La compote de Côme #219 - du dimanche 6 avril au dimanche 13
Un cul, une banane, et des trous de balle.
Jeux de rôles
BUTT & HEAD - Oui, c’est un jeu où l’on co-dirige un Centaure et qui s’appelle « CUL & TÊTE », y a un problème ? Je t’ai déjà parlé par le passé de quelques-uns de ces jeux à deux personnes + un guide dans lequel on incarne un duo, mais aucun aussi étrange que celui-là, qui peut être pris aussi sérieusement que pas du tout, avec ce qu’il faut pour imaginer des histoires quelque part dans ce spectre-là, le tout avec des règles inspirées par cette mécanique ancestrale des jeux de cartes, « j’ai pas, pioche ». Ça pourrait être une joyeuse cacophonie, j’ai trouvé qu’en réalité ça se tenait très bien. Et puis ça me donne l’occasion de te rappeler l’existence de CLOP, ce qui n’est jamais une mauvaise chose.
Grand Theft Ego - Parfois, je clique sur un truc sur itch, et je me retrouve propulsé dans la tête d’un.e créateurice complètement dans l’espace, et j’adore ça. Ainsi ce GTE qui est un jeu de rôle fonctionnel dans lequel on incarne des super-héros bien particuliers, avec un esprit cartoon totalement revendiqué mais surtout une mise en page me rappelant mon essai en la matière en bien plus barré et totalement décomplexé. C’est, je le crois très sérieusement, le genre de choses que n’importe qui souhaitant écrire des jeux ou quoique ce soit d’un brin ludique se devrait de lire au moins une fois dans sa vie.
Office By Night - L’ami Jan continue, pour mon plus grand plaisir et sans nul doute le tien, ses excursions dans le domaine de l’aventure rôliste sans texte, avec ici le défi supplémentaire de quitter un peu le cadre médiéval fantastique classique pour transposer tout ça dans un bureau presque plus vrai que nature (la preuve, on peut y trouver des trombones). Comme d’habitude, je trouve la polysémie potentielle de l’image sans texte extraordinaire : il y a certes une interprétation plus évidente que les autres (aller envoyer un mail avant que l’entreprise de dératisation n’arrive) mais en réalité rien ne dit ici qui on joue, pourquoi, et tout ce que recèle ce terrain de jeu plus complexe qu’il n’y paraît…
Print It Yourself #3 - Les numéros de Print It Yourself sont livrés plus vite que je ne sors de nouveaux jeux, et pourtant crois-moi j’y mets du mien ! Cet opus-ci est entièrement dédié à deux choses : de la gravure sur gomme, d’une part, et surtout d’autre part à un formidable modèle de zine qui permet d’inclure ses propres inserts à l’intérieur de ses pages, mais seulement si on le fabrique à la main. Comme pour les 2 numéros précédents, cela titille dangereusement mon nerf créatif…
Time and Relative Dimensions in a Blue Box - Youpi, un nouveau créateur de jeux de rôles ! Et qui ne fait pas n’importe quoi avec sa première création puisqu’en signant un JdR Doctor Who avec des mécaniques inspirées par Brindlewood Bay, le jeu d’enquête avec des mamies : sauf que là, on incarne les compagnons du Docteur (et celui-ci est géré collectivement) dans des aventures qui me semblent respecter assez fidèlement l’esprit, malléable, de la série. C’est plein de bonnes idées et on sent le fan du matériau d’origine, et si cette première livraison est assez aride dans la présentation, j’ai hâte de voir ce que ça donnera une fois un peu de style appliqué !
Bande dessinée
Récréation - Il est curieux d’avoir trouvé cet album au rayon jeunesse de ma médiathèque car, s’il se présente comme une bande dessinée pour enfants, il est évident dès les premières pages que ce n’est pas (vraiment) ça : oui, il y est question de jeux d’enfants dans et hors de la cour de récréation (j’en ai découvert quelques-uns, d’ailleurs) mais presque immédiatement s’ajoute une couche d’expérimentations OuBaPiennes qui finissent par envahir tout l’espace dans la 2e partie de l’ouvrage. Le jeu, c’est dès lors celui avec le livre lui-même, et c’est assez jubilatoire de voir tout cela être déconstruit puis recréé, jusqu’à une fin prévisible mais très satisfaisante. Encore une belle réussite de Victor Hussenot !
Littérature
Pet Sematary - Il a tapé fort, ce vieux King, avec ce roman-là. Ça semblait pourtant un bouquin comme les autres, avec un début qui mettait sacrément du temps à débuter, sauf que l’ambiance était bien posée : une famille qui s’aime, un coin de province plus ou moins idyllique, bref la chronique d’un quotidien tranquille, pas désagréable à lire… Mais les signes sont là, dès le début, que ça va mal finir, et plus ça s’accumule, plus je pense voir venir le truc. Sauf que je ne regardais pas du tout dans la bonne direction, et passé le choc de la surprise, c’est la fascination qui me prend, celle de contempler la machine de l’horreur bien huilée se lancer à des centaines de kilomètres à l’heure, jusqu’à un des meilleurs finals que j’ai lu jusqu’ici dans l’œuvre de King. Je suis content de m’être lancé dans Pet Sematary sans savoir la moindre chose du roman, il m’aurait sans doute moins remué autrement ; en l’état, c’était une sacrée bonne surprise.
Non-fiction
Atlas Inutile de Paris - Je suis en relatif désaccord avec le titre de cet ouvrage car les 99 cartes de Paris qu’il présente comme un mille-feuilles d’informations passionnantes, toutes soigneusement sourcées, sont passionnantes et me permettent de redécouvrir ma ville de bien des façons, aussi bien historiques que géographiques ou culturelles. Chacune des cartes (certaines attendues et d’autres moins, certaines un peu faciles et d’autres complexes) est l’occasion d’un pas de côté et fournirait, je crois, une matière incroyable pour n’importe quel prof d’histoire ou romancier en herbe !
Série
De Rockstar à tueur : le cas Cantat - Passons outre ce titre racoleur et la mise en scène globalement très mauvaise de ce documentaire, dans le plus pur style Netflix (reconstitutions douteuses incluses). Peu importe, car cela n’impacte pas (trop) son message, qui est de nous rappeler les faits concernant Bertrand Cantat, meurtrier de Marie Trintignant et (probablement) responsable de la mort de Krisztina Rády, à savoir qu’il a bénéficié à la fois d’une justice assez laxiste et d’un appui médiatique proprement scandaleux lorsqu’on le considère depuis 2025. Evidemment, c’est aussi l’occasion de faire un mea culpa personnel et de se rendre compte que, si du chemin a été parcouru depuis lors en matière de vision sur le féminicide, la route est encore longue et il est encore nécessaire de faire beaucoup mieux en la matière…
Jeu de société
Bingo Island - Je suis tombé par hasard sur ce gros jeu pour enfant dont les critiques semblaient bonnes et, après test, justifiées. Comme son nom l’indique, il s’agit fondamentalement d’un bingo dans lequel on va acquérir des ressources au hasard pour les poser sur une grille pour gagner des animaux pour gagner des outils pour gagner des trésors (en gros). Outre le fait que ça introduit ma fille à un peu de complexité dans les jeux de société, le jeu allie assez bien aléatoire et stratégie, tout en restant assez court, pour qu’une partie soit divertissante même à mon niveau d’adulte. Et puis c’est plein de petites pièces sympa à manier !
Musique
Jammin’ Sam Miller, Donkey Kong Country 1 + 2 + 3 OST [Recreated] + BOX (2025 Edition) - Avoir été adolescent au milieu des années 1990 signifie que je suis en plein dans la cible d’un paquet de produits nostalgiques produits dans les années 2020, et la recréation des bandes originales de Donkey Kong Country en fait clairement partie. Certaines des pistes rassemblées sur cet album géant s’étaient nichées dans un coin obscur de ma mémoire et sont revenues à la surface en même temps que j’entendais leurs notes, venant évoquer de bien plaisants souvenirs ; du jeu lui-même, mais aussi de cette époque où la bande-son des jeux était aussi importante pour moi que le reste (je joue la plupart du temps aujourd’hui sans le son). Et, de fait, la bande originale de Donkey Kong Country se place, dans sa catégorie, dans le haut du panier, avec ses mélodies parfois jazzy, parfois funky, plein de percussions et de synthés. A réécouter tout cela aujourd’hui, ça fait bien sûr jouer à fond les canaux nostalgiques mais aussi apprécier des morceaux qui sont très objectivement d’un grand niveau mélodique (bon, pas tout le long des 3h22 que tout cela représente, bien sûr). Et comme je découvre, en allant fouiller ces allées, qu’il existe le même genre de choses pour les bandes originales de Metroid, Zelda et Mario, je sens que j’ai encore beaucoup d’heures pixellisées devant moi…
L’arrière-queer de Milouch
Tout Renaitra différente, La Reine garçon
J'avais déjà parlé de La Reine garçon il y a quelques arrière queer de cela et je les redécouvre par ce nouvel album sorti en début d'année.
Comme pour le précèdent, c'est un album qui parle de transition (avec plus de finesse que le premier je trouve) il est toujours plein de poésie et de douceur. J'aime particulièrement le travail des voix des deux chanteuses qui se mêlent dans de très jolie harmonies ainsi que leur travail sur les rimes où jouant avec nos attentes, elles transforment des « ant » et « antes », créant des « échecs de rimes » (désolée pour cette réference) aussi beau que genderless.
Mention spéciale à « J'ai vu des chevaux sous la mer », morceau un peu plus intense et un plus folk que les autres qui ouvre l'étendard des styles du groupe.
J'ai très hâte de voir comment tout cela va évoluer !!
Et toi,
qu’as-tu compoté cette semaine ?
Par ailleurs :
- Sérendipité : trouver un paquet de gel de silice dans Bingo Island et, le soir même, tomber sur cet article qui en dresse l’anatomie.
- Un Smartphone pété, un capteur solaire et hop, t’as un serveur Internet, à quoi ça tient parfois.
- En parlant de serveurs, ce billet me rappelle amèrement à quel point la majorité des choses conservées sur des serveurs sont totalement inutiles…
- J’aimerais, moi aussi, avoir davantage de motivation intrinsèque.
- Pourquoi les logos des boîtes d’IA ressemblent tous à des trous de balle ?
Des bises
et peut-être à dimanche prochain, en compagnie de Ilyas Ahmed.