La compote de Côme #172
Du dimanche 12 mai au dimanche 17,
J’ai lu :
Magie de minuit - J’ai eu la chance de servir de relecteur pour Magie de minuit, le tout prochain jeu édité par l’ami Simon Li et qui se présente sous une forme tout simplement magnifique (je te laisse cliquer le lien pour t’en convaincre). Le jeu, quant à lui, est relativement minimal, puisque ses règles se présentent sous la forme d’un petit livret de type jeu de société (ce qui est une forme que j’ai souvent fantasmée pour mes propres jeux) et d’un superbe jeu de tarot. Quant au récit lui-même, c’est l’histoire de sorcières cherchant à défaire le Mal (rien que ça) qu’on raconte en tirant des cartes de tarot, les interprétant librement et les posant de différentes manières autour de la table. Le jeu est sans doute trop léger en mécaniques pour moi mais est un nouvel exemple d’alliance parfaite entre la forme et le fond, aussi bien dans le style d’écriture du jeu que sa présentation ! Il nous en faut plus, des comme ça…
Le Tarot ou le jeu de la marelle - Et justement on dirait bien que je suis tombé dans un trou en forme de paquet de tarot, entre Magie de Minuit, Hex & the City et un nouveau projet de jeu sur lequel je planche actuellement (car mon cerveau ne comprend apparemment pas le concept de repos)… Je ne connais quasiment rien au vénérable jeu de rôle Ambre mais ça ne m’a pas empêché d’apprécier ce petit volume sur lequel je suis tombé par hasard : pour une fois qu’une nouvelle d’introduction d’un JdR des années 1990 est agréable à lire, mêlant érudition et passages romancés de belle manière, comme quoi écrire un jeu avec style ne date pas d’hier… Le reste du bouquin est plus classique, présentant l’interprétation des arcanes majeurs et mineurs de ce tarot plus ou moins imaginaire, et des façons de l’utiliser pour une (fausse) divination. Rien de bien révolutionnaire sur ce plan, donc, mais une chouette référence pour mes futurs projets !
Comix 2000 - Pour célébrer le passage à l’an 2000, l’Association avait ce projet fou : 2000 pages de bande dessinée muette et en noir et blanc en un seul volume, plus ou moins autour du thème du XXe siècle. Je me souviens avoir parcouru le volume à la BnF il y a fort longtemps, déjà impressionné par l’objet en lui-même, qui pèse ses 2,6 kg ! Voilà que j’ai pu ces derniers temps le feuilleter au lit (avec précaution) et avaler cette somme à nouveau. Elle est, évidemment, inrésumable, tant les pages qui la composent sont un condensé absolu de tout ce qui se faisait en bande dessinée indépendante il y a 25 ans : des auteurs et autrices de tous horizons, des nouvelles venues, des vétérans, des noms inconnus à l’époque mais qui ont fait leur trou depuis, de la bande dessinée d’aventure, d’humour, érotique, abstraite, expérimentale, classique… Il y en a pour tous les goûts en matière de récit comme de style graphique et j’ai eu réellement l’impression de tenir entre les mains le genre d’objets qu’on pourrait envoyer dans l’espace pour expliquer aux extra-terrestres ce qu’est la bande dessinée. Un incontournable absolu de tout lecteur de bande dessinée qui se respecte ; ça m’a pris plus de 20 ans de l’ajouter à ma bibliothèque, mais quel ajout !
Chiron’s Doom - Dans la série des clichés narratifs qui font toujours mouche pour moi, le « monument étrange au milieu de nulle part attirant à lui les explorateurs intrépides » se classe haut et j’étais donc tout à fait client de Chiron’s Doom avant même d’ouvrir le bouquin. Son aspect « jeu solo en gérant 3 explorateurs à la fois » est suffisamment novateur pour lui pardonner sa mécanique de tirage d’amorce extrêmement répandue dans le jeu en solo, d’autant qu’elle est ici moins paresseuse qu’ailleurs et s’accompagne de quelques choix tactiques intéressants. Sur le reste, CD propose comme il se doit (paraît-il) plusieurs cadres de jeu, certains avec leur mini-règle appropriée, et plein de conseils riches, dont celui de jouer au rythme d’une amorce narrative par jour, ce que je trouve particulièrement intéressant !
The Pact - Après What Big Teeth il n’y a pas si longtemps, voici que je suis tombé par hasard sur un nouveau coup de cœur sur itch, et qui implique aussi des créatures de la nuit, comme quoi y a pas de hasard… Cette fois-ci, il est question de vampires ; enfin, dans ce jeu à deux, il est surtout question de deux amis qui se retrouvent à différentes étapes de leur vie, parfois avec plaisir, parfois non, pour faire le point sur ce qu’ils deviennent. Sauf qu’à un moment, un des deux devient un vampire, et va à présent devoir le cacher à son copain, tout en se demandant s’il ne va pas le transformer lui aussi… L’idée est toute simple, la mécanique de jeu aussi, mais c’est parfait de bout en bout et ajoute un jeu de plus sur la pile des jeux à deux parlant de la mort. Clairement un jeu que j’ai hâte de tester le plus vite possible !
The Long Walk - J’avais hâte d’arriver au très justement nommé Marche ou crève dans sa version française car les romans écrits par King sous son pseudonyme de Bachman m’apparaissaient vaguement comme plus âpres, plus directs dans leur cruauté, et ça paraît bien parti pour se confirmer avec ce récit très ramassé en pleine dystopie américaine. Enfin, on s’en fiche un peu du cadre social, ce qui compte ce sont ces 100 gars de 17 ans qui marchent sans ralentir, jusqu’à ce que 99 soient morts. On se doute assez rapidement de comment les choses vont se terminer (le mini-twist final n’est sur ce plan ni très inspiré ni très nécessaire) mais on s’en fiche un peu aussi, ce qui est intéressant c’est cette lente dégradation des personnages autant sur le plan physique que mental, et notre malaise mêlé de curiosité en tant que lecteur pour savoir qui va mourir ensuite et comment. Une lecture que j’ai eu du mal à lâcher, dévorée en quelques jours, et dont j’ai appris par hasard qu’il s’agit d’un des premiers manuscrits écrits par King, publié une quinzaine d’années plus tard !
Sheets - Grâce à l’amie Lisa, grande pourvoyeuse de bons conseils littéraires, j’entame cette trilogie dessinée parlant de l’amitié entre une adolescente mal aimée, gérante malgré elle d’une laverie, et un fantôme de 11 ans un brin mythomane. Je n’étais pas particulièrement emballé au départ, trouvant le dessin un peu maladroit par moments (surtout sur les visages), mais je me suis vite laissé emporter par ces personnages déjà abîmés et touchants dans leur gaucherie. Ce tome 1 semble conclure (un peu trop rapidement) la plupart des intrigues lancées au fil des pages, se débarrassant notamment de son délicieux méchant, je me demande donc ce que les deux autres tomes vont raconter, mais je suis à présent accroché à ce petit monde !
J’ai vu :
Problemista - J’avais adoré découvrir l’humour chelou de Julio Torres dans Los Espookys, alors un film écrit et réalisé par lui, avec lui-même dedans et Tilda Swinton en binôme, je ne pouvais que frétiller… Je trouve ça assez audacieux d’avoir créé un film qui parle assez honnêtement de la difficulté d’immigrer aux États-Unis, parfois même avec un certain désespoir, et faire du personnage de Swinton quelqu’un de parfaitement détestable sans qu’elle soit insupportable n’était pas non plus une mince affaire. Et pourtant ça marche, grâce aux moments de comédie grinçante et absurde, mais aussi grâce à l’humanité qui ressort tout de même derrière tout cela. Et puis c’est tout de même un film avec une incarnation de Craigs List absolument parfaite (sisi), ce qui n’est pas rien !
J’ai joué à :
Crack List - Encore un jeu découvert le week-end dernier lors d’un séjour avec des amis ludophiles ! Sur le papier, ce mélange entre le Petit Bac et Uno, comme il se présente, aurait pu me laisser dubitatif, tant ce ne sont pas des jeux auxquels j’ai l’habitude de jouer. Mais en pratique, c’est très rigolo et tout à fait adapté aux parties entre amis, avec des échanges courts et efficaces ! L’alliance des deux mécaniques (trouver des mots au sein d’une catégorie en défaussant des cartes représentant les lettres de l’alphabet, accompagnées parfois d’un effet bonus) marche surprenamment bien et le jeu est suffisamment varié et rapide pour qu’on ne soit pas lassé d’en enchaîner 2 ou 3 parties…
Prince of Persia: The Lost Crown - À un moment de ma partie de Prince of Persia (après des dizaines d’heures à explorer ce metroidvania de fond en comble, hein, je te rassure tout de même), j’en ai eu un peu marre : j’ai laissé de côté les secrets non découverts et les quêtes secondaires et j’ai foncé à travers les derniers niveaux et leurs boss, que j’ai tous rétamés en deux ou trois essais là où les précédents m’avaient donné un sacré fil à retordre. C’est un reproche que je fais à PoP:tLC (rigolo comme acronyme) mais tu te souviendras peut-être que je l’avais fait aussi à Tears of the Kingdom et aux autres (rares) gros jeux auxquels je m’attaque : il faut donc sûrement en conclure que je n’ai pas assez de patience pour les jeux AAA et que je préférerai toujours un petit jeu indie bien ramassé. Tout cela ne veut pas dire que PoP:tLC est un mauvais jeu ou que je me suis ennuyé avec : il reste excellemment réalisé, avec de la plateforme ardue et des combats pas fastoches, et un côté metroidvania qui aurait sans doute pu être davantage creusé mais ce serait chipoter. Allez, je vais quand même ajouter que le jeu, avec ses décors immenses, fait souvent un peu vide, et que (mais là aussi c’est un problème personnel) je n’ai pas eu grand chose à fiche de son histoire épique. Bref, c’était sympa mais un peu longuet et trop facile à la fin, et maintenant je retourne à mes jeux indés !
J’ai écouté :
Camille, Le Fil - J’avais trouvé le premier album de Camille sympathique sans plus, et je me souviens de la surprise en écoutant Le Fil, une vague d’énergie toujours aussi puissante aujourd’hui : il y avait quelque chose de changé, une maturité assumée, un truc qui ressemblait à de la chanson française sans tout à fait en être, avec un humour tordu, une saine dose de musique-à-la-bouche et des tubes bien mérités. Oui, parfois c’était presque un peu trop sérieux, parfois, comme le dirait l’autre Camille, ça miaulait un peu trop, mais il y a quelque chose d’irrésistible dans cet album sur lequel plane la même note en drone d’arrière-plan (sur mon CD, la dernière piste est suivie de 35 minutes - donc l’équivalent de tout ce qui précède - de ce long murmure ininterrompu), sur lequel planent de nombreux fantômes, y compris celui du thème de Jurassic Park (vas-y dis-moi que c’est pas vrai). Ce n’est pas mon album préféré de Camille (Music Hole lui est à mon avis bien supérieur), mais c’est celui qui est apparu dans ma playlist cette semaine, et pour une fois j’ai été plutôt content d’être suivi par un petit bourdon.
L’arrière-queer de Milouch :
Et toi,
qu’as-tu compoté cette semaine ?
Des bises
et peut-être à dimanche prochain !