#153
ANTE-SCRIPTUM :
Eh bien je dois dire que je n'attendais pas autant de dons de ta part ! Merci à toi d'avoir donné, vraiment, du fond du cœur. Et t'es bien gentil·le vu le bordel qu'était l'envoi de l'autre jour… Je me débats encore avec l'interface de Buttondown mais promis, ça va s'améliorer ! (Déjà là c'est mieux, non ?)
Je vais laisser la cagnotte ouverte un moment, vu que ça ne couvre pas encore ce que j'ai payé pour l'année d'hébergement sur Buttondown, mais je tâcherai de ne pas trop y faire référence !
Du dimanche 31 décembre 2023 au dimanche 7 janvier 2024,
J'ai lu :
Chatons & Dragons : le réveil du volcan - Le déballage des cadeaux de Noël fut l’occasion pour Madeleine de découvrir un nouveau tome des aventures de Mo, dont elle était devenue fan grâce à l’amie Lisa ; et pour moi de plonger un peu plus ma fille dans l’univers des récits interactifs afin de l’amener petit à petit vers le jeu de rôle (c’est un projet sur le très long terme). Ce 3e tome (on a sauté le deuxième sans faire exprès) se déroule sur une île volcanique où Mo passe ses vacances, ce qui explique peut-être son côté plus chill, davantage basé sur l’exploration que sur les défis (même s’il y en a quelques-uns) et doté d’une fin (à tiroirs) plus facile à atteindre que dans le premier tome. Ce n’est pas bien grave, car d’abord la lecture en est toujours aussi sympathique, et ensuite parce que ça veut dire qu’un parcours est bien loin d’épuiser tous les embranchements possibles : en consultant la carte en fin de volume, on s’est aperçus qu’il y avait des endroits entiers qu’on n’avait pas visités !
Wicked & Weird: the Amazing Tales of Buck 65 - J’avais un peu peur en attaquant ce bouquin semi-autobiographique de Richard Terfry alias Buck 65, dont je te cause (et n’ai pas fini de te causer) dans la section ci-dessous ; peur car je me souviens de l’accueil du bouquin quand il est sorti (en 2015) alors que Buck semblait parti pour une fin de carrière assez moisie et s’embourbait dans des choses plutôt glauques, entre accusations d’agression sexuelle et excuses mystérieuses sur Facebook. Sur Facebook, justement, cela faisait un gros bout de temps qu’il postait régulièrement des histoires plus abracadabrantes les unes que les autres (on peut encore les y lire, d’ailleurs) ; alors il a décidé d’en faire un bouquin, qui serait son autobiographie mais pleine de ces mensonges qui rendent la vie plus incroyable. Le problème, c’est que ce qui est rigolo à lire sur Facebook par petits bouts ne fait pas forcément un bon bouquin une fois compilé ; on commence par s’esbaudir des portraits de hillbillies lynchiens qui semblaient peupler l’enfance de Terfry, et puis ça devient un peu répétitif, et les deux autres parties du livre (qui parlent un tout petit peu de sa carrière musicale, et de ses années à Paris) commencent à tourner en rond (sans compter que, quand on connaît un peu la vie et la carrière de Terfry, ça fait froncer les sourcils de voir autant de déformations des faits). Si on ajoute à ça un intérêt bien trop poussé à parler de femmes incroyablement belles et mystérieuses qui lui tournent autour, et l’invention d’une arrestation par la police russe pour fausse accusation de viol, ça commence à vraiment sentir mauvais… Oui, Terfry avait tout un tas de bonnes raisons de disparaître des radars en 2015 (j’en reparlerai côté musique) et ce bouquin en fait clairement partie.
Velvet Generation - Oui, je continue de lire des jeux de rôle qui parlent d’être dans un groupe de musique ; oui, ils continuent un peu à me décevoir, n’apportant jamais exactement ce que je cherche, mais tant mieux, ça me conforte dans l’idée qu’il y a là une niche à explorer ! En l’occurrence, Velvet Generation est intéressant parce qu’il se situe à un croisement entre « incarner un groupe de rock » et « incarner un groupe de résistant·e·s à un système oppressif », hélas en n’explorant que trop peu, à mon goût, le croisement entre les deux. Il y a bien un système (bien trop mécanique) pour faire des concerts, gagner de la célébrité dont on peut ensuite se servir pour faire des actions militantes, mais ça manque un peu de supplément d’âme… Il y a des bonnes choses dans le jeu, hein, il est suffisamment gros pour ça, mais j’ai le sentiment que le mélange de tous ces ingrédients n’a pas donné une soupe assez goutte pour moi !
Bubblegum Wizards / Bubblegum Vampires - Je continue d’explorer les créations de Gormengeist en relisant Bubblegum Wizards, déjà mentionné par ici l’année dernière ; un jeu bien compact d’une vingtaine de pages dans lequel les personnages se meuvent dans une ville infinie, s’échappant de temps à autre de leur vie quotidienne pour mâcher du chewing-gum et botter des culs (et aussi capturer choses et gens dans des cartes à collectionner). BW est impeccable dans sa réalisation : règles claires et simples, système de magie original, univers à peine survolé mais avec quelques conseils utiles pour y mener des aventures… Et qui plus est, le jeu s’est plus récemment fendu d’un spin-off avec Bubblegum Vampires, qui prend l’une des forces antagonistes de BW (avec les cultistes et les détenteurs de pouvoirs psi) pour la rendre jouable ; avec un poil moins d’originalité mais toujours dans cet étrange univers urbain que je trouve très attirant. Vivement les 2 autres pour compléter la collection !
Gloom - Ça ne te surprendra pas d’apprendre que je garde l’œil sur les jeux qui utilisent le tarot comme mécanique, surtout quand, en plus de s’en servir comme d’un outil de résolution mécanique (ce que je fais largement avec Hex & the City) ils s’en servent également comme d’un outil de construction narrative (ce que je ne fais presque pas avec Hex & the City). Sur ce plan, Gloom, qui m’a beaucoup fait penser à la lecture à la vision fantasmée que j’ai du roman Ça, fonctionne bien, en proposant différentes manières d’étaler ses cartes de tarot pour créer les détails narratifs du jeu, ainsi qu’un petit guide d’interprétation des cartes qui ne fait jamais de mal. C’est, pour une fois, plutôt du côté mécanique que je trouve que ça pêche un peu, avec trop peu de chair à mon goût pour faire de Gloom autre chose qu’un petit truc expérimental, une curiosité de lecture ; c’est déjà pas mal, hein, mais avec un petit quelque chose supplémentaire, je suis convaincu qu’on tenait là un vrai bon jeu…
The Rock From the Sky - On avait découvert les livres de Jon Klassen l’année dernière avec l’excellent On a trouvé un chapeau ; ici, c’est encore une histoire rigolote de tortue avec un chapeau, mais pas que ! C’est aussi une histoire de rocher qui manque d’écraser des animaux, de projection dans le futur où des créatures à la HG Wells rôdent, et de héros ronchons qui s’en sortent grâce à de gros cailloux tombant mystérieusement du ciel. Bref, c’est très beau, totalement absurde et avec juste ce qu’il faut de noirceur cachée !
Christmas is Coming - Grant Howitt avait un peu arrêté avec les jeux en une page ces derniers temps, ce qui n’était à mon sens pas plus mal étant donné plusieurs de ses productions récentes, qui flirtaient un peu trop avec le gag permanent. Christmas is Coming renoue avec la qualité, mélangeant film de Noël et film de folk horror et proposant d’incarner des protagonistes coincés dans une petite ville où l’on fête Noël de façon bien trop parfaite pour être honnête. Le ton est parfaitement équilibré entre ridicule et flippant, les mécaniques sont simples tout en semblant fonctionner au poil, bref, c’est le retour d’Howitt en grande forme.
J'ai vu :
Pourquoi toutes les rockstars des 90’s ont créé des jeux étranges - C’est vrai ça, pourquoi David Bowie, Mickaël Jackson, Brian Eno, Björk, Radiohead, le Wu-Tang Clan, les Rolling Stones, les Residents et tant d’autres ont tellement tenu à faire faire un jeu vidéo autour de leur œuvre ? Qu’est-ce que le jeu vidéo avait de si fascinant pour tous ces gens dans les années 1990-2000 ? Cette vidéo, envoyée à moi par l’amie kF, tente de répondre à la question en examinant les jeux de tous ces artistes, dans ce qu’ils ont d’étrange, de brillant, de profond et parfois de totalement raté. Un panorama passionnant et des analyses fort pointues en même temps, davantage du côté vidéoludique que du côté musical, mais je n’ai franchement pas vu ces 2 heures passer !
Dream Scenario - Nicolas Cage est décidément revenu du bon côté de sa filmographie ces dernières années, avec de grandes réussites dont je t’ai déjà parlé ici et dont Dream Scenario fait partie. C’est un film qui oscille entre plusieurs genres (comédie cringe, horreur, voire même mélo par moments) sans jamais tout à fait se situer, mais sans jamais perdre pied non plus, puisque son genre principal est véritablement le weird, ce qui me va tout à fait. Cage est parfait en loser dépassé par les événements et si le film se permet quelques commentaires sociaux peu inspirés, il n’en fait jamais le centre de son propos, préférant explorer l’arc de ce personnage pathétique avec lequel on ne peut que sympathiser. Une grande réussite.
J’ai joué à :
Outer Wilds - Tu le sais car tu lis cette compote depuis longtemps, je suis fasciné par le concept des boucles temporelles depuis bien avant que ce soit cool, aussi étais-je méga hypé par Outer Wilds depuis des lustres, et ce encore plus depuis que les amies Guylène et Steve en avaient chanté les louanges. J’ai eu très peur d’un affreux malentendu pendant mes premières heures de jeu : l’exploration à la première personne, ce n’est pas mon mode favori, ni l’exploration spatiale d’ailleurs, et surtout j’étais complètement paumé, incapable de comprendre ce que je devais faire, et comment… Ajoute à ça mon sens pitoyable de l’orientation, encore pire que dans la vraie vie, et c’était mal parti. Je me suis pourtant accroché, et bien m’en a pris : à partir du moment où ça a fait « clic », c’était parti pour les montagnes russes. En réalité, Outer Wilds est un metroidvania où l’information est la seule chose qu’on acquiert : en cela, il n’est pas si différent d’un Toki Tori 2+ puisque, si on commence la partie avec la bonne information, on pourrait finir le jeu en 40 minutes à peine. Mais quel plaisir d’accumuler cette information sans trop savoir ce que tout ça veut dire, puis de relier les points pertinents entre eux (le jeu le fait très bien pour nous), et enfin de comprendre, petit à petit, non seulement ce qu’on fait là mais surtout où va la fin du jeu… Je ne peux pas dire grand chose sur celle-ci pour ne rien divulgâcher, mais disons que j’ai été un peu déçu par le changement de ton dans les dernières séquences, qui m’ont presque autant décontenancé qu’au début. Tout va bien, donc : mes amies ne s’étaient pas trompées, Outer Wilds fut un sacrée claque.
J’ai écouté :
Atlas Sound, Weekend EP - Franchement, y avait pire comme premier album de l’année lancé au hasard. J’ai toujours aimé les projets de Bradford Cox, d’abord avec Deerhunter (que je connais mal) puis avec Atlas Sound, projet solo autour d’une certaine forme de pop atmosphérique dont ces 3 pistes représentent un bon concentré du côté ambiant. C’est un EP comme un résumé d’un week-end tranquille, à prendre de la drogue et à chiller ; à déformer des sons et les étirer en vagues sonores, à écouter allongé sur le dos dans une pièce sombre ; trois ambiances, trois façons d’aller puiser des forces pour faire face à la nouvelle année.
Jerry Granelli & Stinkin’ Rich, Music Has Its Way With Me - Eh oui, j’avais dit que je te parlerais de Synesthesia de Buck 65, mais en fait je me suis planté dans la chronologie (la fin des années 90 étaient sacrément prolifiques pour Richard Terfry) et il faut d’abord que je te cause de cette totale étrangeté. C’est un album qui ne ressemble à aucun autre dans la discographie de Terfry, même dans les choses qu’il a faites en collaboration, qui s’éloignent parfois de son son habituel ; d’ailleurs, c’est un album qui n’a jamais été mis en avant, presque sorti en catimini, avec le pseudonyme de Stinkin’ Rich que Terfry n’utilisait déjà plus en 1999. En fait, c’est Jerry Granelli, batteur et percussionniste très connu, qui est l’auteur de l’album, Terry n’apparaissant qu’en featuring, et en tant que DJ (ce qui prouve à quel point Granelli méconnaissait l’univers hip-hop). Alors, plutôt que de se demander « pourquoi cet album » (la question n’aura sans doute pas de réponse), intéressons-nous à ce qu’on y entend : eh bien, après une longue introduction de type jazz mellow sur la première piste on entend Terfry faire du spoken word au bout de 3 minutes ; la 2e piste, entièrement instrumentale, mélange scratches, percussions et mélodies spatiales ; et tout le disque va être à l’avenant, avec un Terfry sur le siège arrière, se contentant d’ajouter une sorte de « sonorité hip-hop » (sans qu’on sache trop ce que ça veut dire) à des pistes créées plus ou moins sans lui. Ça n’en fait pas un disque de Buck 65 mais ça n’en fait pas un disque désagréable non plus : on a l’impression d’assister à une jam en direct, où ça part dans tous les sens mais toujours avec un jazz relativement éclaté tout en restant maîtrisé (et quelques écarts, comme par exemple “Heavy Metal” qui emprunte à je te laisse deviner quel genre). Une curiosité, donc, à réserver aux curieux·ses, qui n’a que peu de lien avec le reste de la discographie de Terfry, même si on y trouve une relecture du “Nibiru” des Sebutones !
L’arrière-queer de Milouch :
Les Engagés - Après vous avoir parlé de Féminin / Féminin, je me devais de vous parler d'une autre excellente série de studio 4 : Les Engagés. C'est une série en deux saisons autour d'un centre LGBT à Lyon et de Hicham, un jeune homme qui découvre son homosexualité et qui va intégrer l'association du centre. La réalisation y est lumineuse et super inspirée avec beaucoup de jeu de lumière et un travail de la musique vraiment bien exécuté. Le jeu des acteurs est parfois un peu bancal mais l'ensemble tourne très bien. Que ça soit les sujets abordés ou même la représentation de la vie d'un collectif (et son lot d'engueulades afférent), même 6 ans après, la série reste très actuelle et marquante. J'apprends d'ailleurs en tapant ces lignes qu'il existe une 3ème saison et j'espère pouvoir vous en parler dans une prochaine arrière queer !
ET TOI :
Steve : MyHouse.wad - « La Maison des Feuilles appartient à un type de littérature dit “ergodique”, de multiples récits sont cachés dans le récit principal » : cette phrase n'est pas issue de la thèse du docteur Martin brillamment soutenue dans les années 2010 mais d'un forum dédiée à la communauté du modding du jeu Doom (celui de 1993). Plus précisément des discussions autour de MyHouse.wad, un ensemble de niveaux pour Doom (un « mod ») notamment inspirés par la vidéo YouTube The Backrooms (Found footage) de Kane Pixels et par le roman ergodique La Maison des Feuilles de Mark Z. Danielewski et sa maison qui est bien plus qu'une maison. L'idée est de créer un vertige et un malaise horrifique en jouant sur la répétition et la découverte de variations terrifiantes d'un environnement familier. Le mod est accompagné d'un ensemble de photos et d'un journal (« De multiples récits sont cachés dans le répertoire d'installation du jeu »). Même si ces niveaux ont fait parler d'eux en dehors de la communauté des fans de Doom, il faut quand même dire qu'ils en reprennent les codes et la difficulté, à la fois dans ses combats et dans ses énigmes/l'exploration des environnements. En résulte une création terrifiante mais hermétique, une œuvre horrifique essentielle mais cachée.
Mass : Past Lives - nos vies d’avant - Le pitch : à 12 ans, Nora et Hae Sung sont amis d’enfance, amoureux platoniques. Les circonstances les séparent. À 20 ans, le hasard les reconnecte, pour un temps. À 30 ans, ils se retrouvent, adultes, confrontés à ce qu’ils auraient pu être, et à ce qu’ils pourraient devenir. Ma fille, qui est une spécialiste des dramas coréens, m’a emmené voir ce film, qui n’est pas coréen mais américain. J’imagine que la réalisatrice a voulu faire une sorte de biographie sur au moins une partie du film, celui de la séparation d’une jeune fille qui part dans un pays étranger, non pas la séparation des êtres mais celui de son pays. Toute cette partie-là est effleurée dans le film, Nora est nord-américaine mais reste quand même un peu coréenne. C’est la vie de tous ces immigrés de seconde génération, qui n’ont souvenir que de leur pays par leurs souvenirs d’enfances ou ceux de leurs parents. Ce schéma m’a parlé, je l’ai connu et même si je pense avoir essayé de m’en extraire, je ne suis pas sûr d'y être vraiment arrivé. On porte toujours en soi l’héritage du passé familial. Mais comme je le dis, dans ce film, cet aspect est effleuré de façon assez intelligente, par exemple la scène du passage à la douane est révélateur. On voit d’ailleurs très peu la famille de Nora, on se concentre sur un trio, qui ne sera pas amoureux. Parce que l’amour ne peut-être malheureusement dans notre société que normé dans le couple. Hae sung est amoureux de Nora, même si on nous le fait comprendre par des-sous entendus. Nora n’exprime pas ses sentiments mais j’ai trouvé qu’avec la réalisation nous comprenons qu’elle ressent un amour nostalgique pour Hae sung. Arthur quant à lui est un mari compréhensif qui comprend les sentiments mis en jeu. Mais chacun a sa vie et cela ne doit en rien affecter les êtres et les amours, c’est comme cela que je comprends la conclusion et le titre du film, pour cela il y a les autres vies, le concept bouddhiste. La vie nous a séparés, c’est le destin et rien ne peut changer cela. Dans une autre vie cela n’est peut-être pas le cas. Dans la forme, nous sommes dans ces films contemplatifs, faits de lenteurs et de contemplation. J’ai apprécié la réalisation du film. Celine Song a su rendre son film agréable à regarder et plein de poésie (ma fille a trouvé cette expérience remplie de beauté). Même si ce film n’est pas un de ces grands film à succès, il est un de ces films qui nous fait apprécier le cinéma. Un film à voir.
Cédric : Vampire humaniste cherche suicidaire consentant - Je maîtrise une chronique de Vampire se déroulant à New York depuis la rentrée, aussi quand j'ai vu qu'une réalisatrice québécoise venait de sortir un film de genre sur le thème, j'ai tout de suite été intéressé. L'action se déroule à Montréal où Sasha, une vampire adolescente, refuse de tuer des humains pour se nourrir. À un tel point que ses canines refusent de sortir, ce qui met sa famille en crise. Sa mère est obligée de chasser pour elle, Sasha se nourrit donc de pochette de sang comme une vulgaire 13e génération qui ne s'assume pas. Par chance, elle va croiser le chemin de Paul, un adolescent dépressif qui aspire au suicide. Je vous préviens tout de suite : c'est un petit film québécois réalisé pour 3 ou 4 millions de dollars, ne vous attendez pas à une super-production. L'image est belle, la déco relativement intemporelle, ce n'est clairement pas un film fauché, mais baissez vos attentes du point de vue visuel. Ensuite, ce n'est pas un film d'action, hein : on est clairement dans la tradition du film de coming of age : on a affaire à une adolescente qui est brusquement confrontée à la réalité adulte et à la nécessité de jouer avec des codes qu'elle méprise. Le vampirisme est une métaphore pour le végétarisme, c'est clairement un film qui s'amuse avec les codes du genre mais qui ne prétend pas raconter tant que ça une histoire de vampire. C'est un prétexte pour montrer les émois adolescents, l'exaspération face à la norme, la recherche perpétuelle d'une vie alternative... on s'en fout un peu de savoir si le monde vampirique esquissé est crédible. C'est une charmante comédie dramatique sur le mal-être. L'esthétique vampirique est délicieuse et entre en résonance avec les thèmes intimistes assez universels : devons-nous reproduire le modèle parental ? Et si tout ça n'était pas « juste une phase » ? Par contre, joie de la modernité, je n'ai aucune idée de la disponibilité du film en dehors du Québec. Il ne semble présent sur aucune plateforme traditionnelle légale, donc si les affres de l'adolescence montréalaise vous intéressent, vous allez devoir vous montrer débrouillard...
Et toi, qu’as-tu compoté cette semaine ?
Des bises
et peut-être à dimanche prochain !