La compote de Côme #185
Du dimanche 11 août au dimanche 18,
J’ai lu :
The Girls of the Genziania Hotel - Je crois que l’ami JC m’a définitivement transmis son obsession des hôtels, grands et petits, mais il faut bien avouer que les lieux liminaux m’intéressent depuis longtemps. Quoiqu’il en soit, j’ai trouvé mon compte avec ce jeu en accès anticipé, dans lequel on incarne les femmes de chambres d’un grand hôtel européen qui enquêtent sur la disparition de l’une d’entre elles. C’est inspiré par les mécaniques que l’on retrouve dans The Between et Brindlewood Bay, avec de l’enquête émergeant au fil des actions des joueuses et des phases de jeu correspondant aux différents moments de la journée… Ce n’est certes pas fini, mais déjà très alléchant et utilisable comme tel !
Cloud Empress - Il me reste encore quelques jeux OSR ou adjacents à lire (c’est qu’il y en a pléthore de ces bêtes-là !), parmi lesquels Cloud Empress qui a pour lui une esthétique me faisant beaucoup penser aux histoires de science-fiction d’il y a un siècle, et un univers vraiment original avec des cicadas géantes, de la magie qui utilise la craie, des anomalies spatio-temporelles et tout le toutim. Mais c’est aussi un jeu qui contient des règles, une esquisse d’univers et… c’est tout, absolument aucune précision n’est apportée sur ce qu’on peut jouer là-dedans, ni l’ombre d’un scénario ou de conseils pour créer les nôtres. C’est bien gentil de coller un écusson sur la couverture pour indiquer que c’est compatible avec Mothership mais s’en tenir là ne suffit pas…
Mickey Fantasy tome 1 - L’ami Steve ayant acheté cette bande dessinée en double sans le savoir, je me suis retrouvé avec elle dans mes bagages et deux histoires de Fantasy sauce Mickey dans mes bagages. On parle dans les deux cas de l’école italienne des dessinateurs de Mickey et Donald, sans doute l’un des 3 pays où ces héros sont les plus populaires, et de la réédition d’un classique des années 80 collé à quelque chose de plus récent. Dans les deux cas, il est question d’une collision entre le monde « réel » de Mickey et celui d’un univers de fantasy (avec un joli twist dans “Ducktopia”), avec tous les clichés du genre qu’on peut imaginer, sans que cela soit désagréable. J’ai préféré le rythme de « L’épée de glace » à celui de “Ducktopia” mais, dans les 2 cas, je n’aurais pas lu ces planches si elles ne m’étaient pas tombées sous le nez, et je ne rechercherai pas activement les deux autres tomes qui vont sortir cet été pour compléter des histoires se suffisant bien à elles-mêmes.
kFirebrands - Même si j’aime bien le concept des jeux Firebrands avec leur côté « WarioWare du jeu de rôle, mais sérieux », je n’ai jamais été tout à fait convaincu par la façon dont ils sont mis en place jusqu’ici, une Fine Fleur mise à part. C’est aussi le cas de l’amie kF qui s’est attaquée à bras le corps au problème et en tire un bricolage à faire circuler sous le manteau qui simplifie l’économie générale du principe et le propulse dans un contexte français néo-futuriste. Sans surprise, c’est efficace et brillant ; du coup j’en parle ici pour éviter que le projet soit abandonné, et toc !
Exercices de survie - Difficile de dire de quoi auraient parlé réellement ces Exercices si Jorge Semprún avait pu les achever. En l’état, ils me font un peu penser au Grand Incendie de Londres de Roubaud, avec leur manière d’enrouler la mémoire, de partir sur des tangentes longues de plusieurs paragraphes et se laisser aller au gré des souvenirs, pour toujours néanmoins retomber sur ses pattes. Il y est bien sûr question des camps, avec un retour sur des choses déjà écrites dans Le Grand voyage mais sous un autre angle ; il y est aussi question de la résistance et sa face sombre qu’est la torture, de comment on ne peut totalement s’échapper de ces expériences hors de l’ordinaire qui finissent par façonner une vie. De par sa nature, le récit m’a un peu moins convaincu que les précédents, mais il demeure puissant.
J’ai vu :
I Saw The TV Glow - Il y a les films bourrés d’action, et ceux qui reposent entièrement sur leur atmosphère particulière, comme I Saw The TV Glow. Oh, ce n’est pas comme s’il ne s’y passait rien, mais on est surtout là pour explorer la relation si particulière entre deux ados des années 1990 et leur obsession pour une série, The Pink Opaque, qui ressemble à une version cheap et un brin édulcorée de Twin Peaks et semble souvent plus intéressante que le monde réel. Mais ladite série n’est peut-être pas comme les personnages s’en rappellent des années plus tard, rongées par leurs angoisses et leur mal-être. J’ai adoré l’ambiance de nostalgie désespérée de I Saw The TV Glow, et les allégories on ne peut plus queer que le film tisse sans trop se cacher, mais il faut s’y lancer pour l’ambiance et non pour l’intrigue…
J’ai joué à :
Next Station: London - Cadeau de l’ami Virgile, ce petit jeu était parfaitement choisi pour ravir en moi l’amateur de “choose and write”, ce genre de jeux qui consiste à écrire des trucs sur un papier faisant office de zone de jeu, ainsi bien sûr que l’amateur de transports urbains ! Dans ce petit jeu plus stratégique qu’il n’y paraît, il faut tracer les lignes les plus optimales au gré du hasard, exercice pas facile et rendu plus stratégique encore avec les règles avancées. Je regrette un peu le manque d’interaction entre les joueuses pendant une partie, mais celles-ci sont tellement courtes que ce n’est pas si gênant… Et, point positif de Next Station, il est tout aussi intéressant en solo !
J’ai écouté :
Igloo, s/t - Ça commence sans préambule, avec une plongée du haut de la pointe du Raz dans des eaux troubles et sombres. En l’espace des 6 titres de ce groupe découvert au hasard (initialement dans cette merveilleuse compilation), il y aura peu de respirations : le début de « Forêt », avant que l’on s’enfonce progressivement dans des bois tordus peu rassurants, pourchassés par on ne sait quoi, et quelque part au milieu de « Briket », légère pause avant la formidable ode à Jakeline à laquelle tout le reste de l’album semblait avoir préparé, avec sa course de plus en plus effrénée qui finit par nous propulser en apesanteur, là où on peut enfin respirer. Je n’ai pas trouvé d’autres traces de ce groupe en fouillant les internettes, et c’est bien dommage car il y avait dans cet album beaucoup de potentiel…
L’arrière-queer de Milouch :
Alors que la canicule s'est abattue et que l'impression de marcher dans les rues abandonnées d'une ville post apocalyptique me rappelle pourquoi j’adore et je déteste l'été, je vais vous parler d'un des groupes que je préfère pour marcher dans la rue. Surtout quand celle-ci devient un chewing-gum de goudron fondue.
Mansfield Twenty Years After c'est un groupe Nantais composé de Julia Lanoë (qui officie également dans Kompromat et Sexy Sushi) et Carla Pallone.
C'est un chant sensible et cassé, toujours sur le fil. Il est le porte voix de chansons violentes et fragile. Ce sont des histoires d'amour lesbiennes, des meurtres, de la domination et du désespoir. Le tout dans une ambiance crépusculaire porté par un ensemble musical minimal piano et violon ou un fond d'électro (je dis électro mais je laisserais les puristes corriger cette approximation).
Mansfield c'est clairement l'allégorie musicale de tracer dans la rue avec des talons ultras compensés. On a l'impression d'écraser l'asphalte mais on est toujours à deux doigts de se casser la gueule.
Je ne peux que vous conseiller de vous plonger dans cette discographie éclatée et éclatante. Mais je me dois de vous prévenir, le groupe n'existe plus et il n'est donc plus possible de le voir en live. N'avoir pas pu assister à leur live d'adieu à l'Olympia est d'ailleurs très haut dans mon panthéon des regrets. Alors adieu Gilbert de Clerc…
Et toi,
qu’as-tu compoté cette semaine ?
Par ailleurs :
- Ces satanés étrangers qui viennent en France pour profiter de nos services de santé !
- Les trottoirs, c’était mieux avant.
- Je sais qu’il y a par ici des amatrices de champignons et d’autres de nuanciers de couleur : ce site est pour elles !
- À une époque, travailler sur le film Shrek, c’était la grosse honte.
Des bises
et peut-être à dimanche prochain, si vous le voulez bien !