La compote de Côme

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mai 18, 2025

La compote de Côme #223 - du dimanche 11 mai au dimanche 18

Des papes, des techbros et des extraits de films.

Jeux de rôles

You Will be Pope / Mario Pope - Ça n’en finit pas de proposer d’incarner des papes cette semaine, pour mon plus grand plaisir ! Et après Papatouille dont je t’ai parlé il y a 2 semaines (j’y ai d’ailleurs joué depuis et c’était aussi rigolo chouette que prévu), voici deux autres jeux papaux très différents l’un de l’autre. Dans le premier, l’ami Florian propose une réflexion méditative, de l’ordre du lyric game, c’est-à-dire quelque chose qui utilise le média du jeu pour parler d’autre chose ; en l’occurrence, de l’attente interminable de quelque chose qui n’arrivera jamais, comme un poste à l’université ou un président qui accepte de taxer les riches. Dans le second, eh bien c’est tout simplement Mario Kart avec des papes ; ou, en tout cas, c’est un jeu de course avec obstacles pour voir qui finira par être élu pape. Voilà, je suis très content que ma bêtise mène à de très chouettes jeux ; et dire qu’il y en a encore potentiellement 25 en sommeil…

2, rue des Mimosas - Un jeu qui se passe dans un immeuble banal, dans lequel on saute d’un appartement à l’autre… pour découvrir les vies quotidiennes de ses habitant.es et leurs rencontres… Bon voilà, moi je vois un jeu qui ressemble de près ou de loin à La Vie, mode d’emploi, je fonce ! Je fonce malgré l’étrangeté de vendre un jeu sur un site de billetterie en ligne (après tout, pourquoi pas) et je ne suis pas très surpris de ne pas vraiment trouver un jeu qui aurait été du Perec dans le texte (ç’aurait été bien trop ambitieux, même si ça n’empêche pas d’autres d’essayer, mais on en reparlera…) mais quelque chose de plus simple. C’est peut-être même un peu trop simple, une fois passée la bonne idée d’utiliser les figures d’un jeu de cartes pour symboliser la façade du 2, rue des Mimosas ; mais c’est là mon envie d’avoir quelque chose sur ce thème de plus complet sous la dent qui s’exprime, et le jeu de Sylphelle se suffit très bien tel qu’il est !

RECOVER - Je l’ai déjà dit et redit, mais Grant Howitt est bien plus intéressant quand il ne fait pas (que) des jeux rigolos ; je dis ça mais dans le prochain on joue une petite chèvre et une grande chèvre et ça s’annonce comme un banger. Mais RECOVER est bien plus sérieux : déjà, c’est une suite à FETCH, un jeu sur la dépression que je qualifiais en 2021 de « profondément sombre, voire crépusculaire ». RECOVER, sans surprise vu le titre, en est l’inverse : la lumière qui pointe après une nuit des plus ténébreuses, un espoir qui se dessine petit à petit, une raison de vivre. C’est un jeu solo pas vraiment fait pour être joué, là aussi du quasi lyric game, avec ce message simple mais qui me touche néanmoins : parmi les raisons d’exister, il y a la présence de nos proches, et rien que ça suffit parfois.

Hustle and Bustle in a Perilous Prison - Il y a en ce moment déluge de game jams passionnantes sur itch.io, dont la Cereal Box Game Jam à laquelle je n’aurai probablement pas le temps de participer et qui consiste à créer un jeu qui pourrait figurer au dos d’un paquet de céréales (en plus j’ai le jeu parfait pour ça !). Hustle and Bustle… utilise le format contraint de la meilleure façon, puisqu’il combine jeu de rôle et jeu de « cherche et trouve » : en réalité, le côté rôliste est juste une excuse pour prétendre qu’on est des personnages voulant s’échapper d’une prison, ce qui permet d’aller chercher dans les images proposées des éléments narratifs qui viennent nourrir ce scénario. Je suis très fan du graphisme gris et bleu, tout en courbes et hexagones, de l’ensemble !

Moustache & Mousquetaires - Le « 0.21 » dans le nom du fichier n’y est pas pour rien : ce jeu en une page, sans MJ et sans dé mais avec une moustache, nécessite sans doute pas mal d’huile de coude pour en tirer le meilleur parti… mais, d’un autre côté, a-t-on vraiment besoin de plus qu’il ne fournit, à part peut-être une connaissance minimale des clichés du genre de cape et d’épée, pour fournir une expérience intéressante ? Je n’en suis pas si sûr : tout le monde tombera d’accord pour dire que l’outil indispensable, c’est vraiment la fausse moustache.

Citizen Sleeper / Spindlejack - J’apprends cette semaine que l’excellent jeu vidéo Citizen Sleeper a été décliné en petit jeu de société à imprimer soi-même, ce qui est une excellente nouvelle et vient ajouter à la pile des jeux vidéos adaptés en jeux de société, comme si la hype pour un jeu virtuel était le papier et le carton ! En tout cas, ce que propose Spindlejack ce sont des courses contre la montre pour livrer ses colis, dans un environnement où chaque mauvais choix d’itinéraire peut coûter gros et où les intersections sont des labyrinthes en mouvement. Voilà, ça n’a pas l’air d’être beaucoup plus qu’un petit jeu de déplacement, et franchement, comme rejeton papier d’un jeu vidéo indé, je trouve que c’est le parfait type d’adaptation !

NOT THE SAME PEOPLE - Un jeu de plus à ranger dans la catégorie « On se retrouve après tant d’années », mais que veux-tu, je ne m’en lasse pas… Ici, ce qui est intéressant c’est que tout le dialogue entre qui était notre personnage avant et qui il est maintenant se passe dans les yeux des autres : comme dans Elle a voyagé / Elle est restée (j’vais m’gêner, tiens), ce pourquoi le personnage est important, c’est comment il était perçu, pas forcément la réalité. J’aime bien ce principe d’inversion, qu’on ne croise finalement pas si souvent dans le jeu de rôle, et qui va venir secouer un peu les principes pourtant si ancrés de perception intérieure du monde (voir « Par ailleurs » ci-dessous) !

Time Stitchers - Le genre du voyage temporel est également compliqué à secouer, tu le sais bien si tu lis cette infolettre depuis un moment… Eh bien du coup, Time Stitchers n’essaye pas vraiment et se concentre plutôt à fournir quelque chose de simple et efficace, construit autour du Push SRD de Cezar Capacle : et c’est assez logique, finalement, puisqu’il s’agit d’un système où bien réussir est facile, mais peut parfois pousser à trop réussir (qui a dit Libreté ?). Rien de mieux pour un jeu où l’on essaye de réparer les failles dans le temps, quitte à risquer d’en créer de nouvelles…

Non-fiction

L’Être plus, Itinéraire pour Devenir soi-même - J’imagine quelque part un techbro qui lit le livre de Stéphanie Solinas et le prend comme le manuel qu’il n’est pas, la recette pour combiner intelligence artificielle (alors à l’aube du désastre actuel) et révolution spirituelle. Bien évidemment, ce n’est pas vraiment ça que raconte le livre : c’est plutôt, sous forme de voyage autofictionnel, une somme de témoignages tendant un miroir vers les personnes qui veulent changer le monde et l’humain, et vers le lectorat de Solinas également. De Solinas, j’ai préféré le Guide du Pourquoi pas ? qui s’engageait un peu plus dans son sujet : ici, après ma lecture, j’ai du mal à savoir de quel côté de toutes ces croyances se situe l’autrice et je reste un peu sur ma faim, tout en me méfiant des étincelles philosophico-scientifiques qui parsèment l’ouvrage…


Film

“Hukkunud Alpinisti” Hotell - J’ai passé les trois quart de l’adaptation en film de L’Auberge de l’alpiniste mort à justement ignorer qu’il s’agissait de l’adaptation d’un roman, écrit qui plus est par les frères Strougatski, auteurs entre autres de Stalker dont je suis allé tâter les pages le mois dernier. Du coup, j’ai passé une bonne partie de mon visionnage intéressé par ce rythme un peu lent, cette histoire d’enquête qui n’en était pas vraiment une dans une auberge alpine où tout le monde paraît un peu bizarre. J’aurais donc dû, sans doute, mieux voir venir le twist à tiroirs qui renverse complètement la table en fin de métrage, amenant le récit vers des rivages que l’on peut apprécier ou regretter, c’est selon. Pour ma part, ça n’a pas tout gâché, mais j’aurais sans doute pu faire sans…

Jeu de société

12 Word Searches - Je t’en parlais la semaine dernière, je suis retombé pour un temps dans les puzzles format papier, même si celui-ci pourrait très bien se jouer sur un écran car il ne s’agit, après tout, que de 12 mots mêlés comme il y a dans les fascicules de chez tes grands-parents. D’ailleurs, les premiers sont assez faciles à résoudre, malgré ces quelques taches qui parsèment les grilles, et ces quelques annotations sibyllines en bas de page… Ah OK j’ai compris au bout de quelques grilles, en fait les règles sont un peu tordues par rapport à un mot mêlé classique. Hmm, autour du 10e, je commence à me demander où se situe le twist… Et je n’irai pas plus loin dans ce pseudo-récit car évidemment il y a un twist, il y en a même plusieurs, et ils sont brillants. 12 Word Searches ne contient aucun élément narratif, il n’est même pas si difficile une fois toutes les règles saisies, mais il est sacrément satisfaisant à résoudre et je m’en voudrais de t’enlever ce plaisir. Et si la version de base ne t’a pas suffi, une version 2.0 vient de sortir, qui reprend le même principe en le tordant encore un peu plus…

Musique

Splendora, In the Grass - Côté musique, je te parle de quoi cette semaine ? D’un truc énervé qui fait danser ? De bricolage lo-fi ? D’un classique de mon adolescence ? Allez, pourquoi pas, sur ce dernier versant, écrire un peu sur l’unique album de Splendora, mais si tu sais le groupe qui a composé le générique de Daria, mais si tu sais ta série préféré sur le MTV de la bonne époque (d’ailleurs, sans surprise, il y a sur In the Grass une chanson qui parle exactement de regarder MTV un peu trop longtemps). C’est d’ailleurs sur cette seule base que j’ai acheté cet album moche, qui a pas mal occupé mes oreilles à une époque où je me rendais à la fac armé de mon Discman et de 2-3 CDs dans le sac à dos, car faut-il le rappeler je commence à être un peu vieux.
Alors ça sonne comment In The Grass ? Eh bien ça commence avec une sorte de faux punk au son très nineties, avec ses riffs de guitares électriques et ses chœurs féminins. Ça va vite, avec des paroles plutôt simples à apprendre par cœur, et ça va donner le ton du reste de l’album : du rock efficace, pas prise de tête, qui aime bien changer de rythme et mettre la basse devant, ou bien parfois les cordes.
Il y a des moments un peu plus inédits, comme la transition un rien déconstruite entre “Rocker” et “Beautiful” (titre Dariaesque s’il en est), ou une nostalgie pour l’enfance presque post-90s avant l’heure mais globalement rien ne sort tout à fait du lot avec In the Grass : c’est du bon son, calé dans son époque, avec quelques titres sortant du lot (“Rattle”, se rapprochant beaucoup de “You’re Standing on my Neck”, ou “It’s Great” au côté un peu plus « on est des mal élevées mais tellement cool » plutôt plaisant), mais on comprend qu’il n’ait pas particulièrement marqué le monde de la musique… Il aura au moins marqué mes trajets quotidiens il y a une vingtaine d’années, et c’est déjà pas mal.


L’arrière-queer de Milouch

Ideekah

Il y a deux semaines, je sais pas si tu le savais, mais j'ai été à La Chèvre !!

Et à cette occasion, j'ai pu entendre, l'incroyable Ideekah !

J'ai été cueillie par ses mélodies qui oscillent entre Marie Laforet et les chants traditionnels français mais avec des textes bien plus modernes. 

Ses chansons ont ces formes de ritournelles qui rentrent immédiatement en tête et qui mettent vraiment en avant leur texte.   

Et parmis ces chansons, j'ai eu la chance d'assister à une représentation de la chanson Le Caillou, un texte fort et vibrant sur les VSS. Une œuvre qui nous touche toutes.


Et toi

mass : J’ai vu L’Amour ouf de Gilles Lellouche.
On suit l’histoire d’amour entre Jacqueline et Clotaire, deux personnages cabossés par la vie : le voyou et la fille mélancolique. Le récit est divisé en deux parties : leur rencontre et leur histoire quand ils sont ados, puis ce qui leur arrive dix ans plus tard.
Le film nous ramène dans les années 80 et 90, avec une mise en scène qui semble volontairement datée, comme si elle avait été tournée à l’époque. C’est sans doute un parti pris du réalisateur, mais, de mon côté, l’effet nostalgique n’a pas vraiment fonctionné.
Il y avait de quoi faire un bon film, mais à vouloir faire plaisir à ses amis, on se trompe parfois de casting.
Les jeunes acteurs sont très bons, convaincants. En revanche, Adèle Exarchopoulos ne parvient pas à faire exister Jacqueline adulte. On a l’impression de voir un tout autre personnage, ce qui nuit à la cohérence du récit. C’est dommage, car il y avait un vrai potentiel.
Un choix du réalisateur au milieu du film change brutalement la direction de l’histoire. Ce n’est pas un twist prévisible, mais plutôt une décision discutable. Je ne sais pas si cela rend le film meilleur ou plus bancal.
Malgré ses défauts, ça reste un film agréable à regarder, avec de très bons comédiens, notamment les deux ados, et un Chabat impeccable.
À voir quand même.

Et toi, qu’as-tu compoté cette semaine ?


Par ailleurs :


- Imagine y a plus d’avions et on voyage qu’en bateau ? La vision de Perrin Remonté me fait un peu rêver.
- Tu n’as sans doute pas besoin de lire un article sur le sujet pour savoir qu’escalader des arbres c’est cool ; néanmoins, voici un article qui raconte pourquoi escalader des arbres c’est cool.
- Il y a bien des raisons pour lesquelles Nicolas Cage est un acteur fascinant, mais de là à regarder tous ses films, faut peut-être pas pousser.
- J’en suis pas encore au point de pouvoir rigoler avec des exercices de méditation autour de la crise climatique, mais le concept est assez bien fichu.
- Voici un petit jeu vidéo à explorer en moins d’une heure ; c’est essentiellement un jeu où l’on clique pour creuser des trucs, avec des petits twists narratifs sur le trajet.
- Comme à leur habitude, Zeph et Ramo lâchent une vidéo longuissime mais passionnante qui parle de la représentation en jeux vidéo d’un certain nombre de schémas mentaux (rêve, deuil, états altérés…). C’est comme d’habitude passionnant et ça va bien au-delà du jeu vidéo pour questionner l’acte de création. Et ça finit par un tacle bien mérité à l’IA générative qui fait toujours plaisir.
- Et pourquoi pas éditer 331 extraits de film pour recréer “Lose Yourself”, le tube d’Eminem, hein ?
- Je t’avais déjà dit qu’en France il existait un service meilleur que toutes les IA combinées, celui de l’humain ; eh ben je découvre qu’il existe la même chose aux États-Unis.

Des bises

et peut-être à dimanche prochain, en compagnie de Antipop Consortium.

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