La compote de Côme #197
Des schtroumpfs, des fusées et des hippies.
Du dimanche 3 novembre au dimanche 10,
J’ai lu :
Donjon Antipodes + tome 4 - J’avais écrit à la sortie du Donjon Antipodes + précédent que cette branche de la saga était parmi les plus réussies, et ça se confirme avec ce nouveau tome qui poursuit dans la même veine : aventures pulp, rebondissements et action à gogo, et même un cliffhanger qui permettrait à la série de rebondir après des pages qui viennent clore la plupart des intrigues en cours. L’avantage, sans doute, de Antipodes + par rapport au reste de Donjon, c’est qu’il n’y a que peu de liens qui peuvent être faits avec le reste des albums, ou de façon si distante que cela permet à la série d’exister par elle-même plutôt que de n’être que le support d’histoires déjà publiées, comme ça a pu être le cas avec certains Monsters récents…
Dans la forêt - Un après-midi enfermé en dehors de chez moi (quelle histoire) m’a permis de lire l’adaptation en bande dessinée d’un récit post-collapse dont des am·ies au goût sûr avaient dit du bien par ici et par là. Il y a en effet du bon dans ce récit, un fil qui m’a changé un peu de ces récits survivalistes où, une fois que tout s’est écroulé, le monde devient un terrain de chasse où les plus violents gagnent. Ici, il y a un peu de ça (ainsi qu’une scène de sexe totalement gratuite et carrément glauque) mais aussi l’espoir de réinventer notre place dans le monde, parvenir à quelque chose de plus humble et plus apaisé dans notre rapport à la nature. En bref, quelque chose qui permet d’espérer pour le futur, ce qui est toujours à prendre, ces temps-ci.
The Smurfs Roleplaying Game - En ce moment a lieu le financement participatif d’un jeu de rôle sur les Schtroumpfs ; en soi, c’est une riche idée, même s’il existe déjà pléthore de jeux permettant de jouer de petites créatures dans un monde trop grand pour elles. Le kit de démo proposé pour découvrir le jeu n’a rien de particulièrement incroyable : le système fait le job, l’aventure de démonstration est honnête, bref, pas de quoi s’exciter… En fait, si je parle de ce jeu ici, c’est pour démontrer l’incroyable puissance d’une licence commerciale : non seulement près de 1000 personnes ont pré-commandé ce jeu, mais en plus il existe un palier à $1000 dollars que 4 personnes ont acheté, et un autre à $350 acheté par plus de 100 personnes. Décidément, les rôlistes ne sont pas touchés par les mêmes problèmes financiers que tout le monde…
Here Not Here - Peut-être as-tu besoin, cette semaine, de sortir et de respirer un peu d’air pur ; de prendre le temps d’amener tes pensées vers des choses positives et d’observer la façon dont les nervures d’une feuille dessinent d’incroyables labyrinthes. C’est peu ou prou ce que propose ce petit jeu poétique, qui permet d’incarner deux personnages qui se rencontrent sans se connaître et font un bout de chemin ensemble. Rien de plus, rien de moins qu’un petit chemin de vie à partager, détaché·es du monde.
At Midnight, We Mash - J’ai toujours dans un coin de la tête un jeu avec un groupe de musique (mais on va se calmer sur les projets, hein), et je dois dire que AM,WM est un sacré concurrent en la matière ! C’est pourtant une proposition des plus simples : on y incarne des personnages tirés de divers imaginaires gothiques (le fils de Dracula, un monstre de Frankenstein amoureux mais pataud, un loup-garou, ce genre de choses) qui vont donner le concert de l’année, tant bien que mal… Chaque personnage a sa petite mécanique narrative et le tout reste à la fois très simple et plein de promesses pour raconter une histoire sans prétention mais pleine de rebondissements et de drama potentiel. Une belle découverte !
Guide de survie pour le voyageur du temps amateur - J’ai découvert par hasard ce roman qui utilise le voyage dans le temps pour parler d’autre chose, comme il se doit : derrière une couche de techno-blabla se cache un texte sur la relation père-fils et surtout sur une certaine idée de la dépression et des bâtons qu’on se met soi-même dans les roues pour éviter d’avancer. L’intrigue avance à un rythme boiteux qui m’a parfois empêché d’en apprécier tout à fait la lecture, mais les pages du Guide de survie… étaient suffisamment pleines de trouvailles pour m’amener jusqu’à leur conclusion !
Un Cœur pur - Je ne savais pas tout à fait à quoi m’attendre avec cette bande dessinée recommandée par plusieurs amies et de fait, je ne suis pas tout à fait sûr de ce que j’ai lu : est-ce une fiction à la Féasson, sur une ville pleine d’adolescents délaissée par les adultes ? Quelque chose qui va davantage tirer du côté du fantastique sombre, avec des allusions à de la magie, des séries de meurtres et d’étranges prophéties ? Est-ce qu’au final tout cela n’est pas une toile de fond pas si importante pour servir de décor à des histoires de sentiment et d’amour que j’ai trouvées délicates mais pas passionnantes ? Je ne sais pas non plus si Un Cœur pur aura une suite, mais tel quel c’est un volume qui m’a laissé un peu perdu…
Blood Borg - Dans mes cartons à idées, j’ai aussi quelque chose avec un pseudo-vampire (dont je te reparlerai prochainement, pour le coup) : une excellente excuse pour lire ce nouveau d’Adam Vass, énième rejeton de Mork Borg qui va cette fois-ci chercher du côté punk du monde des ténèbres ! Je dois avouer qu’avec l’âge j’ai du mal à comprendre ce qu’il y a de cool à jouer des prédateurs, mais Vass évite cette discussion épineuse et va plutôt explorer l’aspect « bande de pariahs d’une société qui ne veut pas d’eux ». Le design du jeu est impeccable et, s’il va sans doute un peu trop chercher du côté OSR pour moi, est beaucoup plus attirant à mes yeux qu’une production White Wolf, ne serait-ce que pour son système de magie à base de zines !
Le petit robot de bois et la princesse bûche - Je suis un grand amateur de Tom Gauld et j’ignorais qu’il avait aussi écrit des histoires pour enfant jusqu’à ce que je tombe par hasard sur ce petit tome ! C’est de la subversion de conte de fées comme je les aime, avec des rebondissements et du suspense, et des dessins plein de petits détails dans lesquels se perdre. Et comme Madeleine a bon goût, elle a adoré autant que moi !
J’ai vu :
Pose saison 1 - C’est par Léo Henry, figure-toi, que j’ai entendu parler de cette série, mais que font les copines j’te jure. En tout cas c’est un plaisir de découvrir cette plongée dans la ball culture du New York des années 80, avec des défilés incroyables et des histoires de jalousie… Mais surtout, en fait, des histoires de sororité, de meufs qui galèrent, de SIDA et d’exclusion, le tout regardé de loin par des yuppies qui fantasment sur ce qu’ils ne comprennent pas. Le cast composé majoritairement d’actrices trans et racisées est à fond, le département costume aussi, et on s’attache très vite à ces personnages qui, au fond, ne font que chercher la place que personne ne veut leur donner. Une super découverte dont j’ai hâte de voir la suite !
Fusées - J’ai accompagné cette semaine mes élèves voir ce petit spectacle un rien bancal, dont la trame m’a semblé étonnamment proche de 2001 : l’Odyssée de l’espace. La pièce vaut surtout pour son côté lo-fi/bricolé, arrivant à simuler une station spatiale avec trois bouts de carton et plein (mais plein !) de bruitages à la bouche, et installant à coup de pantomime une situation et quelques personnages archétypaux bien sentis. Comme avec 2001, je ne pas certain d’avoir tout compris à la fin de la pièce, mais peu importe, elle est parvenue à me faire un peu rêver et un peu rigoler, à égale mesure !
Mathieu Boogaerts en groupe ! - C’est une habitude pour Camille et moi depuis plus de dix ans : quand Mathieu Boogaerts squatte plusieurs semaines d’affilée une salle de concert, nous allons le voir ! Avant c’était à la Java, maintenant à l’Archipel, et cette année accompagné d’un groupe qui se donne à fond (mention spéciale au guitariste qui a clairement étudié les mimiques et le jeu de scène du maître). C’était un concert étonnamment long, avec l’incroyable apparition de Luce en rappel, le genre d’événements qui me fournit en énergie pour le restant de la semaine ! Bon, Boogaerts n’a pas chanté cette chanson-là, ni celle-ci, mais il a chanté celle-là et cette autre aussi, donc tout est pardonné.
J’ai joué à :
Teslagrad 2 - Ça commençait bien pour Teslagrad 2, metroidvania plein de pixels qui m’a embarqué sans que j’ai joué à son premier volet : de l’exploration, des pouvoirs électriques débloqués au fur et à mesure, une carte tentaculaire, et même un principe plutôt innovant pour ses boss, dont les points faibles m’étaient loin d’être évidents et m’ont demandé bien des tentatives pour les déceler, avant que je comprenne comment faire avant de les plier en 2 minutes chacun. Et puis d’un coup, en dégommant un de ces boss j’ai compris que c’était le dernier et que j’avais fini le jeu : pourtant, ma carte était encore plein de trous et de mystères, mais j’ai compris que le jeu voulait que j’explore ces zones-là maintenant, pour atteindre la vraie fin… et pourquoi pas, sauf que la carte du jeu est vraiment énorme, ne peut être annotée, et ne comporte que très peu de moyens de la parcourir rapidement d’un bout à l’autre. Alors bon, trop la flemme et c’est dommage, car si ces mystères avaient été éparpillés le long de l’intrigue principale, je serais peut-être allé les chercher un peu…
J’ai écouté :
The Roches, s/t - Par l’intermédiaire du puits de connaissances musicales que sont les mixes des Kleptones, je découvre par hasard ce groupe de folk de trois sœurs et leur album sans titre de 1979. C’est une façon charmante de conclure la semaine, avec un titre introductif dans tous les sens du terme puisqu’il présente le groupe à celleux qui ne le connaîtraient pas avec de la guitare sèche et du « tilililili ». Ce n’est néanmoins pas ce versant mignon-rigolo, qu’on retrouve ailleurs sur l’album, qui m’a tout de suite attiré vers les Roches mais plutôt leurs belles harmonies, qui ont pour moi la couleur de la Californie hippie des années 70.
L’album s’éparpille peut-être un peu trop entre les styles, allant (se) chercher du côté du cabaret, de l’héritage irlandais et autres mélanges parfois un peu brouillons, mais toujours avec cette sorte de nostalgie préprogrammée et cette impression d’un doux air d’automne me soufflant sur le visage. Un petit morceau d’un autre temps…
L’arrière-queer de Milouch :
CINEFFABLE Festival
Il y a une semaine tout pile, se tenait le CINEFFABLE festival alors évidement l'arrière-queer était sur place !!
Oui alors euh, je lance ça comme si j'avais couvert l'ensemble du festival mais non…
En réalité, je n'ai été qu’à une projection de 4 films un dimanche après-midi...
Mais bon, j'avais envie de parler du festival dans son ensemble et puis bon, qu'est-ce que vous allez faire ?!
CINEFFABLE c'est un festival de film lesbien et féministe qui a lieu depuis 1989 et un des plus gros évènements lesbiens de France !
Une de ses spécificités, c'est qu'il applique une politique de non-mixité assez forte. C'est en effet « un festival en non-mixité femmes et/ou lesbienne ». On peut discuter des contours de cette non-mixité (et c'est d'ailleurs un sujet mouvant au sein du collectif) mais il faut dire que c'est très impressionnant et réconfortant. Je suis arrivée alors que l'espace du festival était rempli et je pense que ça ne m'était jamais arrivée de me retrouver dans un espace aussi grand où, ben, y a que des meufs (pour avoir un espace avec que des mecs, c'est facile, il me suffit d'aller au taf...). Et mine de rien, ça fait quelque chose !
Concernant les films maintenant (parce que bon, j'imagine que vous êtes plus la pour ça que pour recevoir mes émotions sur la non-mixité). Et bien il y en avait 4 (oui, aujourd'hui, c'est FESTIVAL, cette arrière-queer sera donc particulièrement longue, désolé Côme) :
Dorothy Arzner, une pionnière à Hollywood de Klara et Julia Kuperberg
Un documentaire super intéressant sur la figure de Arzner, une des premières réalisatrices de Hollywood dans les années 20 qui non contente d'être une réalisatrice de très haute volée dans un milieu essentiellement composé de mecs était aussi ouvertement lesbienne et vivait avec sa meuf à Hollywood !! Comme j'ai la culture cinématographique d'une huître mi-cuite je ne la connaissais évidement pas, mais elle a sorti de gros bangers de l'époque comme Girl Dance Girl, a inventé le concept de perche pour la prise de son et a été la prof de Coppola (qui lui voue encore un culte d'ailleurs)... Le docu était super intéressant avec pas mal de remise en perspective sur le rôle de réalisateur.ice à Hollywood notamment vis à vis du code Hays (que Arzner a du pas mal contourner).
Dead Lesbians de Eva Justine et Torkkola
Alors clairement c'est pour ce genre de court métrage que je pense qu'un festival de film lesbien vaut le coup !
Une jeune femme est hantée par le fantôme d'une autrice de romans lesbiens des années 60 juste avant un date.
Et c'était trop bien !! Confrontation des points de vue et des sensibilités à travers les époques, question sur la représentation lesbienne et ce que les époques permettent d'y mettre bref, juste le feu du dialogue queer intergénérationnel quoi !
Che Buffa, La Zia Valleria de Marta Specolizzi et Sarah Emilie Lillie Bergen
Un petit court sur la vie et la mort de la tante lesbienne de l'une des deux réalisatrices. Assez difficile à accrocher pour moi. C'était un bel hommage intime mais qui ne permettait pas vraiment de rentrer dans cette intimité et de connecter avec le récit qu'on nous proposait.
All That Love Allows de Emily Curtis
Un incroyable travail de montage d'archive pour imaginer ce qu’a pu être la rencontre entre les deux plus grande pirates de tous les temps : Ann Bonny et Mary Reads ! Hyper intéressant sur l'usage de l'archive et pleins d'idées de montage (plus ou moins bien gérées) ; c'était très expérimental, mais chouette !
Et voilà ce que je pouvais vous dire sur Cineffable ! C'était le feu et j'y reviendrai avec grand plaisir les années qui viennent. En attendant je me tiens prête pour Chéris / Chéris le festival de film LGBTQ+ qui aura lieu du 15 au 26 novembre à Paris !! [NdC : n’espère aucun remboursement de tes notes de frais par contre]
Et si vous êtes arrivé.es jusqu'ici (déjà bravo, je sais pas comment vous avez fait) sachez que Zoe Heselton, une incroyable artiste queer dont j'ai parlé dans une très vieille arrière-queer (c'était même pas l'arrière-queer à l'époque...) se produit à Paris le 16 novembre au Tony ! Donc si vous voulez entendre de la folk brisée et matinée d'un spoken-word désespéré, c'est par là-bas !!
Désolée, c'était assez long mais j'ai essayé de rendre justice aux 4 films ! Promis, la prochaine sera plus courte !!
Et toi :
mass : J'ai récemment regardé L’Enfant, la Taupe, le Renard et le Cheval, un court film d'animation de 35 minutes que ma fille m'avait recommandé. On y suit un garçon en quête d'un foyer qui rencontre successivement une taupe, un renard et un cheval au fil de son chemin. Ce film prend la forme d'un conte, ou d'une fable, où l'amitié joue un rôle central. On y explore aussi le sentiment d'être perdu et l'importance de se retrouver grâce à la gentillesse et aux liens que l'on crée.
L'aspect visuel est particulièrement soigné : le dessin, à la fois épuré et élégant, met en valeur de vastes paysages enneigés. L'ensemble dégage une atmosphère douce et apaisante, bien que teintée, par moments, d'une certaine mélancolie. C'est un film qui fait du bien, tout en portant une touche de gravité discrète qui renforce l'intensité de l'histoire.
Et toi, qu’as-tu compoté cette semaine ?
Par ailleurs :
- Si pour une raison ou une autre tu veux retourner en 1998, c’est presque possible.
- L’intelligence artificielle pourrit tout, même le tricot.
- Scandale lors du dernier championnat du monde de cassage de marrons (merci à Martin pour ces deux détours).
- Je sens bien que c’est une folie de m’être relancé dans Stardew Valley cette semaine, surtout quand je vois que son créateur vient tout juste de tout finir dans sa propre partie du jeu.
Des bises
et peut-être à dimanche prochain, si tu arrives à écrire une phrase sans la lettre « A ».