La compote de Côme #218 - du dimanche 30 mars au dimanche 6 avril
Des vampires, des pirates et des rebelles.
Jeux de rôles
Slay The Ancient Foe (Of Scheduling) - Je continue de tomber de temps à autre sur des jeux en 36 mots qui m’avaient jusque là échappés et celui-là en fait partie. Outre que sa mise en page médiéviste est absolument remarquable, c’est aussi un petit jeu rigolo dans lequel on essaye de trouver une date pour se voir, mais c’est impossible… Ça tape beaucoup trop près des expériences vécues, dis-donc.
Souruama: Luna Unearthed - Je continue aussi de lire des jeux qui parlent de la Lune et de ses labyrinthes, et celui-ci m’a rendu particulièrement perplexe. Il est très beau dans sa mise en page simple et sobre et présente, de façon assez sibylline, un univers fait de gros robots se battant contre des démons géants, potentiellement au prix de leur âme… Le jeu passe une bonne partie de son contenu à faire allusion à des secrets et des choses cachées, et j’ai cru un moment que j’allais trouver la réponse dans une autre itération du jeu… Mais non. Peut-être que tout ceci trouvera des réponses un jour : en attendant, j’aime bien l’idée d’un jeu qui garde ses mystères et ne les révélera jamais.
Guillotine - Une dose de Blades in the Dark, une dose de Les Misérables (version comédie musicale américaine), une dose de monstres chelous, ça donne Guillotine, un jeu dans lequel on va incarner des personnages hauts en couleur et plein de capacités fantastiques qui vont chercher à abattre la Couronne et le pouvoir qu’elle représente. Là aussi, on a un jeu très stylé dans son graphisme sobre, et qui, passé l’incongruité potentielle de former une faction beaucoup trop pleine de personnages hors du commun pour être crédible, promet de beaux moments de jeu, avec de l’action et de l’idéologie ludifiée. Je préfère en tout cas largement cette itération du système, raffinée et nous guidant vers son propos et ses principes tout en douceur, à l’original…
Lineage - Mais non, je ne te parle pas de Lineage mais bien de Lineage ! Oui, ce n’est pas très clair. Cependant, les deux jeux ont une approche assez différente dans leurs mécaniques, puisque le premier du nom, déjà évoqué il y a longtemps dans cette compote, se concentre sur la vie d’un roi et les causes de sa mort, là où ce Linage-ci s’intéresse à une famille au sens plus large du terme, avec un système qui me rappelle de loin celui de L’Hôtel du Lion rouge en proposant aux joueurs d’ajouter chacun à leur tour leur touche sur l’arbre généalogique. Tout ceci est très inspirant (malgré le fait que le jeu ne sera jamais terminé), d’ailleurs je m’en vais de ce pas noter 36 mots à ce sujet…
Valley 100 - Il y a des années, à l’époque où Twitter n’était pas encore un laboratoire pour fascistes en herbe peuplé de fantômes numériques, j’avais lancé l’idée d’une exploration de donjon collaborative via des séries de tweets. Ça avait fini par s’essouffler et j’avais laissé là l’idée en friche… Alfred Valley est parti d’une idée relativement similaire mais avec beaucoup plus de talent, et en février dernier 100 personnes se sont retrouvées sur Bluesky à collaborer pour traverser des pièces bourrées de pièges et de danger, jusqu’à ce que seulement une poignée s’en sorte. Est fourni ici le récapitulatif des événements, malheureusement (de mon point de vue de game designer) assez pauvre en explications mécaniques et techniques ; c’est néanmoins un vrai plaisir de lecture et ça donne sacrément envie de retenter la même folie ! Ah, si j’avais plus de temps et de talent…
YOU WOULDN’T DOWNLOAD A BOAT - Comme souvent, je me retrouve un peu frustré par le dernier petit jeu de Grant Howitt… D’un côté, c’est une excellente idée que de jouer des pirates (au sens de personnes avec un bateau et un cache sur l’œil) dans un contexte cyberpunk où l’on peut imprimer en 3D tout ce qu’on veut). Il y a tout ce qu’il faut pour créer des personnages hauts en couleur, un système malin pour gérer la création et la dégradation des objets… Mais, d’un autre côté, il manque tout simplement l’intégralité ou presque des outils pour créer une aventure avec tout cela. C’est dommage car à ceci près (et c’est un gros « ceci »), on avait vraiment un très bon petit jeu…
Littérature
Stalker : pique-nique au bord du chemin - Ça faisait un moment que je voulais lire ce roman qui a inspiré, entre autres, le magnifique film de Tarkovski, tout en sachant qu’il en était assez différent ; je ne m’attendais pas à autant de différences… Disons, pour être plus précis, que si l’univers décrit ici est toujours celui de Zones étranges et menaçantes, où demeurent de puissants artefacts extra-terrestres, l’ambiance du roman est à mille lieuses de celle du film, préférant suivre les déambulations urbaines de divers protagonistes, petits criminels faisant leur beurre de l’exploration de la Zone plutôt que de poser une ambiance mystique et feutrée comme le fait le film. Ma lecture n’était pas désagréable mais très désarçonnante de ce fait, et je suis un peu déçu de ne pas y avoir retrouvé l’atmosphère que je cherchais…
Série
Interview with the Vampire saison 2 - J’avais beaucoup apprécié la première saison de cette série qui revisite l’œuvre d’Anne Rice pour en faire quelque chose d’encore plus queer et de beaucoup plus complexe que le film de 1994 avec Pitt et Cruise ; j’ai encore plus aimé cette 2e saison qui, si elle met de côté les questions sur le racisme qui avaient accompagné les personnages à la Nouvelle-Orléans, insiste énormément sur ses mécaniques de narration non-fiable, jusqu’à renverser presque entièrement des scènes cruciales de la saison précédente. Le Paris en carton pâte, accents douteux inclus, aurait pourtant pu me faire douter, mais il participe à mon sens à l’aspect camp de la série, jamais autant présent que dans une intrigue qui met la vie théâtrale et les trahisons amoureuses au centre. Le tout se termine, un peu rapidement, par une série de codas qui pourraient être la fin de la série, tout en ouvrant considérablement son univers ; elle reviendra a priori très vite dans une incarnation radicalement différente, que j’ai plus que hâte de découvrir !
Film
Mega Time Squad - Ce film néo-zélandais ne met pas longtemps à annoncer la couleur : ça va être un film de petites frappes débiles, qui auraient tout à fait leur place dans un film de Guy Ritchie, avec un gros soupçon de voyage dans le temps venant rendre tout cela plus ridicule encore. Pour être précis, toute l’intrigue tourne autour d’un colifichet chinois trouvé par le protagoniste, lui permettant de remonter un peu en arrière dans le temps et donc de créer un double de lui-même. Oui, faut pas trop réfléchir pour éviter de déceler les trous scénaristiques, exactement comme les personnages dans leur ensemble ne réfléchissent pas trop, d’ailleurs. C’est donc ridicule à souhait et, si tout ça finit par sacrément s’essouffler, ça donne tout de même un film qui sort un peu des sentiers battus dans les deux terrains qu’il arpente.
Jeu vidéo
Adventure of Lolo - Cette semaine, pour ne pas trop penser à la Switch 2 dont il faudra que je décide dans quelques mois si je l’achète ou non, je me suis tourné vers le rétro, avec ce jeu de puzzle platforming tout droit sorti de la NES ! Il est de très bonne facture et très agréable malgré les années, avec une belle courbe de difficultés au fil des niveaux, qui ajoutent de plus en plus d’obstacles sur la route de ce pauvre Lolo, qui ne demande qu’à trouver la sortie. Je n’en aurais pas forcément consommé des centaines de niveaux, mais les 50 proposés par le jeu m’ont diverti juste ce qu’il fallait !
Musique
I Monster, A Dense Swarm of Ancient Stars - L’image du cirque s’impose par la piste d’ouverture de ce formidable album de I Monster, mais assez vite, lorsque surgissent les dérèglements électroniques, on comprend qu’il va plutôt s’agir d’un tour de piste d’étrangetés sonores, une ballade dans des coins sombres et duveteux comme le groupe sait si bien les élaborer. Ça n’en fait pas vraiment un album expérimental ou concept : au contraire, la pop cool est plus que jamais de sortie, surtout sur le premier tiers de l’album qui enchaîne lestitres aussitôt entraînants comme “A Sucker For Your Sound”, “Goodbye Sun” “Cool Coconuts” ou l’incroyable “Lust For A Vampyr” qui aurait vraiment dû figurer dans la bande-son de la série ci-dessus citée. Mais bon, c’est tout de même un album de I Monster, donc il y a ensuite des histoires de canards, de comptables devenant fous, des extraterrestres et des insectes étranges… Et ça se finit, comme il se doit, par une reprise au vocoder de Tina Turner. Le tout avec toujours cette même coolitude flegmatique qui permet de traverser le spectacle nocturne de l’album en toute décontraction, et d’avoir envie d’y revenir, encore et encore.
L’arrière-queer de Milouch
Manifeste d'une femme trans de Julia Serano
J'ai lu Manifeste d'une femme trans il y a 4 ans. A l'époque, j'avais surtout retenu son concept novateur de transmysoginie. À l'occasion d'un remembrement de ma bibliothèque, je me suis à nouveau plongée dedans.
Et bien c'est toujours aussi fort que ce dont je me souvenais. C'est un livre qui présente la pensée de Serano sur les questions de transidentité, sur comment les personnes trans sont perçues dans la société et sur comment s'articule les mouvements trans et féministes.
Bien sûr, les concepts sont toujours aussi puissants, l'argumentation précise... mais ce qui m'a surtout frappé c'est à quel point les situations qu'elle décrit résonnait avec ma propre expérience de meuf trans.
Comment sa parole répondait à des interrogations qui me saisissent la nuit.
Je suis plus qu'heureuse d'avoir rouvert ce texte maintenant, d'avoir lu ses réponses.
J'y ai trouvé le réconfort
J'y ai trouvé la parole de celles qui nous ont précédées
Des réflexions
Et un élan
Pour l'action
Et toi
mass : J’ai écouté Revelation: Retold de Saliva.
Saliva est un vieux groupe que je connaissais surtout pour “Click Click Boom”, leur tube de 2001, qui faisait partie des incontournables pour les fans de nu-metal comme moi. Depuis, je dois avouer que j’avais un peu perdu le groupe de vue et que je ne m’étais jamais vraiment intéressé à leurs albums. J’étais d’ailleurs passé à côté de Revelation, sorti en 2023. Heureusement pour moi, ils ont décidé de revisiter cet album en le rééditant avec de nouveaux titres et des collaborations inédites.
Comme souvent, c’est un peu par hasard que je suis tombé dessus, en explorant les nouveautés sur mon application de streaming. L’album m’a accroché assez rapidement. Soyons clairs : on ne réinvente pas grand-chose ici. Mais peu importe ! Quand j’aime, je n’ai pas besoin d’originalité à tout prix. On retrouve un bon hard rock efficace, porté par une voix puissante venue tout droit du cœur des États-Unis. Les morceaux alternent entre passages lyriques légèrement rappés et refrains énergiques, soutenus par des riffs accrocheurs. Tout ce qu’il me faut !
Je privilégie l’énergie à la virtuosité, mais j’ai quand même besoin d’un chant assez clair (le growl, je l’apprécie, mais à petite dose). Cet album tourne en boucle dans mes oreilles.
Et toi, qu’as-tu compoté cette semaine ?
Par ailleurs :
- Je suis pas fan de graver des trucs sur des arbres pour le plaisir, mais je dois admettre que cette typographie créée en incrustant des lettres sur un arbre puis attendre 5 ans que sa pousse les déforme est assez classe.
- Ça y est, j'ai enfin rattrapé mon retard sur Changer d’angle, le podcast rôliste de mon ami Julien Pouard. C'est tout à fait le genre de concepts que j'aime : une discussion sur un ton badin entre deux personnes toujours passionnantes, ici sur le thème d'un jeu de rôle qui a fait changer l'invité.e de point de vue sur sa pratique rôliste, en termes de jeu ou de création. J'ai hâte de découvrir les suivants !
- Bon, il est temps d’admettre que je deviens un nerd des puzzles : je découvre des modèles comme ceux-là, avec des pièces aux formes non conventionnelles, ou encore les créations de Yuu Asaka et Simone Giertz, qu’on peut aisément qualifier d’OuPuzPo.
Des bises
et peut-être à dimanche prochain, en compagnie de Sainte Lucie.