaies, danse dans les cendres et crache dans ses paumes. Tout au long de ma lecture, je m’imaginais comment ces fragments auraient pu être susurrés ou hurlés sur des mélodies de guitare saturée ; il y a quelque chose dans tout cela de la musique punk intérieure…


Non-fiction

La Vie têtue - Difficile de décrire un livre qui mêle prose et poésie et différentes tranches d’autobiographie, entre deuil de la sœur malade, retour à la vie rurale et relations familiales ; difficile de mettre des mots et de l’intellectualisme sur ce qui est avant tout un récit sensible, fait d’émotions et de mots qui touchent au cœur plutôt qu’au cerveau. L’écriture à la fois près de l’os et poétique de La Vie têtue est parfaite pour célébrer ce que son titre annonce : la façon dont la vie refuse de se laisser plier par la maladie, la mort, les émotions sombres ; la façon dont elle continue de nous toucher, malgré tout, malgré toutes.


Film


Ce Nouvel an qui n’est jamais arrivé - Poussé.es par l’arnaque de la bande-annonce de ce film roumain, qui l’annonçait comme une grosse comédie sur la chute de Nicolae Ceaușescu, on s’est vite rendu.es compte de l’arnaque : certes, on rit un peu et en grinçant des dents en regardant Ce Nouvel an…, film fait de tranches de vie de différents personnages de Bucarest, fin décembre 1989, mais c’est loin d’être la franche rigolade. C’est même un film plutôt triste, sur la façon dont les régimes autoritaires font plier même les plus résistants, sur la façon dont chacun.e s’accommode avec sa conscience et ses capacités face à des situations insupportables. Une fois compris cela, ça donne un beau film (quoiqu’un poil long par moments) mais il ne faut pas se tromper sur le contrat de départ…


Jeu de société


Almanagram - J’en parle plus bas mais je suis retombé assez violemment dans le monde des puzzles et des casse-tête, ces temps-ci (sans doute en partie pour oublier ma peine de ne pas pouvoir jouer à Blue Prince, arrête de me conseiller de jouer à Blue Prince JE SAIS que c’est super mais je peux pas y jouer OK ?!). Alors, entre deux sessions de ABDEC, que j’ai bon espoir de finir par pouvoir compléter, je prends quelques minutes pour faire mon Almanagram du jour. Le concept est diaboliquement simple : une grille avec les jours de la semaine, les mois de l’année et des chiffres de 1 à 31, et des pièces de simili-Tetris qu’il va falloir utiliser pour recouvrir tout ça… Sauf les 3 cases formant la date du jour, bien sûr. C’est donc un puzzle perpétuel que je vais pouvoir faire jusqu’à la fin de mes jours, avec trois niveaux de difficulté pour les nullos comme moi (j’ai quand même réussi une fois à former le puzzle sans avoir à retourner les pièces, c’est déjà pas mal !). Niveau rapport prix/durée d’utilisation, on peut difficilement faire mieux…


Musique


Buck 65, Keep Moving - J’ai écouté le nouvel album de Buck 65 une demi-douzaine de fois cette semaine, ce qui est largement davantage que bien des autres disques que j’avale ; par attrait pour le disque, bien sûr, mais aussi parce que j’ai tenté de comprendre pourquoi je le trouvais à la fois passionnant, génial, et un rien frustrant. Je crois que c’est dû à sa densité, tout simplement : c’est un album qui déborde de partout, à commencer par sa tracklist (31 pistes en 50 minutes, toutes dotées de titres relativement obscurs qui ne m’aident pas à les garder en tête). Ça va vite, très vite, à l’image de cette formidable piste introductive : le flow se fait parfois plus posé mais pas plus facile à suivre, avec cette obstination de Terfry à faire rebondir son verbe sans lui chercher nécessairement une substance. Les pistes se suivent sans se ressembler, se font parfois instrumentales, souvent funky mais j’aurais bien du mal à dire de quoi elles parlent ou plutôt s’il y a un autre thème à cet album que celui de foncer dans toutes les directions, avec l’espoir de renouer avec la Zulu nation d’antan. Voilà le paradoxe : à écouter Keep Moving d’une traite, il s’en dégage indéniablement une unité de son et de style, et pourtant il me fait l’effet d’un kaléidoscope dans lequel, à chaque écoute, on décèlera de nouvelles choses (je ne l’ai pas encore dit mais les instrumentaux sont eux-mêmes bourrés de samples et autres empilements sonores). Ce que je retiens de tout ça, c’est qu’il n’y a pas d’âge pour fournir le meilleur de soi-même…


L’arrière-queer de Milouch


Another Kind of Suicide de Zoe Heselton

Hey ! Tu te souviens peut être dans la préhistoire de l'arrière queer avoir entendu parler d'une certaine Zoe Heselton !
Et bien ça y est, son nouvel album est là : Another kind of suicide !
De nouvelles chansons et des anciennes sublimées.

C'est la musique dont j'avais besoin maintenant.
La douceur dans l'intensité. Une voix solitaire qui se brise dans des textes forgés dans la douleur...
Je ne te ferai pas la liste de ces chansons. Je te laisserai plutôt te couler dans ce folk mêlé de punk qui me donne envie de danser piétinante et transie de larmes sur mon bureau.

Émerger pour reprendre son souffle de cette incandescence et de cette fragilité matinée de violence.
Se laisser guider dans ces obscurité, I’ve lived inside that room.

I know you’ve tried and tried and tried— But won’t you stay a little longer? Won’t you try just one more time? If you’ve run out of desire Help yourself to some of mine—There are ways of getting better They might just take a little time—Step by step—Day by day—Thought by thought—Breath by breath—
Hold my hand, I'll hold your hand


Et toi,


qu’as-tu compoté cette semaine ?


Par ailleurs :

  • Du bonheur de créer des puzzles de papier (je me suis bien sûr empressé de tous les imprimer, attends-toi à ce que je t’en parle bientôt !).
  • La playlist de l’été est en avance cette année !
  • Je ne connais pas Mr. Beast car je suis vieux et hors du coup mais apparemment il aime bien dire des chiffres.
  • Je ne pense pas que le sabotage soft changera l’inclination du monde, mais ma foi, quelques conseils en mesquinerie ça fait toujours plaisir.


Des bises


et peut-être à dimanche prochain, en compagnie de Bratsch.

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