La compote de Côme #158
Du dimanche 4 février au dimanche 11,
J’ai lu :
A Bear Called Paddington - L’ami Jérémie, qui raconte sur son blog son exploration de la saga Paddington (films compris) avait fini par piquer ma curiosité : voici le genre d’œuvres dont j’ai toujours entendu parler sans jamais l’avoir lu, et si c’est compliqué de combler ce genre de lacunes pour un bouquin comme Infinite Jest (mais c’est prévu !) c’est moins le cas pour Paddington, qui se lit en une ou deux soirées. C’est tout à fait aussi charmant que ça en a l’air : un livre pour enfants qui ne prend personne pour un imbécile et qui est imbu de cet esprit britannique indéfinissable, ni hilarant ni ironique mais quelque part dans l’amusement contenu. L’ours Paddington semble une incarnation parfaite de cette britannicité, toujours poli et malgré tout totalement inadapté aux mœurs modernes, et c’est un plaisir de découvrir ses aventures !
Slugblaster - J’avais eu l’occasion de parcourir la version démo de Slugblaster il y a fort longtemps et je n’avais pas été plus saisi que cela par ce jeu qui propose de mélanger émois adolescents et exploration du multivers, mais la lecture de la version complète du jeu m’a remis à ma place ! Ici, on n’est pas dans du gnangnan à la Deux Étés : il y a un peu de place pour le teen drama (avec un système malin d’arcs narratifs achetés avec les points d’expérience) mais on est surtout là pour faire du hoverboard sur des planètes de lave et échapper à des mille-pattes mutants parce que c’est COOL. Cette chasse à la coolitude va parfois un peu trop loin, avec notamment un ton narratif auquel je n’ai pas tout à fait accroché et un recours à tout un lexique qui complique un peu inutilement les explications de règles (avec un système basé sur celui de Blades in the Dark) mais force est de constater que l’ensemble marche très bien, et que si je devais relancer une campagne avec des PJ adolescent·e·s, c’est ce jeu-là que je choisirais !
Wickedness - Un jeu de sorcières en trois actes et à trois joueuses, qui tourne autour d’interprétations du tarot et publié par Possum Creek, les éditeurs de l’incroyable Yazeba’s Bed & Breakfast, je ne pouvais pas décemment passer à côté… Wickedness est un jeu très déroutant à la lecture car sa présentation en trois livrets, si elle nous prend par la main, est clairement faite pour jouer, ce que je ne peux pas lui reprocher. La boucle ludique du jeu, consistant à révéler des cartes de tarot qui forment autant de défis auxquelles nos sorcières peuvent répondre par la magie, la sagesse (les cartes qu’on a en main) ou la faiblesse, est des plus intéressantes dans l’équilibre délicat qu’elle suggère, à tel point qu’elle a déclenché en moi un de ces moments « et si je reprenais tout le système de mon jeu à zéro ? » qui fut heureusement passager mais prouve la qualité du jeu, tout inhabituel qu’il soit !
Paul en appartement - Je continue à explorer la douceur du monde de Paul, avec ce si beau trait qui invite à la rêverie et à la nostalgie… Le 3e tome de ses aventures peut se diviser en deux grosses moitiés : la première concernant les études de graphisme de Paul (avec quelques considérations sur le domaine qui ont plutôt tendance à me parler, moi qui m’intéresse d’un peu loin à la question), la seconde sur cette fameuse vie en appartement faite d’amour, de mort, de petites choses de la vie de tous les jours et d’autres qui viennent un peu le bousculer. Le volume se conclut sur de très belles pages au rythme tranquille qui annoncent avec beaucoup de subtilité la parentalité à venir de Paul, ce qui n’est pas un mystère puisqu’elle est présente dès les premières pages du tome 1… Vivement la suite !
Microcosmes - On peut donc, c’est désormais prouver, réaliser une bande dessinée à la fois ratée et réussie… Microcosmes est pour moi très réussie sur le fond, puisque l’approche historique qu’elle propose - examiner l’histoire de France à travers une série de portraits retraçant la vie de personnes plus ou moins extraordinaires - est passionnante et très documentée, entrecoupée qui plus est de considérations sur la discipline historique elle-même, bref passionnante et foisonnante. Sur ce point, que du bon, donc, mais là où le volume pêche pour moi, c’est dans son graphisme… En effet, Microcosmes est la première œuvre d’un dessinateur dont le style ne me plaît pas du tout, qui a clairement fait son boulot côté recherche documentaire mais dont la composition et le graphisme, à de très rares exceptions près, m’ont tenu à distance, et parfois fait reposer le bouquin par leur laideur. Ajoutons à cela des blagues qui sonnent vraiment "How do you do, fellow kids?” et qui vieilliront très mal d’ici quelques années, dont j’ignore si elles viennent du scénariste ou du dessinateur… Ce qui aurait donc pu être un classique me laisse une impression étrange, même si je suis très loin de regretter ma lecture !
Born To Die - Peut-être Born To Die est-il un véritable jeu de rôle ; je préfère y penser comme une sorte d’artefact d’un monde parallèle pas si loin du nôtre, dans lequel il serait acceptable de présenter des jeux comme des menus de restaurants asiatiques et où incarner des animaux s’occupant d’une décharge serait parfaitement normal. En réalité, ces caractéristiques mises à part (et ce n’est pas rien), Born To Die n’a pas l’air d’être un jeu extraordinaire ; mais que veux-tu, parfois, le style me suffit…
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Discussions rôlistes, saison 2 - Tu t’en souviens peut-être si tu suis mes aventures depuis un moment : il y a environ 2 ans, j’avais lancé un modeste podcast de discussions avec des copaines rôlistes, histoire de parler de leur parcours et de leurs projets. C’était fort chouette mais je n’envisageais pas vraiment d’y donner suite après 9 épisodes, parce que bon, j’ai pas non plus tant de copaines que ça qui créent du JdR… Et puis l’amie Milouch m’a donné une excellente idée, ou plutôt m’a soufflé un angle d’approche intéressant pour de nouveaux épisodes : pourquoi ne pas parler du contexte d’un jeu, c’est-à-dire des conditions matérielles et sociales de sa création, et des œuvres qui ont gravité autour de sa conception ? Il n’en fallait pas beaucoup plus pour me convaincre de reprendre le micro, et du coup hop, voilà un nouvel épisode ! Il y en aura peut-être d’autres, je ne me fixe aucun programme ; en tout cas celui-ci était fort agréable à enregistrer, et j’espère qu’il le sera un tout petit peu à écouter aussi…
J’ai vu :
The Favourite - J’en étais un peu resté à une définition de Yorgos Lanthimos comme réalisateur de films où on se transforme en homard, ce qui m’allait très bien, mais il a aussi réalisé des films moins étranges, comme celui-ci ! C’est un film en costumes qui ne s’embête pas franchement avec la réalité historique, y préférant la dissection psychologique d’un triangle amoureux fait de manipulation émotionnelle et de femmes qui sont prêtes à tout pour échapper aux angles morts où la société veut les coincer. Ce n’est pas un film franchement folichon mais les actrices y sont toutes les trois formidables et on se laisse porter à travers cette atmosphère mortifère avec grâce ; la seule grosse faute de goût, néanmoins, c’est tout de même l’utilisation sur-abusive de caméras fish-eye, ce qui devrait être interdit depuis que les Monty Python en ont fait le meilleur usage possible (c’est une blague, il n’y a pas de fish-eye dans cette scène mais franchement il devrait).
Loulou - Camille avait été une grande fan de la série Loulou lorsqu’elle avait été diffusée en 2017, dans cette lointaine époque d’avant l’enfant ; je ne m’y étais pas intéressé plus que ça à l’époque, mais ai tout de même accepté de jeter un œil curieux au long-métrage sorti récemment et qui vient conclure (ou prolonger, c’est selon) l’histoire de la série. C’est désormais le portrait d’une mère célibataire un peu paumée, qui gère comme elle peut son quotidien, son caractère excentrique et ses problèmes d’argent, avec la non-aide de copaines pas franchement doués. Ça m’a du coup beaucoup plus parlé et si le film a été clairement réalisé avec un petit budget, il garde un certain charme, porté tout du long par Louise Massin qui se donne à fond, même lorsqu’il s’agit de se dépatouiller d’une séance de néo-druidisme franchement gênante. C’est donc très loin d’être le film du siècle, mais à la fin d’une journée durant laquelle notre cerveau a capitulé, c’est parfait.
Madame Arthur allume Claude François - Pour compléter mon tour d’horizon de l’univers du drag, il fallait bien que je finisse par aller voir un show en vrai ; même si j’ai bien conscience qu’un spectacle de cabaret est une configuration très spéciale, ça m’a quand même offert une soirée extraordinaire. Le cabaret de Mme Arthur combine tout ce que j’aime dans le drag : ce mélange improbable entre spectacle réglé au cordeau et transitions déglingos, cette rencontre entre des types de drag qui n’ont rien à voir - cette semaine, c’était une version drag de Klaus Nomi, une version drag de Didier Super, une drag alsacienne et une drag meuf cis - et qui pourtant se complètent admirablement, cette façon d’alterner les moments de rigolade burlesque et de grande émotion, bref cette sorte de plaisir terriblement communicatif qui fait qu’on oublie le monde extérieur (ou presque, je te laisse deviner ce qu’on a chanté à la place des paroles habituelles de « Cette année-là ») le temps d’une soirée. À quand la prochaine ?
Le Roi et l’Oiseau - C’est l’amie Vivien qui m’a donné l’idée de montrer Le Roi et l’Oiseau à ma fille, qui entretient un certain nombre d’obsessions parmi lesquelles la royauté et les bergères figurent en bonne place, c’était donc le film idéal ! L’occasion aussi pour nous de nous rappeler à quel point ce film est d’une poésie fantastique, à l’atmosphère dénudée et pourtant si prégnante, un trésor d’animation pour l’époque (qui aurait néanmoins pu ajouter une bonne grosse poignée de rôles féminins à son casting, mais c’est loin d’être le seul…). L’occasion aussi pour moi de retrouver, comme une branche oubliée, d’où me viennent un certain nombre d’obsessions, dont celles pour les cités verticales et labyrinthiques, et les mécanismes mystérieux qui les animent…
J’ai joué à :
Patrick’s Parabox - Je continue à m’ébattre et me débattre dans les jeux de puzzle, cette semaine en revisitant un jeu injustement sous-coté alors que son principe de récursion infinie est proprement génial. Sur le papier, Patrick’s Parabox ressemblerait presque à n’importe quel clone de Sokoban : il y a une boîte, il faut la pousser à un endroit pour finir le niveau, et voilà. Oui, d’accord, mais que se passerait-il si cette boîte qu’on pousse contenait une sous-partie du niveau ? Ou bien était le niveau lui-même ? Ou bien le personnage qu’on contrôle ? Ou bien à la fois le niveau et le personnage ? PP va jusqu’au bout (et bien au-delà) de ces questions au fil de 360 niveaux qui ont le bon goût de proposer une progression à la fois linéaire et qui laisse le choix au joueur de se garder les niveaux les plus difficiles pour la fin (ce que j’ai fait, n’ayant recours que très rarement à une aide extérieure, à part pour les défis post-jeux qui ont fini par me faire jeter l’éponge) sans entraver inutilement la montée en puissance du jeu. On tient vraiment là, à mon sens, un classique du genre, qui devrait figurer en tête de toutes les ludothèques des amateur·ice·s du genre !
J’ai écouté :
Buck 65, Dirty Work / Strong Arm / Pole-Axed / / Heck / I Dream of Love - Après avoir effectué un grand bond en avant dans la dizaine d’années constituant jusqu’ici sa carrière, Richard Terfry passe à la vitesse encore supérieure dans la 2e moitié des années 2000 et publie pas moins de 5 mini-albums en 2006 (sans parler d’une poignée de titres inédits ici et là), entre Secret House Against the World et Situation dont on parlera la semaine prochaine ; je ne sais plus dans quel ordre ils sont sortis, alors je te les présente pêle-mêle. D’abord, il y a Dirty Work, un EP de 5 titres qui sont sortis au compte-goutte sur Myspace (et ouais) et qui s’éloignaient totalement de l’ambiance pleine de fumée de l’album précédent : “Indestructible Sam”, avec sa boucle de banjo, aurait pu apparaître sur Talkin’ Honky Blues et “Heather Nights” ressemble à une version plus chill des récits de jeunesse de Buck sur Square… Le tout a un son délicieusement lo-fi, on sent que ça a été bricolé à la maison, ce qui personnellement me rend l’EP très sympathique. C’est qu’en effet, Terfry oublie rarement d’où il vient, et Strong Arm en est une très bonne démonstration : 13 titres qui sont autant d’hommage à des musiques de types très divers, instrumentaux sur lesquels Buck 65 rappe, aussi bien le funky “Let There Be Drums” de Incredible Bongo Band (qu’on retrouvera sur Situation) que le folky “Sunflower River Blues” de John Fahey ou le punk “Pulling A Train” de Six Finger Satellite. Et comme si ces deux petits albums ne suffisaient pas, Buck a également sorti en 2006 Pole-Axed, un album bourré d’inédits refaisant sa carrière à l’envers : aussi bien un titre qui ressortirait plus tard avec une autre identité (on en reparlera) qu’un vieux Sebutones qui traînait ou même d’autres alias, comme Uncle Climax ; le tout entrecoupé de remixes de Secret House Against the World, comme ce bel instrumental de “The Suffering Machine” redonnant toute sa puissance à la mélodie. Et c’était tout pour 2006, mais en 2007, juste avant Situation, Buck sortait un autre carton d’inédits, Heck, avec des reprises improbables - une de Barnes and Barnes, une semi-reprise d’un titre d’Electralane ou du gros rap qui tache des Jungle Brothers - mais aussi un ton plus punk avec des titres comme “Temporary in Love”, “Sebutones is Dead” ou “Girls With Boyfriends”, une série d’explosions avec des grosses guitares qui vont puiser dans les réserves apparemment sans fin de créativité de Terfry. Et pour conclure ce gros bouquet, quoi de mieux que I Dream of Love, un album de faux live sur lequel Buck 65 rappe seul dans son salon, avec des versions parfois légèrement différentes de quelques titres, et parfois assez jouissives, comme lorsqu’il fait un medley de tout un tas de titres en un seul ou mélange “’65 Buick” avec Jacques Brel (hélas introuvable en ligne). Bref, en ces années-là, Terfry touchait à tout, faisait de tout, allait dans tous les sens. On ne pouvait plus l’arrêter, ni l’enfermer dans une case, et chaque album était une surprise… La preuve avec Situation, qui, pour ceux et celles qui n’avaient pas suivi ce déluge de sorties officieuses, devait sembler un contrepied total à ce qui avait été fait avant.
In A Walled City - J’aime beaucoup la musique de Disparition alias Jon Bernstein, que j’avais découverte dans le podcast Welcome to Night Vale et qui m’avait séduit par son atmosphère éthérée toujours renouvelée. Et voilà que je découvre par hasard qu’il a lui-même créé un podcast étrange, In A Walled City, comportant 7 + 1 épisodes ! La première saison met du temps à se déployer : les premiers épisodes sont des sortes de poèmes/collages sonores, dans lesquels on a un peu de mal à comprendre de quoi tout ça s’agit, et puis petit à petit, cette histoire mythique des cités emmurées se met en place, avec leurs célébrités, leurs factions, leur histoire pluriséculaire partant de notre réalité pour arriver bien plus loin… Chaque épisode est une nouvelle porte d’entrée dans cet univers plus qu’étrange, qui se déploie un peu plus longuement dans l’épisode 8 de la série, annoncé comme le début d’une nouvelle saison mais comme c’était il y a deux ans je ne vais pas retenir mon souffle. C’est en tout cas un rappel pour moi-même qu’il faudrait que je me remette un peu plus à l’écoute de podcasts, fictionnels ou non…
Malicorne, Almanach - En préparation à ma discussion avec Milouch (voir ci-dessus) j’ai dûment jeté une oreille à Malicorne, groupe que je ne connaissais que de nom… Et j’y fus fort bien accueilli ! Almanach est un album surprenamment divers sur le plan musical, qui prouve que les chants traditionnels dont l’album s’abreuve peuvent se décliner sous bien des formes, de la plus intime à la plus épique ; un album dont le titre annonce le principe cyclique et calendaire. C’est un disque qui se marie très bien à mes explorations sporadiques de la littérature rurale et qui nourrit en moi des fantasmes d’un monde de la campagne sans doute grandement imaginaire. Bref, une bien belle découverte même si sans doute trop tardive ! Et pour l’anecdote, son écoute fut suivie, par un hasard total, de cet album dont le moins qu’on puisse dire est qu’il propose une autre sorte de ruralité…
La moitié du gourou - C’est l’amie Lisa qui a attiré mes oreilles vers une série d’Arte Radio, site de podcasts de grande qualité que j’écoutais très régulièrement à une époque et auquel je suis donc revenu cette semaine pour cette Moitié du gourou qui, disons-le tout de suite, n’est vraiment pas facile à entendre. C’est le témoignage cru et direct d’une manipulation insidieuse, d’une femme fragile qui cherchait simplement à se reconstruire et est devenue la compagne et la proie du dirigeant d’une secte qui finira par la détruire presque complètement. Si c’est, en creux, le récit de la façon dont une manipulation mentale peut lentement et sûrement se mettre en place, c’est aussi la description de choses très dures, surtout dans le 4e épisode, ne t’y lance donc pas sans avoir l’estomac un peu accroché…
L’arrière-queer de Milouch :
A League of their Own - Je parlais il y a quelques compotes du manque de représentation lesbienne dans le cinéma et clairement A League of their Own est là pour combler ce manque ! C'est une série sur la création de la première ligue de baseball féminin aux États-Unis en 1940. Personnellement le sport est un sujet qui ne m'intéresse pas des masses mais peu importe, A League of their Own est principalement centré sur les relations au sein de l'équipe des Peaches que l'on va suivre tout au long de la série. L'ensemble baigne dans une réalisation plutôt réconfortante tout en abordant des thèmes assez durs : le sexisme évidement mais aussi le racisme, l'homophobie et la transphobie structurelle... Le mélange entre problématiques sociales et réconfort est toujours bien dosé et c'est une série qui arrive à toujours rester assez fine dans ses représentations.
Et toi :
Steve - Il est aujourd'hui très difficile de se repérer dans les très nombreuses sorties françaises de films indiens, à la fois en salles et sur les plateformes de streaming (notamment Netflix, Prime ayant récemment fait disparaitre tout ce pan de son catalogue). Il y a dans le lot plein de films extraordinaires mais, pour les trouver, il faut y consacrer un temps considérable ou avoir la chance d'être ami avec un amateur de ce cinéma prêt à partager ses meilleures découvertes. Malheureusement pour toi, je ne suis pas cet ami et je vais plutôt te parler de l'effroyable Animal, une histoire de famille, de vengeance et de business dont le scénario vient légitimer le comportement du pire connard vu sur écrans depuis longtemps. Vijay, incarné par la superstar Ranbir Kapoor, fils et petit-fils de trois immenses stars du cinéma bollywoodien, vit dans l'admiration de son père, un riche patron d'industrie, et dans le respect d'une philosophie d'individualiste sûr de lui et misogyne au dernier degré. Te décrire son comportement sans te mettre devant le film te donnerait l'impression, fausse, qu'on est dans une parodie bouffonne de l'idéologie de l’alt-right et des incels : notre héros va séduire une femme en vantant la grosse taille de son pelvis - elle donnera des enfants en bonne santé - protéger l'honneur de sa sœur en faisant irruption dans un amphi d'université avec un fusil d'assaut et discourir tout au long du film sur sa nature de mâle alpha. Tout cela est malheureusement à prendre très au sérieux, ne serait-ce que parce que le film est arrivé troisième au box-office indien en 2023. C'est visible sur Netflix, à condition de paramétrer l'application/le site en anglais, cela dure 3h21 et c'est aussi un film d'action violent et très efficace. Je n'irai peut-être pas jusqu'à te le conseiller..
Et toi, qu’as-tu compoté cette semaine ?
Des bises
et peut-être à dimanche prochain !