La compote de Côme #183
Du dimanche 28 juillet au dimanche 4 août,
J’ai lu :
Le Protocole - Si l’accouchement de Camille n’a pas été une partie de plaisir (surtout de son point de vue) nous pouvons au moins nous dire que la maternité dans laquelle Madeleine est née nous a plutôt bien accueilli et accompagné tout le long du processus. Le Protocole, au contraire, raconte comment le traumatisme potentiel d’un accouchement difficile peut se doubler d’une véritable maltraitance de la part du personnel médical d’une clinique, qui traite la mère comme un réceptacle interchangeable ou comme un problème à régler. Le style de Duchâtel (par ailleurs avocate dans la vie) est souvent un peu lourd ou ampoulé mais il traduit bien comment cet étrange sas peut parfois être goulot d’étranglement.
Deathmatch Island - Je t’avais déjà parlé d’autres jeux émulant le fait de se rendre sur un terrain de combat et s’entretuer jusqu’à ce qu’il n’en reste plus qu’un·e : Deathmatch Island est la dernière variation en date de ce type de jeux de rôle, avec énormément de matériel et une ambiance davantage orientée vers le côté « divertissement télévisuel » de la chose : cela se ressent dans l’impeccable maquette du jeu mais aussi dans la possibilité, après avoir réchappé du jeu une première fois, de faire un “New Game +”, c’est-à-dire de recommencer une partie en connaissance de cause et avec la volonté de démanteler la machine de la production. L’idée est brillante et parfaitement exécutée !
The Electric State, Alpha version - « Chouette », me suis-je dit en découvrant cette dernière production des éditions Free League tirée des illustrations de Simon Stålenhag, « un jeu de rôle sur le voyage, avec un aspect Oregon State » ! Je pensais naïvement qu’on jouerait ici le road trip de personnages à travers un paysage post-apocalyptique, mâtiné d’un soupçon de cyberpunk… mais il semble, à en juger par cette version alpha, qu’on joue ici surtout les arrêts forcés des personnages (toujours pour des raisons extérieures) sans vraiment explorer cette ambiance si particulière du voyage itinérant. Encore un jeu de rôle qui se frotte à ce défi sans le relever, donc… Je continue de chercher la perle rare en la matière !
Pigeon’s Eleven - Le jeu, en soi, fonctionne très bien : nous sommes des pigeons, nous allons voler des choses qui se mangent et qui se trouvent par coïncidence être proches de choses rares et chères, et nous avons chacun·e notre propre dé pour cela (comme dans les jeux de rôle Mazes et l’excellent The Excellents). Le jeu propose des règles simples, des archétypes prêts à jouer, un scénario pour se mettre en jambe… Tout cela est très bien, mais parbleu, que la maquette de ce jeu est laide ! Je la trouverais douteuse dans une publication amateure, alors dans un jeu professionnel, c’est un peu la honte. Je sais que tout le monde n’a pas la chance de bosser avec Nicolas Folliot, mais quand même…
Border Riding - Mon cri lancé la semaine dernière trouve receveur avec un jeu de rôle supplémentaire sous forme de plan ! Celui-ci est bien loin d’une aventure surréaliste dans le métro ou de périples cyberpunk, puisqu’on y parle davantage des contrées écossaises, de la façon dont une communauté (imaginaire) peut se positionner face à une autre et de comment cette relation évolue avec le temps. Le tout en dessinant une carte imaginaire ou en se servant de celle, magnifique, fournie avec le jeu, et en s’inspirant d’un texte théorique sur la pratique historique du border riding qui l’accompagne ! Merveilleux.
Le Sens de la vie et ses petits - Difficile de faire l’éloge ou la critique d’une série de planches de bande dessinée surréaliste ou de définir exactement la façon dont Éric Veille façonne un univers à la fois absurde et inquiétant, le plus souvent en l’espace de 6 cases… J’en ai déjà parlé par le passé, la série des Sens de la vie est toujours un délice à parcourir, rebondissant souvent entre des idées semblant n’avoir aucun lien entre elles et tissant pourtant des liens efficaces. Dans ce tome-ci, les choses se reposent parfois un peu trop sur des jeux de mots et glissements sémantiques faciles, mais on ne va pas bouder son plaisir !
Tom-Tom et Nana - Je t’avais déjà dit, je crois, à quel point Madeleine était comme happée par les bandes dessinées en ce moment, et capable de passer plusieurs minutes à contempler/déchiffrer lentement les diverses planches qui peuvent en composer une. Mais cette histoire a une suite, puisque Madeleine a dernièrement découvert les BD de Tom-Tom et Nana, et c’est devenu une passion dévorante. Cette semaine, on a dû emprunter à la bibliothèque (et lire) environ 6 tomes différents, ce qui m’a permis de me souvenir à quel point cette série est drôle et foutraque, pleine de personnages qui hurlent tout le temps et sont tou·te·s des gens insupportables dans leur genre. Un vrai plaidoyer pour l’enfance tranquillement craspec et malpolie, et la parentalité larguée, j’adhère à 200% !
J’ai vu :
The Americans saison 5 - Le temps passe dans The Americans et les missions des Jennings passent presque au second plan, devenant de façon de plus en plus appuyée des bases de réflexion pour ce qui est au cœur de la série, côté Russe comme côté Américain : nos loyautés en valent-elles la peine ? Coincée entre deux systèmes de valeur, que choisit-on ? Que faire quand l’un de ces systèmes s’avère floué ? Et surtout, surtout, à quel moment choisit-on de dire « stop » à tout cela ? L’avant-dernière saison de la série ne répond pas vraiment à ces questions, se contentant de les laisser flotter en arrière-plan, tout en continuant d’appuyer sur les points de pression des Jennings, jusqu’à ce que ça craque.
J’ai joué à :
Master Key - Je ne pensais pas, en achetant ce jeu indé réalisé à 99% par un seul développeur français (à part les sons et la musique, il a tout fait), que je tenais là un des meilleurs Zelda-like ce ces dernières années : l’hommage au vénérable est bien présent, tout en redynamisant le genre de fort belle façon, mélangeant la classique progression en metroidvania avec un monde ouvert qui n’est pas sans rappeler les derniers Zelda… Un monde surtout bourré de secrets et de chemins optionnels, avec un équilibre toujours bien tenu entre puzzles et combats, les deux ayant juste ce qu’il faut de difficulté pour frustrer par moments et aider à progresser par d’autres. Et tout ça, c’est sans parler des 150 nonogrammes (à la Picross) proposés en supplément ! Bref, Master Key est une véritable révélation dont la suite est apparemment déjà en cours de programmation… Vivement !
J’ai écouté :
Radio Bonheur - Je passe souvent une partie de l’été dans la maison bretonne belle-familiale, dans laquelle la tradition, c’est d’écouter la radio régionale Radio Bonheur. C’est une plongée dans un monde d’accordéons et de chansons françaises plus ou moins improbables ; un monde où les petites annonces les plus diverses sont accompagnées d’un numéro de portable donné en public à qui est intéressé par l’achat d’un transistor ou la location d’une machine agricole ; un monde dans lequel un seul animateur (qui est aussi, je crois, le patron de la radio) tient l’antenne du matin au soir avec son ton monotone inimitable. Je me demande s’il est aussi l’auteur des slogans tels que « Radio Bonheur, c’est mieux que le chou-fleur » ou « Radio Bonheur, parles-en à ta sœur », qu’on peut aussi avoir sur des T-shirts…
L’arrière-queer de Milouch :
Le chant de la rivière - J'avais déjà parlé ici il y a quelques temps de L’Évaporée de Wendy Delorme et Fanny Chiarelo (d'ailleurs, si ce n'est déjà fait, n'hésitez pas à suivre le blog de Fanny Chiarelo). C'était un livre vraiment captivant. J'ai donc voulu lire d'autre texte de Delorme et j'avais été profondément déçue de son très acclamé : Viendra le temps du feu.
Mais je suis persévérante et j'ai donc lu Le chant de la rivière, son dernier livre à être sorti. Et j'ai été plus que conquise par ce roman qui alterne l'histoire d'une autrice en résidence dans une maison et le récit d'un amour impossible entre deux femmes conté par la rivière qui passe sous cette maison.
Wendy Delorme utilise adroitement ce que permet l'aller-retour dans le temps avec des énigmes posées dans une époque et se résolvant dans une autre et des actions dans le passé aux conséquences visibles dans le présent.
L'adéquation entre les questions queer et la ruralité est un sujet qui me tient plus qu'à cœur et je trouve qu'il est traité de très bonne façon dans ce livre. C'est à la fois fin, respectueux et mettant en avant ce que les relations queer ont pu être dans l'espace rural du 19ème siècle. L'autrice raconte notamment dans son appendice le travail de documentation qu'elle a effectué pour coller au plus près à la situation socio-économiques des habitant⋅es de la vallée où se déroule l'histoire.
Enfin, l'espace de la vallée est représenté dans toute sa complexité. Beau et dangereux, empli de relations tissées dans les années et plein d'histoire.
C'est une histoire d'amour forte
Un récit naturaliste tendre
Un hommage à toutes les « simplement colocataires » et « meilleures amies » des époques passées.
Et toi :
mass : j'ai vu Le Comte de Monte-Cristo, réalisé par Matthieu Delaporte et Alexandre De La Patellière, avec Pierre Niney. C’est un film visuellement impressionnant avec un bon rythme. Toutefois, il est un peu trop long, ce qui peut atténuer l'expérience pour certains spectateurs. Le film raconte l'histoire d'Edmond Dantès, accusé injustement et emprisonné. Il réussit à s'évader grâce à un trésor, ce qui lui permet de se venger de ses ennemis. L'intrigue fonctionne bien dans le style aventure et pulp, rappelant à la fois le genre cape et épée et l'univers d'Arsène Lupin. Pierre Niney est excellent dans le rôle principal. L'actrice jouant la protégée du Comte de Monte-Cristo est également remarquable. Cependant, certains rôles masculins sont un peu surjoués. La mise en scène est bien réalisée, avec des scènes d'action bien chorégraphiées, mais, la longueur du film est un point faible, rallongeant certaines parties de l'intrigue de manière inutile. C’est donc un bon divertissement avec des performances solides et une belle réalisation, même si sa longueur peut être un inconvénient.
Et toi, qu’as-tu compoté cette semaine ?
Par ailleurs :
- Apprenons en nous amusant à quoi ressemblent les vrais icebergs.
- Les Jeux Olympiques de littérature, ça aurait pu avoir de la gueule.
- Je crois qu’il est temps de mettre un terme au phénomène des pop idols.
- Ma belle-sœur semble avoir un répertoire des meilleures fiches Wikipédia sur les choses qu’on mange puisqu’après celle du fromage fort, elle m’a envoyé celle de la roustiquette !
- Ce vieux chelou qu’est Donald Trump utilise vraiment trop de surnoms pour parler des gens, à tel point que quelqu’un en a fait une fiche Wikipédia.
Des bises
et peut-être à dimanche prochain, si je parviens à avaler assez de culture en 3 jours (après je pars en long week-end).