La compote de Côme #193
Des cryptides, des ours et de la poésie.
Du dimanche 6 octobre au dimanche 13,
J’ai lu :
Connexions tome 2 - J’étais tout à fait ravi de constater récemment en librairie que le tome 2 des Connexions était déjà sorti et que je n’aurai pas à l’attendre des années comme je le pensais ! Bien qu’une partie de mon cœur se serre de ne pas l’avoir acquis sous forme de fanzines comme pour les chapitres du tome précédent… Cependant, à la lecture mon regret n’est pas si intense, car il faut bien reconnaître que j’ai été déçu par ce second volume. Il introduit de nouveaux personnages en repoussant les précédents à la marge, et mon petit cerveau a eu bien du mal à refaire les liens (eheh) entre tout ce beau monde, surtout que dans ce tome 2 se multiplient les flashbacks et les ellipses temporelles. De plus, là où le premier volume ne développait qu’une seule intrigue, faite de plusieurs petits récits, ici des choses sans rapport apparent se tissent et, en un mot comme en cent, je suis un peu perdu. Peut-être qu’un tome 3, s’il est prévu, viendra mettre de la cohérence dans tout ça ?
Road Back Home - J’aime bien les jeux de rôle qui racontent des voyages et, si Melville a déjà écrit le meilleur d’entre eux, ce Road Back Home est plutôt sympathique, avec son emphase sur la narration et sa structure sous forme de plan sur lequel on choisit ses arrêts. Ce qui est plus étrange, c’est qu’il se présente comme un jeu sur des ami·es qui vont se prendre la tête (avec d’ailleurs une jolie brochette d’archétypes bien pensés en 3 mots chaque) mais qu’on ne sait pas vraiment d’où l’on revient, sur cette route vers la maison… Mis à part ce début un peu bancal (et une fin peut-être également trop rapide, à coup d’ellipses vite expédiées), ça reste un joli essai du genre !
Michigan Dogman - Sans surprise, Adam Vais pond à nouveau un jeu de grande qualité, avec la finesse d’écriture et la jolie maquette qui caractérisent la plupart de ses productions. Ici il est question d’un cryptide qu’on va aller voir dans la forêt juste pour se vanter de l’avoir fait, en essayant qu’il ne nous bouffe pas tout cru, bien sûr. Tout y est affaire d’ambiance et de progression sur des hexagones plus ou moins risqués, et de savoir si vraiment, ça vaut la peine de risquer de se perdre dans ces étranges bois…
A Conference of Babies - De temps en temps je m’offre une lecture rôliste avec le minimum de prise de tête possible, un truc rigolo vite lu vite oublié mais qui a tout de même ses qualités. Cette semaine, c’est ACoB (dommage que ça ne s’appelle pas “A Conference At Babies” mais c’est la vie) qui propose, en hackant Honey Heist de l’immortel Grant Howitt, d’incarner des bébés secrètement très intelligents qui doivent échapper à la vigilance de leurs assistantes maternelles pour aller donner une conférence très importante. Ça garde les mécaniques de Honey Heist (celui-là je peux pas l’appeler par ses initiales) en inversant le déroulé narratif, c’est donc assez malin, tout en étant assez crétin !
The Saint of Winding Path - Alors que je viens tout juste de sortir un jeu sur une sainte bretonne (existe aussi en version irlandaise), je découvre ce petit jeu avec un saint et du tarot, mais qui n’a en fait rien à voir : c’est un jeu solo dans lequel on guide différent·es voyageur·euses le long de chemin égaré, avec l’espoir de devenir une figure sainte en bout de piste. Mention spéciale aux superbes illustrations qui reposent sur un principe dont j’aurais aimé avoir l’idée !
Raiding the Obsidian Keep - Parfois en festival on retrouve des vieux copains, comme l’ami Eric Nieudan que j’ai récemment croisé à Senlis. En plus d’être une personne absolument adorable, Eric est aussi l’une des deux têtes des Merry Mushmen, qui ont notamment produit les magazines Knock! dont je t’ai déjà dit le plus grand bien ici. Et comme Eric est une personne adorablement sympathique, il m’a offert ce petit module OSR qui, il faut bien l’admettre, n’est pas vraiment ma came ; en revanche, c’est un petit bijou de production design, avec une couverture détachée faisant office d’aide pour le MJ et une aventure fort paquetée, bien écrite et glauque comme il se doit et résolument tournée vers l’idée de la faire jouer (donc avec plein de conseils, de tables dans lesquelles piocher et d’options à ajouter). De la très belle ouvrage !
ChocoTrain - Je ne t’ai pas encore parlé du ChocoTrain et c’est un manquement impardonnable. Comment avoir osé oublier cet album avec plus de rebondissement et d’action que le plus improbable des blockbusters ? Avec un humour absurde des plus délicieux ? Avec, si j’ose enfiler mon chapeau d’intello, une réflexion méta sur le fait de raconter des histoires ? Le tout avec un graphisme cartoon tout à fait adapté et un casting 100% féminin, bref, un sans faute total !
Blackwater tome 6 - Eh bien sans surprise, tout ceci finit comme un pétard mouillé… On sent que l’auteur en a un peu marre et fait passer le temps le plus vite possible, faisant disparaître des personnages qui n’ont de toute façon jamais eu beaucoup d’épaisseur. On arrive dans les années 60 sans que rien ne semble changer pour les protagonistes, que le monde extérieur n’affecte pas, ce qui les rend encore plus falots, et les quelques derniers rebondissements scénaristiques n’y changent pas grand chose. Reste une fin attendue mais tout de même bien écrite, où le fantastique et l’horreur demeurent sous la ligne de flottaison, ce qui n’est finalement pas si mal. Bref, Blackwater n’est pas une mauvaise saga mais j’avoue avoir du mal à comprendre la hype qu’il y a eu autour de ces 1500 pages…
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OctoGônes 2024 - Le week-end prochain, c’est OctoGônes, une des plus grosses conventions de jeu de société et de rôle qui a lieu à Lyon tous les mois d’octobre ! Et j’y serai, pour ne rien gâcher, avec les copaines du Rayon Alternatif et notre nouveau logo réalisé par le formidable Nicolas Folliot. Viens-y donc, non pas pour découvrir mes jeux (car tu les as déjà tous, bien entendu) mais pour discuter tranquillement et m’entendre te chanter les louanges de mille autres beautés !
J’ai vu :
The Bear saison 3 - C’est un peu étrange d’avoir annoncé que la saison 4 de The Bear sera la dernière, car en réalité il aurait fallu dire que la saison 3 serait la fin de la série, découpée en deux demi-saisons… C’est en tout cas l’effet que m’a fait cette grappe d’épisodes qui portent tous le sceau de la transition et se terminent sur plusieurs cliffhangers. Après les explosions à la fin de la saison précédente, les choses stagnent, se figent, et la plupart des personnages s’entêtent dans leurs défauts, parfois de façon un peu frustrante. Mais c’est aussi une saison où l’on comprend d’où certain·es viennent, où l’on comprend que beaucoup de choses ne pourront plus être comme avant, et où l’on tente parfois de se confronter à ses démons, la plupart du temps sans succès. Il y a une grosse pression sur la prochaine saison pour réussir à boucler tout ça, mais j’ai bon espoir qu’elle y parvienne !
The Royal Tenenbaums - Je n’avais pas grand souvenir de ce film revu au cinéma cette semaine après que quelqu’un (je m’excuse s'iel lit cette compote, je ne sais plus qui…) m’a dit que c’était son Wes Anderson préféré. C’est vrai que ça fait du bien de retrouver l’Anderson des débuts, pas encore bouffé et bouffi par ses maniaqueries et insufflant du cœur dans ses personnages et ses histoires, encore un petit peu bancales. Il y a bien des éléments qui me mettent mal à l’aise, comme la réhabilitation d’un père qui de toute évidence suinte le narcissisme et la manipulation, et une relation amoureuse entre deux adelphes adoptifs qui n’est sans doute pas traitée avec les pincettes qu’elle devrait. Mais c’est justement cette absence de réponses toutes faites, cette imperfection générale qui donne des personnages complexes, toustes bouffé·es par leurs névroses et auxquels on pardonne leur manquement. Voilà peut-être ce qui manque dans les films de Wes Anderson aujourd’hui : de la maladresse.
J’ai écouté :
Cerno saison 6 - L’anti-enquêteur est fatigué, ça se sent, et pourtant il va continuer… La faute peut-être à cette saison qui se rapproche à nouveau des tueurs en interrogeant ceux et celles qui les ont connus, en leur redonnant la part d’humanité nécessaire qui n’a jamais quitté ce podcast qui, cependant, n’est jamais aussi bon que lorsqu’il est du côté des victimes. C’est en tout cas la fin de mon marathon Cerno puisque je suis à présent à jour, ce qui veut dire que je vais devoir attendre l’épisode 128 début 2025, et que tu n’en entendras pas parler par ma bouche d’ici l’été prochain… De quoi te mettre toi-même à jour, j’espère !
Computer Time, Spectronic EP - Dès l’intro de l’EP, si tu n’avais pas compris que tu allais partir dans la pop de l’espace, on y est : lignes de synthé tirées vers le ciel, electrorétro plein gaz. Il y a quelque chose d’immédiatement attirant pour moi dans cette voix haut perchée, comme j’aime les envolées de Glass Candy : mais ici on n’est pas dans du punk qui essaime vers d’autres territoires musicaux, on est dans l’electro-pop de l’espace, versant rempli d’étoiles qui pulsent en rythme, et on n’en descendra pas. Le tout culmine avec “Everyone Feels That Way Sometimes” avec son refrain parfaitement ciselé pour rester en tête et son pont qui ressemble à un tuto de musique minimaliste, dont les éléments s’assemblent patiemment les uns aux autres…
Depuis cet EP sorti il y a bien longtemps, Computer Time s’est réinventée en Danz CM : je dois avouer ne pas l’avoir suivie vers ces autres cieux, encore occupé à danser sur ces premiers planétoïdes…
L’arrière-queer de Milouch :
Le roman de Silence
En bilan de l'arrière-queer
Je vis dates de parutions
Des beaux livres qui me ravirent
Nuls d'avant la Révolution !
Erreur pour l'ancien régime
Il fallait alors réparer
Et choisir un grand livre queer
Du Moyen Âge s'il-vous-plait !
Sur conseil de podcast savant
Pris Le Roman de Silence
Conte célèbre et avenant
Qui de son temps fut en avance
Je vais aujourd'hui essayer
De vous en faire la critique
Vers de huit pieds, rimes croisées
Projet bien top acrobatique
Le dit Roman de Silence
Est roman queer d'un autre temps
Conte récit d'un homme trans
Au genre choisi par ses parents
Il narre le succinct récit
Des aventures de Silence
Qui de Cornouailles partit
Avec Jongleur s'enfuit en France
Rencontre grand.es rois et reines
Par celle-ci fut démasqué
infligeant tourments et milles peines
Motif classique et éculé
Silence a pris son thème aux contes
Mais aussi aux récits d'Arthur
Silence comme Mulan affronte
Le genre en la Littérature
Récit de la part de nature
Et de culture en conflit
Formes de l'inné et de l'acquis
Théorie queer, ça pour sûr
Dans son texte on trouve aussi
Horrible portrait des femmes
Vision de Misogynie
Pensée de l'auteur infâme
Silence transitionnant
Prends les attributs masculins
On les loue au détriment
De ceux qu'on dira féminins
Que de remarques misogynes
Les taire je ne pourrais
Livre son époque rumine
Même si porte quelques idées
Me faut clore car le temps presse
Récit novateur pour son temps
Rempli d'idées et plein d'adresse
Mais dont le texte est éreintant
Des arthuriens est rempli
Dans ce style pleins de noblesse
Nous honnissons sa misogynie
Mais chanterons sa queerness
Qu'on veuille bien me pardonner
Cette modeste faribole,
Il fallait experimenter
Et prendre ici un nouveau rôle
Les plus fin.es auront noté
Quelques erreurs et des bévues
Ces vers sont durs à composer
À qui n'a en ces temps vécus
Et toi,
qu’as-tu compoté cette semaine ?
Par ailleurs :
- Hassan K a lancé une grande base de données des groupes masqués et il y en a beaucoup plus que tu ne le crois.
- Je suis sûr que vous voulez savoir ce que fait Elisabeth Borne sur la veste d’une star de K-pop (merci Tony !).
- Je suis fasciné par les erdstall, ce réseau de tunnels moyenâgeux à l’usage encore peu compris aujourd’hui.
- Dookie de Green Day sous 15 formats plus absurdes les uns que les autres (piano automatique, cylindre de cire, truite qui chante…) ? Je dis OUI !
Des bises
et peut-être à dimanche prochain, si tu as trouvé le Konami Code de François Bayrou.