La compote de Côme #161
Du dimanche 25 février au dimanche 3 mars,
J’ai lu :
Petit Vampire va à l’école - Je t’ai déjà dit, je crois, que Madeleine s’était prise de passion pour les bandes dessinées. Ça a commencé avec Tom-Tom et Nana, et puis, pour suivre sa cousine qui a le même âge, elle a réclamé de lire les Tintin que j’ai dans ma bibliothèque ; j’ai préféré lui lire des Jo, Zette et Joko (lève la main si tu es assez âgé·e pour te souvenir du Manitoba ne répond plus) mais c’est quand même fort verbeux et pas mal compliqué à comprendre à quatre ans et demi. Et soudain, l’inspiration m’a frappée : c’est que j’ai toute la collection des Petit Vampire, moi ! Le problème, c’est que Madeleine ne veut que des histoires de fille en ce moment… Qu’à cela ne tienne, il suffit de raconter les aventures de « PetitE Vampire » et le tour est joué. J’avais oublié à quel point ces albums sont un condensé de l’univers du Sfar des débuts, tordu, honnête et touchant, avec des histoires parfois très denses et mystiques (La Maison qui n’existait pas) et parfois juste défoulatoires (La Soupe de caca). Et une pointe de sexisme aussi, parce que c’est Sfar tout de même. Bref, j’ai hâte de lui lire encore et encore ces chouettes albums !
Paul à Québec - La série des Paul continue de toucher au cœur dans son humanité et sa façon de magnifier l’ordinaire (et aussi, déso pas déso, la beauté de sa langue québécoise). À nouveau, ça commence d’une façon et ça se termine d’une autre : on pourrait croire qu’il ne s’agit là que du récit de Paul visitant sa belle-famille à Québec (et ce serait déjà très chouette) mais ça se teinte brutalement d’autre chose et la 2e partie de l’album bascule dans des considérations sur la mort (sans trop divulgâcher) qui m’ont, à nouveau, ému et fait me sentir proche du protagoniste. Au fil des tomes, je perçois l’influence sur Rabagliati de certains auteurs de la scène indé nord américaine, comme Seth ou même Chris Ware, mais il y a dans Paul une bienveillance qui me rend l’œuvre beaucoup plus sympathique au stade où j’en suis dans ma vie…
Our Haunt - C’est décidément une bonne semaine pour penser à la mort en souriant à travers ses larmes, avec ce très beau jeu de Rae Nedjadi dans lequel on incarne des fantômes explorant leurs souvenirs dans une maison hantée. Dans la plus pure tradition des jeux “Belonging Outside Belonging”, on incarne à la fois les fantômes et les lieux de la maison et on échange des jetons pour faire des actions, avec quelques subtilités : les actions les plus positives coûtent plus cher que dans la plupart des jeux ”BoB”, et on trouve dans Our Haunt une mécanique de dépense des jetons post-partie qui n’est pas sans rappeler celle qui est utilisée à tort et à travers dans Yazeba’s Bel & Breakfast. J’ai un peu de mal à visualiser ce que donne exactement une partie de Our Haunt, tant le jeu me semble mettre l’accent sur l’intime et l’émotionnel au déficit du narratif, mais c’est vraiment une belle proposition que je suis content d’avoir enfin découverte !
Suspect - Qu’est-ce qu’une enquête, finalement, si ce n’est l’interrogation de suspects jusqu’à ce que l’un d’entre eux soit pris à mentir ? C’est à peu près la base de Suspect, petit jeu d’enquête dans lequel on incarne à tour de rôle l’enquêteur et les suspects, en tâchant pour les uns et les autres de se souvenir de ce qui a été dit précédemment pour éviter (ou pointer) les contradictions. C’est un chouette petit jeu que je verrais bien sous forme de jeu de société narratif/apéro, je suis sûr qu’il aurait un certain succès ! À noter qu’est proposé en même temps un joli kit permettant de créer ses propres affaires criminelles, jolie initiative !
Papa raconte - Ça fait un sacré bout de temps que j’attends de pouvoir faire découvrir à Madeleine l’univers faussement enfantin de José Parrondo et sa formidable poésie graphique, alors quoi de mieux qu’une histoire de princesse pour ça ? Le concept de l’album est génialement méta, puisqu’il s’agit comme le titre l’indique d’une longue histoire de conte de fées à la sauce Trondheim, découpée en d’innombrables gaufriers qui prennent une plombe à lire… Un conte absurde et plein de rebondissements, un vrai plaisir à lire, sauf que comme trop souvent, Trondheim ne peut s’empêcher d’y glisser pas mal de sexisme, des idées assez peu chouettes sur l’importance de la beauté et une importante dose de grossophobie. Quel dommage, car sinon ç’aurait vraiment été l’album parfait, à relire et relire encore…
J’ai vu :
J’ai joué à :
J’ai écouté :
Buck 65 With Symphony Nova Scotia - Comme l’écrivait Sophian Fanen, « lorsqu’on a plus rien à dire, c’est le moment de le dire avec un orchestre de vingt violons et treize violoncelles ». Je ne crois pas que Richard Terfry était dans une impasse créatrice en 2008 (au contraire, il était sans doute dans la période la plus créative de sa carrière) mais force est de constater que ce concert, enregistré mais jamais sorti officiellement, se fait plaisir avec cette alliance inattendue entre hip-hop et orchestre symphonique. Ça marche globalement plutôt bien : on y retrouve des titres tirés de Secret House Against the World, d’autres de Talkin’ Honky Blues ou de Dirtbike, le “Yesterday’s News” mentionné plus haut, un titre de Bike For Three! dont il va bien falloir parler la semaine prochaine, un poème de 16 minutes avec des scratches au milieu… Il s’agit là aussi de quelque chose à clairement réserver aux fans et clairement, j’en fais partie ! C’est assez facile d’arracher des frissons avec des envolées symphoniques, je le reconnais même si ça marche totalement sur moi. Et puis tout de même, cet enchaînement entre “Swan Lake” et “Way Back When”, c’est quelque chose…
L’arrière-queer de Milouch :
Et toi,
qu’as-tu compoté cette semaine ?
Des bises
et peut-être à dimanche prochain !