La compote de Côme #182
Du dimanche 21 juillet au dimanche 28,
J’ai lu :
Firestarter - Bon, oui, ça commence à se voir que King aime un peu trop certains thèmes : ici celui des pouvoirs psi, si possible détenus par une enfant qui ne sait pas trop ce qu’elle fait. En dehors de cette redondance, Firestarter (désolé mais j’ai eu la musique en tête pendant toute la lecture, pas de raison que toi non) fonctionne assez bien, avec une première moitié d’action quasiment constante et une deuxième moitié en presque huis clos qui sert à faire monter la pression de façon efficace avant un final explosif (et une fin, n’en déplaise aux détracteurs, plutôt convaincante). Une bonne découverte pour moi qui ignorait tout de ce roman-là !
Campfire Scouts - Un jeu de rôle où des scouts essaient de gagner des badges pendant la journée, se racontent des histoires qui font peur le soir et explorent les environs étranges la nuit… Ça te rappelle quelque chose ? En dehors de ces similitudes troublantes, je garde clairement le jeu de Melville plutôt que celui-là, qui est loin d’être mauvais et bénéficie peut-être d’un système plus épuré donc plus à mon goût… Mais qui tourne autour de lancer de d20 avec des modificateurs, ce qui ne convient pas vraiment au ton, et qui propose des settings alternatifs un peu trop originaux et me sortant trop de l’ambiance de base. Oui, un surplus de contenu qui aurait peut-être dû rester de côté, c’est un comble !
The Curse Lingers - The Curse Lingers m’a semblé si convaincant qu’il m’a fait apprécier du texte noir sur fond jaune, et un jeu basé sur le Caltrop Core system, c’est-à-dire n’utilisant que des d4 ! C’est peut-être parce que j’ai joué à d’autres jeux d’exploration étrange ces derniers temps, dans lesquels les explorateurs mutent peu à peu jusqu’au point de non-retour… Ça donne un cachet original à des classes de personnages qui le sont déjà (qui ne voudrait pas jouer un personnage qui est voué à devenir littéralement une constellation ?) et si le « temple » fourni en exemple m’a un peu moins convaincu, la vibe générale du jeu fonctionne très bien !
ODD GOBS - Voilà, quand je dis que je veux des jeux avec une esthétique un peu foutraque, c’est exactement à des jeux comme ODD GOBS que je pense ! Ils sont vraiment peu nombreux, les jeux qui ont essayé de copier MÖRK BORG avec succès (ici c’est plutôt son pendant cyberpunk, CY_BORG, qui semble l’inspiration principale) mais ODD GOBS est de ceux-là, avec ses tables et ses polices dans tous les sens, qui maintiennent néanmoins une certaine cohérence autour de ce concept de gobelins cyberpunk prêts à tout pour gagner trois sous. Et si ça ne suffisait pas, OG fait aussi partie de la catégorie très restreinte des jeux sous forme de plans qui ont la classe !
Akutezoïde - Dans ce premier album d’un auteur qui ne m’était pas tout à fait inconnu (j’avais déjà croisé ses pages chez Nicole et Franky) il semble y avoir un récit de science-fiction un rien attendu et un rien trash, qui parle de télépathie et de rébellion, mais c’est justement ce second point qui m’a fait dresser un sourcil… Je vois bien que, comme dans toutes les bonnes histoires de SF, il se cache derrière le récit pulp un discours (certes léger) sur le monde, en l’occurence celui de la résistance face à l’ordre établi, à la nécessité de s’échapper de ses stéréotypes de classe, et au besoin de se battre contre des mutants dans de grandes gerbes de sang. Ah non, ça c’est seulement dans Akutezoïde.
Rom Com Drama Bomb - Il fallait l’imaginer, ce mash up improbable entre une comédie romantique tout ce qu’il y a de plus conventionnelle, du meet cute au work drama et j’en passe, et le film d’action dans lequel un grand méchant (savant fou, mutant contrarié, parrain de la mafia qui s’ennuie…) kidnappe les deux protagonistes de ladite romcom pour les manipuler selon ses désirs. Le résultat, c’est ce jeu au titre impeccable, tout en noir et rose et avec 4 ambiances différentes (je te laisse deviner lesquelles), pour 3 personnes, un chronomètre et beaucoup de sentiments ! Et j’ai hâte de tester ce drôle de mélange…
Triangle Agency - Il y a deux ans, je t’avais causé de la version démo de ce mélange entre fondation SCP (pour les anomalies cheloues), Delta Green (pour l’effort que mènent les PJ, eux-mêmes contaminés par les anomalies, pour les contenir) et The Stanley Parable (pour la bureaucratie ubuesque et remplie de secrets qui chapeaute l’organisation), alors que vaut la version complète ? Eh bien, c’est très convaincant, avec toujours la même mécanique très simple qui peut amener à beaucoup de désordre une fois que des pouvoirs s’en mêlent ; avec toujours cette même mise en page pseudo-bureaucratique excellemment réalisée ; et avec, en plus, tout un système d’avancement à travers les méandres de la bureaucratie pour les PJ, qui se double d’un côté méta venant élever le jeu vers tout autre chose. Ça transforme presque la lecture du manuel en un jeu en soi, et comme je n’amènerai sans doute jamais Triangle Agency à ma table de jeu, c’est un bon point pour moi !
Page de pub :
Sur la route de Chrysopée - Tu te souviens peut-être que l’année dernière, je te parlais de l’édition anglophone de Sur la route de Chrysopée, qui avait produit un petit bonus fort sympathique… Eh bien ça y est, une réédition (augmentée) de la VF est en route, à nouveau gérée par la formidable équipe de Nessun Dove ! Et si je te parle de ce très beau jeu épistolaire, représentatif d’une certaine époque du jeu de rôle alternatif, dans la rubrique « page de pub », c’est que j’ai été engagé par Nessun Dove pour fournir mon avis de « type qui a déjà fait plein de foulancements ». Et, je t’en reparlerai le moment venu, j’ai un petit intérêt dans l’affaire… Bref, si tu veux être prévenu du lancement de la campagne de financement, qui aura lieu en octobre, c’est par ici !
J’ai vu :
El increíble finde menguante - Ça devient difficile de faire des films intéressants sur les boucles temporelles, et cette petite production espagnole semblait avoir trouvé le truc pour se démarquer du lot : une boucle temporelle qui se réduit d’une heure à chaque itération. Hélas, à part une petite astuce visuelle (j’ai mis du temps à me rendre compte que le ratio de l’écran se réduisait en même temps que les boucles), le film ne tire rien du tout de ce concept… À peine une histoire d’amour à reconquérir pas très intéressante et un très vague discours sur le temps qui passe très vite. Une belle déception.
Cérémonie d'ouverture des jeux olympiques 2024 - Voilà le paradoxe du Côme Martin, qui est scandalisé par les étudiant·e·s déplacé·e·s, les sans-abris dégagés, les monceaux de thunes engagés dans une cérémonie qui n’engraissera que les pontes du CIO et n’a pas fini de faire chier les francilien·ne·s, mais qui se colle quand même devant la télévision pour savoir qui que c’est qui tiendra la dernière flamme olympique et admirer le spectacle d’une précision scénique indéniable. On va dire que c’est parce que je suis en vacances en Bretagne et en décontraction totale du cerveau, mais aussi parce que je suis fondamentalement perméable à ce genre de spectacles… qui a bien mal commencé, avec une image de la France et de Paris totalement passéiste, coincée entre le French can-can et la nostalgie des années yé-yé, bloquée dans son patrimoine poussiéreux qu’on décore de nouveaux atours pour le style (sérieusement, des riders de BMX en costume XVIIIe ??). Mais le trouple queer (car le ménage à trois est autant un cliché international que l’accordéoniste à béret qui, oui, était là aussi) ; mais le défilé de drag queens ; mais Philippe Katerine en Bacchus bleu ; mais Gojira devant des aristos décapités ; mais le show s’est dirigé au fil de la soirée vers quelque chose de plus absurdement déconstruit, de plus décousu aussi mais qui fit résolument chier tou·te·s les fachos déjà en PLS que le RN ne soit pas passé aussi fort que prévu aux élections législatives. On prend ses petites satisfactions où l’on peut…
J’ai joué à :
Le Passé du futur - J’ai eu l’occasion, le week-end dernier, de passer une journée avec Simon Petterson, excellente personne et auteur de jeu de rôle qui nous a fait tester ses jeux suédois alternatifs. Je ne m’étendrai pas ici sur Voyage en Alatrie parce qu’il n’est pas (encore) disponible en français, mais j’aurai toutes sortes de louanges à faire quand ce sera le cas ; en attendant, tu peux lire et jouer au Passé du futur pour apprécier le game design impeccable de Petterson. C’est une sorte de version plus mécanique et peut-être aussi plus efficace de mon jeu de retrouvailles mélangé à mon jeu sur deux époques, avec ce petit truc très bien trouvé d’être deux à se partager les moments « avant » et « après » du personnage. Vraiment un petit bijou !
J’ai écouté :
Noname, Room 25 - Je t’ai beaucoup parlé de hip-hop dans la compote en 2024, mais je n’ai pas beaucoup fait de place aux voix féminines qui l’habitent (trop rarement !)… Ça tombe bien, j’ai découvert cette semaine Noname et son rap soul, parfois bourré de samples, parfois uniquement propulsé par des percussions en forme et un flow inarrêtable. Tout ça déborde de sensualité, de piques lancées à 360° et d’un talent énorme qui fait semblant d’être de la facilité. Comme je fais les choses à l’envers, je n’ai pas encore écouté son premier album, mais je n’ai aucun doute qu’il sera aussi bon que le 2e !
L’arrière-queer de Milouch :
Les Marsouines tome 2 - Il y a quelques temps je vous parlais de ma petite aventure à la recherche du premier tome des Marsouines dans les entrailles du temple de la classification Dewey (aka la BNF)… Eh bien cette histoire ne s'est pas arrêtée là et j'espère qu'elle va même aller plus loin (teasing mystérieux...). En effet, pleine d'une audace sans limite, j'ai décidé de contacter l'autrice pour voir si il serait possible qu'elle m'envoie un exemplaire du tome 2 des Marsouines et après quelque péripéties, c'est chose faite !!
Alors penchons nous donc sur ce tome 2 des Marsouines ! On y suit encore une fois les aventures d'une communauté lesbienne un peu isolée quelque part en France (le destin étant joueur, l'action semble se dérouler à 20 km de l'endroit où je suis née....). Ce tome-ci abandonne un peu les références aux autrices et aux théoriciennes (bye bye Wittig) pour plutôt se concentrer sur les rapports entre la communauté et le monde extérieur.
On a ainsi une scène de confrontation avec des chasseurs dans un style qui rappelle beaucoup Comès encore une fois. Dans la même idée de rapport avec l’extérieur, la BD est remplie (un peu maladroitement) de références à des festivals, des librairies lesbiennes... Certaines toujours actives comme le festival de film lesbien Cinéffable, d'autres apparement disparues dans les limbes de l'histoires comme cette librairie Diabolo dont je n'ai malheureusement retrouvé aucune trace (si vous en avez je suis intéressée).
J'ai trouvé ce deuxième tome plus abouti. Déjà parce qu'on n’y cite pas des autrices à tout bout de champs mais aussi par la modernité des thèmes abordés, le polyamour notamment. L'ambiance un peu fanzine / autoédition reste ce qui donne un certains nombre de lourdeurs, d'intrigues un peu pataudes… Mais dans l'ensemble, ça reste un texte hyper intéressant et surtout un témoignage passionnant !
Et toi :
mass - J'ai vu The Bear, diffusée sur Disney+, Le pitch de la série : Mikey meurt, et son frère Carmy reprend le restaurant familial, une petite gargote à Chicago. Contre vents et marées, Carmy s'efforce de redresser le restaurant tout en luttant contre ses propres démons.
Composée de huit épisodes d'environ trente minutes chacun, la série est concise, nerveuse et tendue. L'atmosphère de Chicago est retransmise à l'écran, ajoutant une authenticité brute à l'ensemble.
Les performances des acteurs sont un véritable point fort de la série. Jeremy Allen White, dans le rôle de Carmy, le chef qui reprend le restaurant, est très bon. Cependant, c'est Ebon Moss-Bachrach, qui joue le cousin de Carmy, Richie, qui se distingue particulièrement. Richie est une petite frappe, oscillant entre le truand et le gérant de comptoir.
Bien que le cadre du restaurant soit omniprésent, The Bear va bien au-delà de la simple gestion d'un établissement en difficulté. La série explore des thèmes universels tels que le deuil, la complexité des relations humaines, et la formation d'une équipe soudée.
The Bear sonne vraiment juste. La réalisation soignée, alliée à une écriture précise et à des dialogues percutants, fait de cette première saison une véritable pépite télévisuelle.
The Bear est sans conteste l'une des meilleures séries de l'année que j'ai pu voir. J'ai trouvé cela intense, humain et vraiment prenant. Je saute de ce pas dans la saison 2 ! Et dire que je pensais que c'était une sorte de reality show type MasterChef…
Et toi, qu’as-tu compoté cette semaine ?
Par ailleurs :
- Fuck les Jeux Olympiques, vive les World Games !
- Fuck le tourisme de masse !
- Y en a, ils savent juste pas lâcher l’affaire.
- Si vous me cherchez, je suis dans le web douillet.
- Ou alors je suis peut-être allé emprunter le premier train suspendu au monde, toujours en activité.
- Tout est merveilleux dans cet article sur le fromage fort, de sa recette jusqu’à ses apparitions dans la littérature…
Des bises
et peut-être à dimanche prochain, si les trains roulent encore.