La compote de Côme

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avril 14, 2024

La compote de Côme #167

Du dimanche 7 avril au dimanche 14,

J’ai lu :


Les Nouvelles Aventures de Lapinot tome 6 - Le sticker apposé sur ce tome 6 est un aveu de faiblesse : contrairement au pastiche de Spirou et Fantasio de la précédente série des Lapinot, celui-ci reconnaît avant même d’ouvrir le livre qu’il ne cherchera pas à se comparer à l’original, au scénario et à l’humour Goscinnesque si particulier. Trondheim s’en tire par une pirouette scénaristique : Lapinot ne vit pas une aventure d’Astérix, il est Lapinot, projeté dans l’univers d’Astérix via un procédé que je ne divulgâcherai pas ici. Ça permet d’expliquer les raccourcis de l’intrigue et le placage de l’humour (souvent un peu lourdingue) de Trondheim sur un univers dans lequel le jeu de mot règne en maître. Malgré ces facilités un poil regrettables, l’exercice est à mon sens plutôt réussi et j’ai été plus convaincu par ce 6e tome que par les précédents, peut-être justement parce qu’il va jusqu’au bout de son concept et s’éloigne un peu de l’univers contemporain de Lapinot, qui commençait à être un peu lassant…


Lucid Thieving - Vraiment, je ne comprends pas pourquoi le système des otherking dice, celui qu’on trouve appliqué dans Psi Run (et aussi dans un petit jeu de votre serviteur) n’a pas fait davantage d’émules, tant son aspect tactique est intéressant et original. Il est parfaitement à l’œuvre dans ce Lucid Thieving qui pourrait sembler, à première vue, une façon de jouer Inception en JdR, sauf qu’ici il est question d’arpenter des paysages mentaux et de comprendre leurs tenants et aboutissants oniriques… pour mieux les piller. C’est-à-dire qu’on n’est pas là pour psychanalyser notre cible mais pour éviter que ses fantasmes et rêves se réalisent, afin de pouvoir se tailler avec le butin. Ce n’est pas grand chose, mais c’est une variation sur le genre suffisante pour faire de LT une lecture intéressante !


Rosewood Abbey - C’est assez évident, quand on lit Brindlewood Bay, ce jeu d’enquête émergente avec des mamies : bien sûr qu’il irait très bien avec un thème médiéval pour refaire Le Nom de la rose autour d’une table ! Si bien, en fait, qu’on se retrouve à présent avec deux jeux proposant exactement cela : Montgascon, publié par Cédric Ferrand dans Casus Belli en 2022, et ce Rosewood Abbey, bientôt en financement participatif. Même concept, même moteur de jeu, difficile de choisir… Montgascon, la version de l’ami Cédric, avait opté pour les nonnes et des mécaniques au plus proche de l’original ; RA twiste un peu plus la formule, avec un système de rumeurs parcourant l’abbaye qui est alléchant sur le papier mais auquel, il faut bien l’avouer, je ne crois pas avoir tout compris car très mécanique dans l’esprit. Je choisis donc de ne pas choisir et de garder les deux sur mon étagère virtuelle, tu feras comme il te plaît !


Le Château des récits croisés - Il y avait là-dedans tout pour me plaire : une publication faite par une petite équipe de passionné·e·s et reposant sur le circuit court côté impression et distribution ; la présence de chouettes personnes comme Helkarava et Léa Murawiec ; l’hommage à Calvino (il faudra vraiment que je finisse par le lire, ce bouquin-là…) ; et puis surtout ce principe incroyable d’une suite de récits à lire comme un album Panini, avec des cartes à collectionner plus ou moins rares, plus ou moins argentées !! Matériellement, il n’y a rien à redire, l’objet est absolument superbe et provoque des étincelles dans tous les sens de mon cerveau quant aux potentialités ludiques d’un tel principe. Il y a d’ailleurs des règles pour créer de propres histoires si le cœur nous en dit, et c’est peut-être là qu’il faut aller chercher l’hommage au Château des destins croisés, car les 6 historiettes contenues dans ce volume sont farouchement indépendantes les unes des autres, là où on aurait pu imaginer mille ponts. Mais de toute façon, on ne va pas se mentir, c’est surtout pour la matérialité de la chose que j’en ai fait l’achat…


Rose à l’île - Décidément Michel Rabagliati est à son meilleur quand il parle du monde rural et dessine des beaux paysages et des moments de respiration dans lesquels Paul se déploie, et nous aussi. Rose à l’île s’éloigne de la bande dessinée à proprement parler pour devenir un livre illustré, pas vraiment loin de la série des Paul dans le propos mais avec un dessin plus doux, plus lâché, qui convient bien à cette escapade entre père et fille, au cœur d’une micro-société qui semble idéale (peut-être parce que détachée de toutes choses ou presque). C’est une parenthèse dans laquelle Paul se retrouve et où le personnage de Rose prend un peu d’épaisseur, pour, pourquoi pas, remplacer le père dans le rôle de l’héroïne ? En tout cas et même si Rabagliati avoue au sein du livre même qu’il arrive à la fin de quelque chose avec ce récit, j’en reprendrai volontiers sur le même ton !


Donjon Monsters tome 18 - Cela faisait je crois au moins 10 ans qu’Aude Picault avait accepté de dessiner un Donjon et celui-ci lui va comme un gant : aventure nautique en apparence des plus légères, on y retrouve Herbert et Isis vieillissants, presque apaisés même si toujours poursuivis par leur passé, et croisant la route d’une personnage secondaire qui a pris de plus en plus de place dans cette 2e phase de la série. Les références aux albums passés sont toujours aussi nombreuses mais elles m’ont paru ici moins denses que dans certains albums et si j’ai eu envie d’en rouvrir quelques-uns, c’était plus par plaisir que par nécessité… Qui plus est, le tome se conclut avec la promesse d’un arc narratif fort pour cette période de Donjon, et j’ai hâte de voir où ça va nous emmener !


J’ai vu :


Pantheon saison 1 - Je ne sais plus trop comment j’ai entendu parler de cette série mais je ne regrette en rien sa découverte surprise car c’est une sacrée perle ! Je ne divulgâcherai pas grand chose en disant que ça parle d’intelligence artificielle et de ce fantasme de milliardaire de continuer d’exister après sa mort physique… La série commence comme un thriller techno-informatique, mais au fil des épisodes on s’éloigne du pur réalisme d’anticipation pour se diriger vers quelque chose qui prend de plus en plus d’importance, jusqu’à ce que la fin de cette saison 1 envoie un gros coup de pied dans la fourmilière. Ça aurait pu faire une très bonne fin de série ambitieuse, mais une seconde saison a été diffusée et je me demande bien, vu la hauteur des enjeux scénaristiques, comment Pantheon a pu relever le défi… Réponse dans quelques semaines !


Apolonia, Apolonia - Je n’aurais sans doute jamais regardé ce film sur une artiste contemporaine si Camille ne m’y avait pas incité ; le genre du biopic ne m’attire guère et ça me semblait ici quelque chose de très égocentrique. En soi, les profs d’Apolonia n’ont pas tort quand ils disent que sa personnalité est plus captivante que sa peinture, et on ne peut s’empêcher d’être fasciné par la trajectoire de cette femme qui se heurte assez vite au succès, avec les compromissions et les doutes qui l’accompagnent. Mais est-ce vraiment un film sur Apolonia ? Est-ce que ce n’est pas aussi un film sur la réalisatrice elle-même, ou sur Oksana Chatchko, ancienne Femen, ou sur le cynisme du monde de l’art contemporain ? Il est un peu compliqué de répondre à cette question avec un documentaire dont le tournage s’est étalé sur 13 ans et dont le dernier tiers s’éparpille quelque peu, Lea Glob étant happée par sa fascination et ayant du mal à poser sa caméra. Dommage, car en dehors de cette fin un peu longuette, le film est aussi intéressant que son sujet.


Samuel - L’enfance et l’adolescence, ainsi que les années 80-2000, semblent vraiment un puits sans fond pour les cinéastes, qui continuent d’y puiser des récits empreints de nostalgie et de fragilité. Samuel ne fait pas exception à la règle, mais s’en démarque parce que c’est ici le passage délicat de la primaire au collège qu’on explore, cette pré-adolescence jamais évidente à aborder, surtout quand on est un garçon un peu timide et chelou comme le protagoniste éponyme. Surtout, c’est une mini-série d’animation (21 épisodes de 4 minutes) entièrement créée par une seule réalisatrice (enfin, avec l’appui d’une équipe tout de même) qui prête également sa voix à l’ensemble des personnages. Les thèmes abordés sont sans grande surprise (l’école, les vacances, les amours et amitiés naissantes) mais avec un ton singulier qui laisse une grande place à la danse et à la musique et fournit de très beaux moments d’animation. Bon, j’aborde tout ça d’un ton un peu détaché mais je suis très client de ce genre de fictions et j’ai bien évidemment versé ma larmichette à la fin de la série… C’est donc du tout bon, merci à l’amie Guylène de l’avoir mis sur mon radar !


Madame Hofmann - Autre documentaire-portrait, bien différent d’Apolonia, Apolonia, ne serait-ce que parce que son sujet paraît presque dénué de tout ego : sur plusieurs années, on suit une cadre infirmière dans un service d’oncologie du sud de la France, quelqu’un qui porte tout sur son dos (enfin, dans ses oreilles en l’occurrence) et qui tâche de continuer d’avancer malgré la maladie qui l’entoure chaque jour et le monde qui se fissure peu à peu, dans et hors de l’hôpital. Il n’y a pas beaucoup de filtres entre la protagoniste et sa famille ou ses collègues (presque uniquement des femmes), et malgré le contexte on se prend à souvent sourire voire même franchement se marrer devant certaines répliques balancées avec un franc-parler inimitable. Bref, beaucoup d’humilité et de tendresse dans Madame Hofmann, et parfois ça fait beaucoup de bien.


J’ai joué à :


TOEM - J’ai toujours aimé les jeux de « Cherche et trouve » et c’est l’un des drames de ma vie que (pour le moment) Madeleine ne partage pas cette passion des Où est Charlie ?, Hidden Folks et autres Micro Macro Crime City. Ce n’est pas grave, car j’ai pu cette semaine l’assouvir via TOEM, un jeu mignon comme il se doit dans lequel on se balade dans différents décors, armé de notre appareil photo, pour prendre les bons clichés au bon moment et remplir des listes d’objectifs plus ou moins critiques. Au fil du jeu, on débloque des tenues, des accessoires pour son appareil, mais surtout une certaine affinité avec la façon dont sont rédigés les objectifs, ce qui fait que j’ai trouvé la fin du jeu moins ardue que ses débuts. À noter que TOEM partage avec Super Mario Odyssey (et d’autres) cette bonne idée de la palanquée d’objectifs dont seule une fraction est nécessaire pour progresser dans le jeu ; il offre aussi, dans sa version actuelle, un DLC gratuit apparemment offerts par les développeurs qui ont été pris de surprise par le succès du jeu, et ça c’est vraiment très chouette !


J’ai écouté :


Lucas Schwartz, English Feelings - Lucas, il y a une chance sur des milliards pour que tu lises ces mots. Je ne sais pas où tu es, si tu es encore vivant, mais si tu es encore quelque part, j’espère que tu parviendras à te hisser hors de ta dépression pour te rendre compte de la masse de gens qui t’aiment et s’inquiètent pour toi. Mon tout petit caillou à ton édifice, c’est notre rencontre, d’abord sur le forum de fans de Dionysos, avec l’ami Barz en guise d’entremetteur. Je crois que c’est lui qui m’a d’abord montré tes dessins tordus et si empreints d’étrangeté qu’à l’époque je manquais d’expérience pour vraiment les décoder, ce qui ne m’a pas empêché de tomber amoureux d’eux et de les publier en strips dans notre aventure EnQulture, d’en parler sur du9 et de les entreposer dans ma bibliothèque, à mesure de leur publication par PCCBA et ailleurs. Tu as un univers inimitable (je refuse d’en parler au passé, qui ressemble de l’extérieur à une taupinière puis, une fois pénétré sous la terre, comme un labyrinthe récursif et sans fin, composé de centaines de pages de bande dessinée, d’une vingtaine de blogs mélangeant allègrement tout ce qui te passe par la tête, et de cet album, témoignant avec force de ta passion pour la pop britannique d’une certaine époque (terrain que je maîtrise mal) et pour les reprises acapella (genre que j’adore plus que de raison). Il paraît que tu as remis le couvert dernièrement sur ton compte Instagram mais je ne suis pas allé voir, c’est trop à vif. J’ai préféré réécouter cet album qui a presque 10 ans où tu laisses apparaître ta fragilité, tes bricolages assumés qui n’enlèvent rien à la belle tristesse des originaux, y rajoute peut-être même, des tubes de XTC à ceux des Stranglers en passant par quelques titres des Buzzcocks. J’ai laissé ta voix résonner dans mon salon et je me suis souvenu de ce dernier café il y a un an et demi, autour duquel nous avions bien sûr parlé de bande dessinée indépendante, notre univers de rencontre, sans que je me rende compte de ce qui te rongeais déjà. Lucas, dans une période faite de disparitions et de ciel gris, ce nuage m’alourdit plus que d’autres et je refuse encore d’accepter ce qu’il dissimule. Je ne t’enverrai pas de mails ni ne t’écrirai de messages sur ton téléphone, parce que j’ai peur de l’absence de réponse. Je préfère que tu chantes dans mes oreilles, que tu lises ces mots et que tu viennes toquer à ma porte pour qu’on aille prendre un café, comme en 2022, comme en 2012. J’ai tout mon temps devant moi, j’espère que toi aussi.


Buck 65, Laundromat Boogie / Studebaker - Fin 2014, alors que s’apprêtait à sortir son dernier album Neverlove (dont j’ai dit tout le mal que j’en pensais la semaine dernière), Buck 65 balance en catimini sur Bandcamp un petit album bourré de samples et de bonne humeur, autour d’un thème central - aller faire sa lessive au lavomatic - le tout avec une production de Jorun Bombay, compère des années 1990 retrouvé pour ce disque surprise. Et c’est ma foi une excellente surprise, mais comment un album s’ouvrant avec une boucle de cor peut-il être foncièrement mauvais ? C’est un disque sans aucune prétention autre que celle de te faire pirouetter comme un tambour de machine à laver, comme l’annonce son titre, qui n’oublie pas de parler de meufs de temps à autre car on ne change pas notre Richie ; mais c’est fondamentalement un disque fresh et sur le fait de l’être, un truc qui ne prend pas la tête et qui fait sacrément du bien, comme le fut Dirtbike 4 un peu plus tard, surtout à une époque où Rich n’allait clairement pas bien, comme en témoignait un message Facebook un rien alarmant posté en 2015 avant de disparaître des radars, en même temps que son auteur. Il n’y eut qu’un mini-album) balancé par Buddy Peace fin 2016, artefact d’un projet d’album entièrement construit sur des boucles de percussion débuté en 2009 (oh, quel trésor c’eût été !) et qui envoie sacrément dans cette version ramassée, presque même plus que si ç’avait été un projet complet (encore que—mais attendons d’être en 2023 pour en reparler…). Et voilà, c’était tout : il semblait bien que la discographie de Buck 65 se refermait là, après plus de 20 ans d’albums divers et variés et des expérimentations parfois heureuses, parfois moins. Et puis, en 2020, quelque chose commença à se passer.


L’arrière-queer de Milouch :


Tom à la ferme - Je ne connais pas très bien la filmographie de Xavier Dolan, de lui, je me souvenais juste d'une séance assez particulière du visionnage de Mommy où placée extrêmement loin de l'écran de cinéma j'avais pu longuement m'interroger sur la pertinence du format 1:1... Tom à la ferme c'est le voyage de deuil d'un homme (tom) qui se rend aux funérailles de son compagnon (Guillaume). Il va y rencontrer la famille de son mec où la mère ignore leur relation et où le frère de Guillaume lui sait. Tous le film va se centrer sur ce trio où le frère va rapidement prendre un ascendant très fort sur Tom. C'est un film très intense dont je suis sortie le sang glacé. Il y a un très bon travail sur la peur et la violence, et la relation sadique qui finit par s'instaurer entre Tom et le frère est à la fois fascinante et terrifiante. Toute la question du mensonge, des non-dits familiaux et de l'impossible coming-out tend toute l'intrigue et sert d'échafaudage à une violence crue. 


Et toi :


Cédric : L’agent IXE-13. IXE-13 est le nom de code d'un espion canadien de fiction né en 1947 (tandis que James Bond n'a été publié qu'en 1953) de l'imagination très fertile de Pierre Saurel, un nom de plume qui cachait en fait Pierre Daignault, un respectable acteur québécois. Pendant une vingtaine d'années, cet auteur va pondre 900 romans de 32 pages qui vont se vendre comme des petits pains chauds dans les rues de Montréal. On estime qu'il aurait vendu plus de 20 millions d'exemplaires au total. Bien sûr, pour sortir un roman de 32 pages par semaine, il faut mettre en place une certaine discipline d'écriture et surtout une règle simple : la première idée qui passe est la bonne, pas le temps de tergiverser. Ainsi, l'auteur racontait qu'il écrivait chacune des opus en une dizaine d'heures. C'est presque de l'écriture automatique, à ce rythme-là. Mais qui est ce mystérieux IXE-13 ? Et bien c'est un brave garçon avant tout. Un vrai boy-scout canadien français, expert en tout et bon comme le bon pain.Je n'ai bien évidemment pas lu l'intégrale des romans, je me suis contenté de lire un recueil des 7 premières aventures de l'agent. On y découvre un protagoniste qui tient du Marty-Sue (l'équivalent masculin de la Mary-Sue) tant il est doué dans tous les domaines. Il part en Europe le coeur sur la main pour partir espionner en France (où il va tomber éperdument amoureux de la belle Gisèle, littéralement la première fille qu'il croise, avec qui il va se fiancer sur le champ et qui va devenir espionne en un claquement de doigt deux fascicules plus tard). Il y rencontre un side-kick marseillais qui emploie l'expression Peuchère dans une ligne de dialogue sur deux. Ensemble, cette fine équipe est capable de s'infiltrer en Allemagne et de se faire passer pour de parfaits citoyens : aucun des méchants nazis qu'ils croiseront n'aura la méchanceté de relever que ces gens doivent quand même avoir de drôle d'accent quand ils parlent allemand. Bref, c'est écrit à la ligne, dans la plus pure tradition des feuilletons à la Dumas. Les dialogues permettent de revenir à la ligne, les intrigues sont parfaitement niaiseuses, le héros est bien évidemment doté d'une totale immunité scénaristique... C'est du pulp écrit à la chaîne. C'est hilarant à lire aujourd'hui tant c'est charmant de naïveté. D'ailleurs, dans les années 70, une adaptation en film par le groupe d'humoristes les Cyniques a fait subir au personnage le même traitement que celui d'OSS 117 (dont les premiers livres sont parus en 1949, tiens, tiens) : transformer un héros tout ce qu'il y a de plus sérieux en icône de comédie. Bref, c'est une lecture très charmante à laquelle je n'aurais jamais été exposée si une adaptation en série télé n'avait pas récemment remis IXE-13 sur le devant de la scène. Incarné à l'écran par Marc-André Grondin, c'est cette fois-ci l'ambiance roman noir qui a été adoptée : l'action se déroule en 1945, IXE-13 est rangé des voitures et tient un lieu de perdition dans le quartier chaud de Montréal. Mais des nazis en goguette et des russes en quête d'uranium vont l'obliger à reprendre du service. On est très loin des premiers fascicules que j'ai lus où ça fleurait bon le militarisme bon enfant. Imaginez si le gars San Antonio avait demain droit à une adaptation sur HBO par l'équipe derrière les Peaky Blinders. Maintenant, est-ce que je vais fouiner chez des bouquinistes pour trouver des vieux exemplaires d'IXE-13 d'époque  et picorer dans les 900 volumes de la série ? Ça se pourrait bien...


Mass - J’ai lu Un long voyage de Claire Duvivier. Dans ce récit, le narrateur, Liesse, nous entraîne à travers l'histoire d'un empire et de Malvine Zélina de Félarasie, son ambassadrice impériale, en se basant sur sa propre expérience. Nous le suivons depuis son enfance jusqu'au dénouement de cette intrigue. Ce cheminement se révèle être une lecture captivante, ponctuée de moments de joie et de tristesse, de crises et de leurs résolutions. Nous évoluons dans un univers de fantasy où la mélancolie est omniprésente, dépourvu de tout aspect héroïque. Claire Duvivier réalise l'exploit de construire un univers fantasy complexe et une histoire dense en dépit du nombre limité de pages. C'est remarquable de voir comment tout cela s'assemble, et il est fascinant de plonger dans cet empire pour suivre les péripéties de Malvine Zélina et surtout de Liesse. Bien que la magie et l'étrangeté soient présentes, l'histoire reste ancrée dans le réalisme humain. Il s'agit d'une fantasy à échelle humaine, ce qui est assez rare. Pas de grande quête épique, pas de trésor légendaire, mais une histoire qui tire son extraordinaire de sa profonde humanité. Je le recommande vivement ; il est impressionnant de constater la richesse contenue dans un si petit livre, là où certains auteurs étirent des sagas sur plusieurs tomes pour dire parfois moins.


Et toi, qu’as-tu compoté cette semaine ?


Des bises


et peut-être à dimanche prochain !


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